Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

« Plus jamais ça », bis repetita

la-liberte-guidant-le-peuple-gros-planIl ne se trouve certainement pas un Français sur cent capable de donner les éventuelles  différences de programme politique entre ces incarnations du déclin, du  marigot socialo-libéral européiste que sont un  Manuel Valls, une NKM, un Alain Juppé, un François Bayrou, un Bruno Lemaire ou  un Emmanuel Macron.  Le ministre de l’Economie, à qui Jacques Attali promet un destin élyséen depuis des mois,   a rejoint le maire de Bordeaux dans la catégorie des chevaux sur lesquels l’oligarchie entend miser  pour obtenir un bon retour sur investissement  dans la  course présidentielle en 2017, voire en 2022…. Un statut qui semble en tout cas se confirmer dans les sondages. Comme M. Juppé à droite, M. Macron vire en tête à  gauche. Selon l’enquête  de l’institut  Viavoice publiée jeudi dans Libération,  à la question « pour 2017, chacune des personnalités (de gauche) suivantes serait-elle d’après vous un bon président ? », Emmanuel Macron recueille l’avis favorable de  38% des sondés, devant Manuel Valls (28%), Martine Aubry (21%), François Hollande (11%). Chez les sympathisants de gauche (pour la première fois)   il devance  Martine Aubry (15% contre 14% pour la maire de Lille), Jean-Luc Mélenchon (12%),  Manuel Valls (10%), le président de la république (7%). « Il y a indéniablement un phénomène Macron qui fonctionne aujourd’hui en grande partie sur le rejet de l’offre politique existante », analyse François Miquet-Marty, directeur de l’institut Viavoice dans Libération.

Dans un éditorial paru dans Libération mardi, Alain Duhamel s’en félicite  et pointe au nombre des  « six nouveautés, six inconnues » qu’il analyse pour l’élection présidentielle de  2017 , « l’apparition d’une nouvelle génération »,   » avec Manuel Valls, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, François Baroin, Emmanuel Macron. Ce n’est pas un mirage mais une promesse » (sic). «  Emmanuel Macron, c’est une start-up prometteuse et enviée, au beau milieu du CAC 40 politique.« 

Au nombre des autres nouveautés et inconnues il cite encore « Alain Juppé,  » aujourd’hui le grand favori de l’élection présidentielle. Cela n’a rien de surprenant puisqu’il possède le profil le plus classique pour cette position avantageuse : modération, fermeté, expérience, rassemblement ». Mais aussi la candidature de Jean-Luc Mélenchon, «  pour la première fois depuis 1920, le PCF a un chef qui ne sort pas de ses rangs » (n’était-ce pas déjà le cas en 2012?!);  le fait qu’ « il n’est pas sûr que le président sortant, achevant son premier quinquennat, se représentera au suffrage des Français pour solliciter un second mandat »; la candidature de Nicolas Sarkozy puisque « jamais jusqu’à présent un ancien président défait ne s’était lancé dans la reconquête du pouvoir ».

Bien sûr, M. Duhamel n’omet pas d’évoquer une  autre nouveauté, « sinistre et menaçante » (sic),  qui  « constitue déjà une quasi-certitude : Marine Le Pen sera candidate et se qualifiera aisément pour le second tour de l’élection présidentielle. Il ne s’agirait pas, comme pour son père en 2002, d’une monstrueuse surprise -à laquelle contribua dans son rôle de  directeur de campagne  Bruno Gollnisch, NDLR- mais d’un événement prévisible. Après plus de quarante ans de crises, de déceptions et d’épreuves, plus du quart des Français se tournent vers le nationalisme et la démagogie populiste. Marine Le Pen en est le très professionnel visage. »  Retournons le compliment à M. Duhamel qui  est aussi dans son genre particulier, un « très professionnel visage » de la pensée unique.

Un 21 avril 2002, dont l’anniversaire a été rappelé par un certain nombre de journaux, mis en perspective avec la montée en puissance du FN ces dernières années . D’un comique certainement involontaire, Noémie Rousseau  donne dans ce même quotidien la parole à toute une série de cocu(e)s désillusionné(e)s  du « plus jamais ça« ,  des défilés anti Le Pen de l’entre deux tours de la présidentielle il y a 14 ans. Une accumulation de clichés,  de poncifs, de bêtises,  et de naïvetés parfois, énoncés par   des anciens ou nouveaux électeurs des Chirac , Hollande, Besancenot  et  Estrosi « pour faire barrage à la Bête »,  qui ne manquent pas de faire (sou)rire.

Olivier  Faye dans  Le Monde s’arrête lui aussi sur le coup de tonnerre politique du 21 avril 2002 et sa répétition probable en 2017. Il  cite Florian Philippot : « Rassembler pour le second tour, c’est un enjeu nouveau par rapport à la présidentielle de 2012. Depuis le lendemain des régionales, nous travaillons à diminuer les craintes des électeurs. » « Selon l’analyse des dirigeants frontistes, une victoire d’Alain Juppé pourrait pousser la frange la plus conservatrice de la droite à les rejoindre. Idem en cas de victoire de la gauche, à l’issue de laquelle le FN fait le pari d’un éclatement des Républicains. L’ombre du 21 avril risque de planer sur le paysage politique français pendant encore de longs mois. »

Maurice Szafran, dans un édito publié hier dans  Challenges, met comme d’autres  tous ses espoirs dans une victoire d’Alain Juppé, alors que « de nombreux commentateurs expliquent par exemple que le phénomène Juppé va inéluctablement s’essouffler, puis se dégonfler. Rien de moins sûr, mais les augures semblent ne pas supporter la solidité granitique du maire de Bordeaux. Aucun d’entre eux, en revanche, n’ose émettre sur le compte de Marine Le Pen pareille certitude, au contraire: rien ni personne ne le fera reculer au premier tour de la présidentielle. Désormais il va de soi au sein de l’opinion publique qu’elle disputera la finale présidentielle. Ce consensus, il faut le reconnaître sans le moindre détour, c’est un premier et gigantesque succès politique pour le chef de l’extrême droite. »

M. Szafran veut croire pour autant que cette marche en  avant de l’opposition nationale n’a rien d’inéluctable. Il cite à l’appui de son vœu l’étude d’opinion Odoxa, dont nous nous faisions l’écho mercredi.  » Le FN n’est certes toujours pas un parti de pouvoir et de gouvernement » affirme-t-il mais « il n’en est pas moins un grand parti, aussi influent sur la société française, sinon plus, que Les Républicains ou le PS. Il est loin le temps où Jean-Marie Le Pen dirigeait un groupuscule fascisant »… (sic).

Groupuscule fascisant? Une facilité de langage, pour rester poli,  pas très intelligente, l’éditorialiste de Challenges étant bien placé pour  savoir que le FN a toujours parfaitement  respecté les institutions,   les règles du combat électoral et républicain. Un Front National  qui n’a jamais  constitué  une « menace fasciste »,  comme a fini par l’avouer Lionel Jospin dix ans après sa défaite.  Et qui a su imposer depuis sa percée électorale au début des  années 80, constate Bruno Gollnisch,   des thèmes et des idées, devenus majoritaires dans l’opinion, notamment ceux de la préférence nationale (ce sondage Odoxa le confirme),  de l‘euroscepticisme, de l’arrêt de l’immigration massive, de la défense des valeurs traditionnelles…

Alors, et et cette enquête Odoxa le souligne pareillement, Marine parait-il,  « inquiète ».  Peut-être…mais fait-elle plus peur aux Français que la démagogie, les mensonges, les mains molles de ses adversaires, le  déclin économique, le déclassement, la  paupérisation/tiers-mondisation de notre pays, la montée continue des menaces islamo-terroristes  sur fond de submersion migratoire?  Nos compatriotes ont bien compris qu’il faudra du courage, de la volonté, une  capacité à trancher pour remettre la France sur les bons rails.  Or, à l’ aune de ces qualités indispensables pour un chef d’État,  la présidente du FN séduit une large majorité de Français qui la trouve  » dynamique » (61%) et  « déterminée »  (81%).

Enfin,  rappelons que le bon bilan de la gestion municipale FN  peut être un argument puissant pour convaincre de nos capacités à gouverner. Le  sondage Ifop pour i-Télé, Sud Radio et Paris Match publié en mars 2015, indiquait que 73% des personnes qui résident dans des communes administrées par le FN se disaient « satisfaites » de leur maire, mettant  en avant « l’autorité » (82%), « le dynamisme » (81%) et « la compétence » (76%) des élus frontistes,  leur capacité à « tenir leurs engagements » (71%).

C’est une évidence, le FN à l’aube de cette présidentielle, engage la bataille avec des handicaps mais aussi avec des atouts sérieux.  Et d’ici un an,  sans  même préjuger de l’intensité et de  la qualité de la campagne qui sera menée par Marine et ses soutiens de l’opposition nationale,  bien des évènements sont susceptibles de précipiter le cours des choses et d’accélérer notre arrivée au pouvoir.

 

 

Quitter la version mobile