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Le camp de la France debout

agoraJournaliste à l’Obs, Vincent Jauvert est l’auteur d’une enquête saignante sur le ministère des affaires étrangères, « La Face cachée du Quai d’Orsay » (Robert Laffont), livre paru récemment dont ses confrères se sont fait assez largement l’écho. Vols, malversations, fraudes diverses et variées et même affaires de pédophilie, tous délits à chaque fois étouffés ou sanctionnés a minima pour ne pas éclabousser l’institution.  Certains diplomates se conduiraient comme des voyous patentés, des hommes ayant perdu le sens moral et celui des réalités. Le Parisien s’est ainsi arrêté dans son compte-rendu  sur le cas de l’ami de Carla Bruni, de François Hollande  et du Tout-Paris socialiste, Bruno Delaye, ambassadeur de France à Madrid, soupçonné d’avoir détourné près de 90 000 euros en louant les 18 000 m² de l’ambassade de France qu’il occupe à Madrid à de grandes sociétés. M. Jauvert pointe aussi les  erreurs d’analyses, les coupes drastiques dans les budgets de fonctionnement, l’influence exorbitante, et que rien ne justifie,  de l’épouse de Laurent Fabius  sur les nominations,  au gré des jalousies de madame… Le livre évoque aussi, comme exemple des errements de notre diplomatie, l’invitation par  notre ambassadeur à Damas, Eric Chevallier, à l’occasion du 14 juillet, des hautes personnalités du régime, quelques mois seulement avant le début des troubles. Mais le diplomate français savait-il que MM. Sarkozy  et Juppé, comme plus tard MM. Hollande et Fabius se seraient finalement résolus  à semer le chaos en participant aux menées pour  abattre Bachar el-Assad? Qui pouvait prévoir qu’un jour un ministre des Affaires étrangères français oserait déclarer que les égorgeurs, les assassins , les tortionnaires, les miliciens  d’al Nosra font  « du bon boulot »?

Une Syrie devenue un des foyers du djihadisme frappant en Europe,   mais  qui repart à la conquête de ses  territoires  occupés   depuis l’entrée  en lice de la Russie à ses côtés. Alep, plus grosse ville du pays,  fief des brigades internationalistes islamistes, serait possiblement en passe d’être libérée.  Après la perte de Palmyre par l’Etat islamique, les terroristes de cette obédience ont abandonné   la localité d Al-Raï,sur la frontière avec la Turquie (province d’Alep) et  près d’une vingtaine de villages  dans le même secteur détenus par eux depuis deux ans. Mauvaises nouvelles pour l’EI que cette organisation tente de masquer en multipliant  les attentats à Bagdad et en cherchant de  nouveau à frapper « les croisés »  en Europe.

Le dossier trouvé dans l’ordinateur de Mohamed Abrini  arrêté ces derniers  jours,  l’homme qui accompagnait les deux terroristes qui se sont fait sauter à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem fait état  de projets d’attaques contre le  quartier d’affaires de La Défense. Était visée  aussi  une  « association catholique », la cible étant , selon Céline Martelet sur RMC, le mouvement  Civitas  présidé par Alain Escada. 

Les autorités craignent aussi, c’est du moins un message envoyé aux manifestants, pour la sécurité des opposants de gauche à la politique gouvernementale, aux indignés qui se rassemblent  dans les opérations « Nuit Debout » Place de la République, à Paris, et dans quelques  villes françaises. Dans l’Obs,  le politologue Eddy Fougier explique que « pour un mouvement comme celui-ci prenne, il faut un déclencheur – ce fut la loi El Khomri – et un terrain. Derrière cette mobilisation se trouve une volonté de prendre la parole, d’investir physiquement le débat politique. Nuit Debout s’inscrit dans une tendance globale de critique de la démocratie représentative.De façon plus concrète, il y a une frustration qui remonte à l’après-13 novembre. A cause de l‘état d’urgence, les Français n’ont pas pu se réunir comme après les attentats de janvier. Ils n’ont pas non plus eu le loisir de se rassembler massivement à l’occasion de la COP 21. Enfin, après le choc politique du score du FN au premier tour des élections régionales, les citoyens n’ont pas pu manifester de manière spontanée, comme cela avait été le cas entre les deux tours de la présidentielle de 2002. L’engouement des Français pour Nuit Debout puise dans ces frustrations. »

M. Fougier  ne veut pas voir  que les citoyens de gauche  auraient  pu « manifester de manière spontanée » contre  le FN de la manière la plus simple, à savoir en votant pour les candidats de la gauche anti FN et non pas en contestant dans la rue le résultat des urnes.  A la vérité cette gauche là ne pèse plus grand chose. Le Salon Beige le relevait très justement,  « Nuit debout », est une « pâle copie des courageux et endurants Veilleurs et Sentinelles« , citant  l’analyse d’Ivan Rioufol sur les  rassemblements Place de la République relayés abondamment par la classe journalistique gauchisante.

« La gauche subclaquante envoie ses derniers feux artificiels » écrit M. Rioufol. « Le paradoxe est de la voir envahir l’espace politique et médiatique à mesure de son essoufflement. Tout sonne creux dans la mise en scène de sa prétendue renaissance, qui tente de masquer son naufrage. Le barnum est soutenu à bout de bras par les médias énamourés qui feignent de croire en l’immortalité du camp du Bien, sans comprendre qu’il expire sous le poids de ses propres mensonges. Les bourgeois progressistes, que moquaient déjà Marcel Aymé dans Travelingue, persistent eux aussi à chercher l’audace et inventivité chez ceux qui les méprisent. »

Plutôt bien vu, d’autant que la dynamique populaire et le soutien de la jeunesse se portent  incontestablement vers  l’opposition nationale. Teleobs le  constate à l’occasion d’un long  article sur les les sodats FN du Web, internet mesurant bien  mieux que des médias sous contrôle, la popularité d’un courant politique. « La marginalisation lui  a donné (au FN, NDLR) un avantage compétitif, un net temps d’avance dans la stratégie d’occupation numérique. Les réseaux sociaux le font passer dans une autre dimension, lui permettent de mobiliser les militants, de démultiplier ses messages, de banaliser ses idées. Ils constituent même la pièce maîtresse de la campagne pour 2017. »

« Le 22 mars, Albéric Guigou, président de Réputation Squad, agence de communication digitale, n’en revient pas : Marine Le Pen représente en ce moment une part dominante des conversations sur internet, mieux que certains présidentiables de très grands partis, alors qu’elle fait une diète médiatique et que son parti n’a aucune actualité particulière. Il poursuit :Le FN a un capital d’attention qui lui permet d’occuper le temps d’esprit disponible des Français naviguant sur les réseaux sociaux. Ce sera d’autant plus payant que l’influence des médias traditionnels diminue, notamment auprès des jeunes.« 

Dans ce face à face, constate Bruno Gollnisch, qui oppose le camp de la France debout, celle de l’éternelle modernité  patriotique, souverainiste d’un côté, et de l’autre les frileux  partisans de l’idéologie du renoncement à la grandeur , de la dilution dans le  grand tout euromondialiste,   quelle place reste-t-il pour une droite écartelée dans des directions contraires, sans boussole?  France Info relayait les craintes de « l’un des cadres dirigeants des Républicains. Ce député craint carrément l’implosion de son parti en cas de défaite en 2017 et la fuite d’une bonne partie de ses électeurs au FN. Son hypothèse c’est un second tour PS/FN avec une victoire du candidat socialiste mais sans le score faramineux de Jacques Chirac en 2002 parce que les électeurs de droite s’éparpilleront entre abstention, vote PS et vote FN. Et chez nous – craint ce haut responsable Les Républicains – certains appelleront au rassemblement des droites (..). « Le bloc qui a vocation à imploser, explique un dirigeant frontiste, c’est la droite. » Ainsi soit-il.

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