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Un grand « frisson » libérateur

Urne de voteAncien directeur de la rédaction du Monde, Daniel Vernet a publié un article sur le site de MM. Colombani et Attali, Slate.fr,  consacré au succès rencontré par le candidat de la droite  nationale autrichienne, Norbert Hofer du FPÖ,  lors du premier  tour de la  présidentielle le 24 avril. Avec  35% des suffrages il fait la course en tête,    loin  devant le candidat des Verts, Alexander Van der Bellen (21%).  « Les grands partis traditionnels, social-démocrate (SPÖ) et conservateur (ÖVP) qui se partagent le pouvoir depuis 1945, se sont effondrés. » A l’approche du second tour, le 22 mai, M. Vernet pointe l’impuissance des partis établis a endiguer la progression du populisme  national en Autriche. « La crise des réfugiés a donné un élan inattendu au FPÖ. L’Autriche a accueilli 90.000 réfugiés en 2015, pour une population d’un peu plus de 8 millions » indique t-il . « Mais elle en a vu passer plusieurs centaines de milliers en route vers l’Allemagne, en raison de la culture de l’accueil prônée par Angela Merkel. Dans un premier temps, le chancelier autrichien, Werner Faymann (SPÖ), qui a démissionné le 9 mai 2016, a adopté la même politique que sa collègue allemande. Puis il a opéré un virage à 180 degrés » (« quotas de  réfugiés », « fermeture des frontières », « réunion des États d’Europe centrale et des Balkans sans en référer à Bruxelles »), calquant son attitude sur celle du Hongrois Viktor Orban. » Ce raidissement, sous la pression du peuple autrichien dont le FPÖ  est  le porte-parole et le haut-parleur,  loin de marginaliser les nationaux  autrichiens,  n’a fait que légitimer  leur discours constate-t-il encore, selon l’adage bien connu qui veut  que l’original soit préféré à la pâle copie.

Ce « succès incontestable pour le FPÖ » (…)  fait passer un frisson d’angoisse dans l’Union européenne » ( comprendre au sein de l’oligarchie et de la technostructure bruxelloise, ce qui n’est pas la même chose ! , NDLR) , « où les partis populistes de droite ont le vent en poupe » souligne Daniel Vernet. Il voit se profiler l’obligation pour les partis du Système de transiger, de composer encore plus avant avec  ce qui est désormais,  de manière incontestable, la première force politique autrichienne, laquelle bénéficie qui plus est d’un très large soutien de la jeunesse.

Bref si  « l‘Autriche a connu son 21-Avril »  (lors du premier tour de la présidentielle), « tout laisse à penser que la mobilisation générale contre l’extrême droite qui avait permis à Jacques Chirac, quinze jours plus tard, le 5 mai, d’écraser Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002 ne se reproduira pas à Vienne (…).  Tout se passe comme si, avec ses 35% de voix, le FPÖ représentait la pensée dominante d’une majorité silencieuse qui, quand elle s’exprime, soutient les thèses populistes.  Les sociaux-démocrates , en toute hypothèse, pourraient ainsi être amenés  à codiriger le pays avec les nationaux (qui devraient  de nouveau triompher aux législatives), comme c’est déjà  le cas  dans « la région du Burgenland actuellement dirigée par une coalition entre le SPÖ et le FPÖ. En 2000, une telle alliance avait déclenché les foudres de l’Union européenne, qui avait décidé un boycottage de l’Autriche. » Mais ça c’était avant…Une attitude d’ostracisme antidémocratique, notions-nous il y a un mois sur ce blogue,  que les pontes bruxellois, acculés par la réveil des  peuples de notre continent, n’oseraient plus affirmer aussi franchement,  car ils n’en ont plus les moyens…

Sur le site Polemia, en octobre dernier, à l’occasion des élections municipales à Vienne, marquées par une  forte poussée populiste,  Vincent lefebvre s’appliquait à tirer des enseignements pour notre pays de cette assomption de la droite nationale .  Le bouleversement de la carte politique, du rapport des forces  y sont comparables sous certains aspects à ce que l’on voit en Autriche.   Le FN est lui aussi, de fait, le premier parti en nombre de voix face aux coalitions, diverses et variées,  pour freiner sa marche vers le pouvoir .

Certes, écrivait avec raison  M. Lefebvre, « deux différences majeures semblent opposer France et Autriche en matière politique, qui n’ont qu’une même origine : le mode de scrutin en Autriche (exception faite de la présidentielle, NDLR)  est toujours à un tour, et laisse une place majeure à la proportionnelle, tout à l’inverse de la France. La conséquence est double (et là résident les deux différences) : il n’y a traditionnellement pas de bipolarisme politique, et les coalitions gouvernementales sont la règle. On a souvent pris le contre-exemple de l’Autriche pour expliquer qu’en France aucune place n’existait pour le Front National, troisième voie impossible, en raison du mode de scrutin majoritaire à deux tours. La deuxième différence (les coalitions) n’empêche pas non plus une convergence austro-française : dans les deux pays, la collusion entre les partis traditionnels de la droite et de la gauche est un sentiment populaire répandu. »

« On remarque, par ailleurs, empiriquement que le mode de scrutin n’influe que peu sur le vote. Ou plutôt l’obstacle que représente un mode de scrutin est davantage un frein pour de bons scores mais, une fois le frein usé, les résultats des patriotes sont en roue libre et peuvent grimper, grimper, jusqu’à évincer la droite classique (…). De même en France, le scrutin majoritaire pourrait bien se retourner finalement contre la droite classique, une fois que le Front National aura atteint un seuil de non-retour, et que Les Républicains auront fini de montrer au grand jour leurs contradictions internes.« 

La  campagne présidentielle française, précédée de primaires « à droite »  qui s’annoncent sanglantes, ne manquera pas de révéler au grand jour lesdites contradictions, dans tous les domaines. M Vernet, cité plus haut, notait il y a quelques mois déjà, les  failles existant au sein des Républicains dans le domaine de la politique étrangère,  entre les atlantistes fanatiques d’un côté et, de l’autre,  les partisans d’un rapprochement avec la Russie,  à l’aune du conflit syrien notamment. « Lors du voyage de novembre 2015 à Damas, Nicolas Sarkozy avait qualifié Thierry Mariani et sa suite de gugusses.  Une fraction des élus  et personnalités de LR  « s’opposent à toute une école de diplomates et de chercheurs qui avaient placé leurs espoirs dans les printemps arabes et avaient vu dans les manifestations des opposants en Syrie la promesse de la chute prochaine de la dictature baasiste. Nicolas Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, puis François Hollande et Laurent Fabius à partir de 2012, ont tous misé sur le départ du pouvoir de Bachar el-Assad (…). Les critiques de cette politique (…) regrettent (aussi) les sanctions imposées à la Russie après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine. Soutenus à droite par François Fillon, ils voient en Vladimir Poutine un allié contre le terrorisme et contre l’État islamique. »

Au-delà des déterminantes   problématiques  géopolitiques (qui pèsent peu en France, on peut le regretter,  sur les choix des électeurs), mais aussi sociales, économiques, européennes, autrement plus prégnantes dans le débat,  la question identitaire, migratoire, sera  centrale en 2017 affirme Bruno Gollnisch. Elle est aussi une ligne de fracture, au sein de la droite libérale.   Nicolas Sarkozy  s’escrime pour sa part, face à Alain Juppé,  à convaincre  les Français , comme en 2007 et lors de sa campagne de 2012, que cette fois, enfin,  il a compris, il  prendra en compte leurs aspirations dans ce domaine. Qui peut encore le croire?

Peut être pas le collectif «NouS les jeunes»,   sachant que l’attachement à l’identité française est aussi affaire de symbole. Les médias rapportent ainsi que « la branche jeunesse des partisans de Nicolas Sarkozy » qui  organise son lancement le 28 mai à Paris , a envoyé un SMS aux adhérents  de LR  pour   participer à ce raout les invitant à  à « s’enjailler« . Les ploucs et autres provinciaux  que nous sommes se  sont donc saisis du nouveau  Petit Robert pour y apprendre que ce terme  est tiré de de l‘argot ivoirien, et qu’il  signifie « faire la fête »,  « séduire…  » Quelle bravitude dans la branchitude  chez Nicolas, candidat de la France d’après

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