Certes, seule la victoire est belle, mais nous l’affirmions hier, le soleil qui s’est levé à l’Est est un motif d’espoir, un encouragement, pour toutes celles et ceux qui luttent contre les ténèbres du mondialisme, attendent le réveil des peuples, de l’Europe des patries libres et souveraines. Incontestablement la très courte défaite de Norbert Hofer à ce second tour de la présidentielle face au candidat européiste, écologiste, partisan d’une société grande ouverte, multiculturelle, soutenu par la coalition de tous les autres partis, syndicats autrichiens est un tournant, un petit échec qui annonce de grandes victoires. Bruno Gollnisch ou encore Florian Philippot l’ont noté, la dynamique est incontestablement, dans de très nombreux pays de l’UE, du côté des défenseurs des idées nationales.
Seules quelques milliers voix ont finalement séparé Norbert Hofer et Alexander Van Der Bellen. Un écart ridicule, qui a tourné en faveur du candidat euromondialiste avec le dépouillement des votes par correspondance, utilisés majoritairement par les Autrichiens expatriés, les « gagnants de la mondialisation » des centres-villes, bobos et autres retraités. Depuis Israël où il est en visite officielle, Manuel Valls n’a pas manqué de donné son sentiment sur twitter, partagé de Mélenchon à Sarkozy: « Soulagement de voir les Autrichiens rejeter le populisme et l’extrémisme. Chacun doit en tirer les leçons en Europe. »
En tirer les leçons? Le journal de référence de la Caste, Le Monde s’y essaye en expliquant à ses lecteurs que « les grands partis démocratiques ne doivent pas lever par opportunisme le cordon sanitaire autour d’un parti populiste d’extrême droite et reprendre à leur compte une partie de sa propagande : cela ne peut que se retourner contre eux et renforcer les populismes d’extrême droite (…). C’est précisément parce que le président est censé incarner l’unité nationale qu’il est préoccupant de voir que la moitié de l’électorat a accordé sa confiance à un homme politique qui sème autant la division (..) ». Une division que les Autrichiens sont de plus en plus nombreux à imputer à ceux qui veulent transformer un pays paisible, homogène, plutôt prospère et épargné par la criminalité, en en changeant le substrat.
Le spécialiste es FN Nicolas Lebourg se livrait sur slate.fr à une analyse de l’élection autrichienne, afin d’en tirer des enseignements pour la France. Sur la même longueur d’onde qu’un Nicolas Sarkozy affirmant que c’est en réactivant le clivage droite gauche que l’on fera reculer le FN, le politologue écrit que « partout en Europe, le vote populiste se nourrit d’une offre entre droite et gauche de moins en moins différenciée (…). Cela a souvent été dit: l’indifférenciation entre sociaux-démocrates et conservateurs a été un accélérateur pour le FPÖ. Avec la crise migratoire, l’agitation politique quant aux réfugiés, censée contenir le vote FPÖ, a pu avaliser les diagnostics et propositions populistes (…) En France, l’électorat de droite estime en grande part que le président Sarkozy ne fit pas la politique de droite à laquelle il aspirait, tandis que l’électorat de gauche considère largement que le Président Hollande n’a pas fait une politique de gauche. »
« Autrement dit, il n’est pas certain que l’emballement médiatique autour du ni droite ni gauche d’Emmanuel Macron soit si fondé qu’il y paraisse. Il y a un évident épuisement, voire mépris, envers la droite et la gauche que nous avons. Il y a, en France, un désir d’union nationale par-delà des partis mal identifiés. Il y a une crise particulièrement vive de ce qu’est le socialisme français, à laquelle Manuel Valls et Emmanuel Macron essayent chacun de répondre à leur façon, mais en prônant tous deux un dépassement des lignes établies. Cependant, considérer qu’une absence d’identité idéologique et de programmes contradictoires soit l’avenir de la politique relève peut-être plus du credo que du fait établi.»
Hier, lors du Club de la presse sur Europe 1, le politologue et ex candidat sarkozyste Dominique Reynié exprimait lui aussi ses craintes: il est « très probable » que le FPÖ remporte les législatives d’ici deux ans et gagne ainsi la course à la chancellerie. « On est passé d’un populisme qui s’est propagé, qui s’est enraciné, qui a gonflé à un populisme qui est en passe maintenant de prendre le pouvoir (…). L’affaire des réfugiés est littéralement explosive : il y a de la part des Européens un refus très net (de cette immigration, NDLR) qui s’exprime de toutes les façons possibles, et cela va jusqu’à pratiquement donner le pouvoir à Norbert Hofer en Autriche. » « Il n’y a pas un pays en Europe où on a préparé ce changement là.«
Dans ce contexte, M. Reynié estime que le sursaut identitaire, national, souverainiste pourrait venir de la France même: « A certaines conditions, Marine Le Pen peut gagner la présidentielle. Elle peut être éliminée au premier tour, mais avec un autre agencement des choses, elle peut gagner. Par exemple, si les Britanniques décident de sortir de l’UE, ou si nous avons une nouvelle crise des migrants, ou si nous avons une crise des taux d’intérêts, ça peut lui être favorable. La situation est si fragile qu’il est impossible d’exclure que les périls peuvent tout à fait faire basculer un pays. »
Situation fragile, périlleuse, susceptible de faire basculer un pays? Autant de qualificatifs correspondant assez exactement à ce à quoi a abouti des décennies d’alternance droite-gauche à la tête de l’Etat, qui s’est traduite par une tiers-mondisation, une paupérisation de la France particulièrement inquiétante. En Autriche comme en France, agiter des peurs irrationnels et de vieux fantasmes n’empêchera pas éternellement le retour au bon sens, et nous l’espérons, l’indispensable réflexe de survie qui doit conduire Marine, les idées patriotiques à l’Elysée.