C’est le cas de l’élue travailliste britannique Gisela Stuart, la coprésidente de la campagne officielle Vote Leave en faveur de la sortie de l’UE (Brexit). Dans une lettre envoyée au ministre britannique de l’Intérieur Theresa May, Mme Stuart demande au gouvernement conservateur d’interdire l’entrée du territoire du Royaume-Uni à la présidente du FN (qui pourrait s’y rendre en mai) , du fait de « ses opinions extrémistes », de « (ses) propos clivants et incendiaires, notamment en comparant les musulmans priant dans la rue à l’occupation nazie en France(…). La présence de Madame Le Pen au Royaume-Uni ne contribuerait pas à l’intérêt général « …Contrairement à la poursuite de l’immigration non européenne défendue par Mme Stuart?
Fort heureusement, cette forme d’hémiplégie intellectuelle qui frappe la gauche antieuropéenne est assez minoritaire et les peuples soucieux de leurs libertés, de leur prospérité rejettent aussi l’immigration massive. C’est une des raisons du succès spectaculaire de l’ ingénieur aéronautique Norbert Höfer, 45 ans, candidat de la droite nationale autrichienne, le FPÖ, au premier tour de l’élection présidentielle ce dimanche. Il est arrivé en tête avec 36,4% des voix, laminant les têtes de gondole des deux partis, peu ou prou interchangeables, qui se partagent le pouvoir en Autriche depuis 70 ans: le candidat social-démocrate Rudolf Hundstorfer (SPÖ) et le conservateur Andreas Khol (ÖVP). Ces deux derniers n’ont totalisé que 11,2% des voix chacun. Si M. Höfer a apporté à son parti son meilleur score à une élection nationale depuis sa création, l’autre surprise de ce scrutin est la personnalité qu’il devance très fortement dans les urnes mais qu’il affrontera au second tour le 22 mai, un écologiste de 72 ans, l’économiste Alexander Van der Bellen (20,4%).
En Autriche comme ailleurs, les médias, les figures de l’Europe de Bruxelles ont gémi, parlé de coup de tonnerre, de tsunami, de catastrophe populiste, de danger d’extrême droite. Les Autrichiens ont tenu tout simplement à siffler la fin de la partie pour les vieilles formations politiques aux mains molles dont ils sont lassés, leur ras-le-bol de cette impuissance affichée face à la montée du chômage, leur refus de l’invasion migratoire, des diktats européistes. Beaucoup ont rappelé qu’en 2000, l’entrée du FPÖ , alors dirigé par Jorg Haider, au gouvernement comme partenaire de l’ÖVP présidé à l’époque par Wolfgang Schüssel, avait valu à l’Autriche des mesures de rétorsion de la part de l’UE. Mais les commissaires politiques du soviet bruxellois oseraient-ils aujourd’hui réitérer la manœuvre? Bruno Gollnisch n’est pas seul à penser que cela s’avérerait difficile dans le climat actuel…
Selon Jean-Yves Camus, spécialiste es extrême droite, cité sur le site de France info, « ce vote massif pro-FPÖ », notamment « le vote des jeunes Autrichiens, très nombreux à avoir choisi le candidat du FPÖ », « répond à une volonté des électeurs de choisir leur président en dehors du système politique, quelque chose qui émerge partout en Europe. En France c’est sans doute moins facile qu’ailleurs par ce que la désignation est encore très prisonnière du système des partis. La charge d’ostracisation qui frappe encore le FN est moins forte en Autriche. Et le vote autrichien n’est pas prioritairement anti-européen, c’est un vote de contestation globale d’un système politique dont l’immobilisme est absolument terrible« . En cela, et M. Camus le sait parfaitement, ce vote autrichien s’assimile bien au vote FN, dont le moteur premier n’est pas, lui non plus, la problématique européenne même si elle est une thématique importante, structurante.
La journaliste Christelle Bertrand, sur le site Atlantico, affirme que cette présidentielle autrichienne, « résonne comme l’avant-première d’une pièce qui pourrait se jouer en France en mai 2017″, même si les Autrichiens devaient « choisir un président qui a peu de pouvoir par rapport au Chef de l’Etat Français, d’où des choix peut-être plus hasardeux, en tout cas plus originaux » (sic). Pour autant, « les élus français » « observent, sondage après sondage, le maintien de Marine Le Pen en tête du premier tour de 2017 » et « constatent, au fil des mêmes enquêtes d’opinion, que leurs électeurs ne veulent plus des candidats issus des partis traditionnels et refusent un duel Hollande/Sarkozy. Mais jusqu’à présent, les responsables politiques se rassuraient en imaginant qu’au dernier moment, seuls dans l’isoloir, les Français opteraient finalement pour la sécurité, le déjà vu. L’exemple autrichien prouve aujourd’hui le contraire et laisse entrevoir l’esquisse d’un grand chamboulement dont les sondages donnent une petite idée. »
Un grand chamboulement nécessaire auquel chacun peut contribuer en luttant, auprès de son entourage, contre la désinformation, la propagande anxiogène véhiculée par les « grands médias »; les relais d’une pensée unique responsable de l’affaissement de la France et de notre Europe des patries libres.