Ce « succès incontestable pour le FPÖ » (…) fait passer un frisson d’angoisse dans l’Union européenne » ( comprendre au sein de l’oligarchie et de la technostructure bruxelloise, ce qui n’est pas la même chose ! , NDLR) , « où les partis populistes de droite ont le vent en poupe » souligne Daniel Vernet. Il voit se profiler l’obligation pour les partis du Système de transiger, de composer encore plus avant avec ce qui est désormais, de manière incontestable, la première force politique autrichienne, laquelle bénéficie qui plus est d’un très large soutien de la jeunesse.
Bref si « l‘Autriche a connu son 21-Avril » (lors du premier tour de la présidentielle), « tout laisse à penser que la mobilisation générale contre l’extrême droite qui avait permis à Jacques Chirac, quinze jours plus tard, le 5 mai, d’écraser Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002 ne se reproduira pas à Vienne (…). Tout se passe comme si, avec ses 35% de voix, le FPÖ représentait la pensée dominante d’une majorité silencieuse qui, quand elle s’exprime, soutient les thèses populistes. Les sociaux-démocrates , en toute hypothèse, pourraient ainsi être amenés à codiriger le pays avec les nationaux (qui devraient de nouveau triompher aux législatives), comme c’est déjà le cas dans « la région du Burgenland actuellement dirigée par une coalition entre le SPÖ et le FPÖ. En 2000, une telle alliance avait déclenché les foudres de l’Union européenne, qui avait décidé un boycottage de l’Autriche. » Mais ça c’était avant…Une attitude d’ostracisme antidémocratique, notions-nous il y a un mois sur ce blogue, que les pontes bruxellois, acculés par la réveil des peuples de notre continent, n’oseraient plus affirmer aussi franchement, car ils n’en ont plus les moyens…
Sur le site Polemia, en octobre dernier, à l’occasion des élections municipales à Vienne, marquées par une forte poussée populiste, Vincent lefebvre s’appliquait à tirer des enseignements pour notre pays de cette assomption de la droite nationale . Le bouleversement de la carte politique, du rapport des forces y sont comparables sous certains aspects à ce que l’on voit en Autriche. Le FN est lui aussi, de fait, le premier parti en nombre de voix face aux coalitions, diverses et variées, pour freiner sa marche vers le pouvoir .
Certes, écrivait avec raison M. Lefebvre, « deux différences majeures semblent opposer France et Autriche en matière politique, qui n’ont qu’une même origine : le mode de scrutin en Autriche (exception faite de la présidentielle, NDLR) est toujours à un tour, et laisse une place majeure à la proportionnelle, tout à l’inverse de la France. La conséquence est double (et là résident les deux différences) : il n’y a traditionnellement pas de bipolarisme politique, et les coalitions gouvernementales sont la règle. On a souvent pris le contre-exemple de l’Autriche pour expliquer qu’en France aucune place n’existait pour le Front National, troisième voie impossible, en raison du mode de scrutin majoritaire à deux tours. La deuxième différence (les coalitions) n’empêche pas non plus une convergence austro-française : dans les deux pays, la collusion entre les partis traditionnels de la droite et de la gauche est un sentiment populaire répandu. »
« On remarque, par ailleurs, empiriquement que le mode de scrutin n’influe que peu sur le vote. Ou plutôt l’obstacle que représente un mode de scrutin est davantage un frein pour de bons scores mais, une fois le frein usé, les résultats des patriotes sont en roue libre et peuvent grimper, grimper, jusqu’à évincer la droite classique (…). De même en France, le scrutin majoritaire pourrait bien se retourner finalement contre la droite classique, une fois que le Front National aura atteint un seuil de non-retour, et que Les Républicains auront fini de montrer au grand jour leurs contradictions internes.«
La campagne présidentielle française, précédée de primaires « à droite » qui s’annoncent sanglantes, ne manquera pas de révéler au grand jour lesdites contradictions, dans tous les domaines. M Vernet, cité plus haut, notait il y a quelques mois déjà, les failles existant au sein des Républicains dans le domaine de la politique étrangère, entre les atlantistes fanatiques d’un côté et, de l’autre, les partisans d’un rapprochement avec la Russie, à l’aune du conflit syrien notamment. « Lors du voyage de novembre 2015 à Damas, Nicolas Sarkozy avait qualifié Thierry Mariani et sa suite de gugusses. Une fraction des élus et personnalités de LR « s’opposent à toute une école de diplomates et de chercheurs qui avaient placé leurs espoirs dans les printemps arabes et avaient vu dans les manifestations des opposants en Syrie la promesse de la chute prochaine de la dictature baasiste. Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, puis François Hollande et Laurent Fabius à partir de 2012, ont tous misé sur le départ du pouvoir de Bachar el-Assad (…). Les critiques de cette politique (…) regrettent (aussi) les sanctions imposées à la Russie après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine. Soutenus à droite par François Fillon, ils voient en Vladimir Poutine un allié contre le terrorisme et contre l’État islamique. »
Au-delà des déterminantes problématiques géopolitiques (qui pèsent peu en France, on peut le regretter, sur les choix des électeurs), mais aussi sociales, économiques, européennes, autrement plus prégnantes dans le débat, la question identitaire, migratoire, sera centrale en 2017 affirme Bruno Gollnisch. Elle est aussi une ligne de fracture, au sein de la droite libérale. Nicolas Sarkozy s’escrime pour sa part, face à Alain Juppé, à convaincre les Français , comme en 2007 et lors de sa campagne de 2012, que cette fois, enfin, il a compris, il prendra en compte leurs aspirations dans ce domaine. Qui peut encore le croire?
Peut être pas le collectif «NouS les jeunes», sachant que l’attachement à l’identité française est aussi affaire de symbole. Les médias rapportent ainsi que « la branche jeunesse des partisans de Nicolas Sarkozy » qui organise son lancement le 28 mai à Paris , a envoyé un SMS aux adhérents de LR pour participer à ce raout les invitant à à « s’enjailler« . Les ploucs et autres provinciaux que nous sommes se sont donc saisis du nouveau Petit Robert pour y apprendre que ce terme est tiré de de l‘argot ivoirien, et qu’il signifie « faire la fête », « séduire… » Quelle bravitude dans la branchitude chez Nicolas, candidat de la France d’après…