Reste que ce refus néerlandais et l’enlisement bruxellois soulignent l’urgence qu’il y a à «changer d’Europe» et viennent conforter les formations patriotiques et/ou eurosceptiques actuellement au pouvoir en Hongrie, en Pologne, et apportent une dynamique supplémentaire aux campagnes des populistes souverainistes Français, Autrichiens Britanniques…
Une Europe bruxelloise, supranationale, liberticide, que François Hollande, dans un entretien accordé mercredi au quotidien allemand Bild, continue de défendre comme notre horizon indépassable. Dans le contexte actuel a-t-il dit, «la banalisation comme la diabolisation (de l’opposition nationale, des populistes-souverainistes-identitaires) sont les plus mauvaises réponses.» «Il faut dénoncer les fausses solutions et démonter les propositions fallacieuses, montrer que ce vote est contraire non seulement à nos valeurs mais à nos intérêts.» La tâche n’est pas aisée concède-t-il implicitement, en avouant que «l’on (le camp progressiste, NDLR) ne pourra gagner qu’en apportant des réponses aux peuples qui attendent de l’Union Européenne qu’elle les protège ». C’est bien là le problème, tant il est vrai que cette UE sous obédience mondialiste en est largement incapable.
C’est d’ailleurs une des raisons évidentes de la dégringolade du couple Hollande-Valls qui se poursuit dans les sondages. Hasard du calendrier, c’est concomitamment à la publication de la dernière enquête YouGov pour iTELE et le Huffington Post enregistrant seulement 13% d’opinions favorables pour le chef de l’Etat, qu’Emmanuel Macron a lancé officiellement son mouvement baptisé en Marche !
L’initiative de l’ancien cadre de la banque Rothschild n’ a pas fait que des heureux et certains n’ont pas hésité à évoquer, de manière assez incongrue, la vie privée, ou supposée telle, du ministre pour le discréditer. Canal plus n’a pas été en reste, à l’instar du par ailleurs très affable Nicolas Domenach qui a lâché, au détour de son rapide portrait de M. Macron, une petite phrase sur le positionnement, «libéral en économie, libéral en matière de mœurs» du ministre; le chroniqueur Ariel Wizman a évoqué pour sa part sur ce même plateau son côté «olé olé» lors d’un bref aparté avec sa voisine. Quelques heures plus tard, l’animateur du Petit Journal, l’inénarrable Yann Barthès, prenait des poses délicates pour imiter le ministre de l’Économie. Quelle finesse, quelle audace dans l’art de la diversion...
En réalité la tentative d’Emmanuel Macron de fédérer au sein d’un même parti sociaux-libéraux et autres euro-atlantistes également répartis au sein du PS, du marigot centriste ou chez LR n’a rien de neuve. Avec ici en toile de fond une volonté d’incarner la naissance de la deuxième gauche en prenant de vitesse Manuel Valls, d’anticiper le revers historique que certains prédisent au PS à la présidentielle et aux législatives de 2017. Le Figaro, analysant «la courte vidéo militante aux allures de clip de campagne» diffusée à l’occasion de l’annonce par le ministre de l’Économie de la création de son mouvement, voit dans celle-ci nombre de similitudes avec le clip de Sarkozy de 2006.
Intitulé «La France d’après», celui-ci «préparait la campagne du futur président, élu en mai 2007. Bien que les deux vidéos aient été réalisées à 10 ans d’intervalle, les ressemblances des images et des thèmes abordés sont frappantes.» Nous pouvons aussi voir dans son esthétique, ses visuels et son montage, canal plus et d’autres l’ont remarqué comme nous, de nombreuses ressemblances avec les clips électoraux du parti démocrate aux États-Unis par exemple, et là non plus ce n’est pas un hasard.
Accueillie avec une curiosité sympathique ou bienveillante dans la presse libérale de droite, avec circonspection ou hostilité par les progressistes de Libération et consorts, l’initiative de M. Macron ne fait que conforter ce que Marine, Bruno Gollnisch, les dirigeants le FN répètent depuis longtemps. A savoir que le vrai clivage est celui qui oppose d’un côté les partisans de l’effacement des identités, des souverainetés et des indépendances nationales et de l’autre ceux qui estiment que le maintien du cadre national, au sens large, est une condition nécessaire à la sécurité, à la prospérité, aux libertés de nos compatriotes.