Le Républicain Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, s’est lui aussi appliqué à dénigrer le FN, à l’aune des grèves qui paralysent notre pays et des violences d’extrême gauche. L’opposition nationale disait-il au micro de Jean-Pierre Elkabbach, se rendrait coupable de ne pas dénoncer la « chienlit » (le terme est actuellement à la mode chez les députés de droite recyclant le vocabulaire gaulliste, comme l’extrême gauche se réapproprie la sémantique soixante-huitarde). Est-ce pour faire oublier qu’il a été élu face à Marine grâce aux voix socialo-communistes? « Il y a un parti qui est aux abonnés absents », affirme ainsi M. Bertrand, « et c’est proprement scandaleux le Front National (…) qui normalement est le garant de l’autorité et de l’ordre (…). Cette chienlit profite aux intérêts de Madame Le Pen », dont l’intérêt n’est pas « l’intérêt national mais qu’il y ait le plus de problèmes possible (…). « Elle ne veut pas leur (les cégétistes qui votent FN, NDLR) faire de peine » (sic).
Le FN dénonce bien évidemment, comme il l’a de nouveau fait hier, les « violences quotidiennes et intolérables contre les forces de l’ordre », les « blocages et grèves à répétition qui menacent à présent de paralyser le pays, l’exacerbation des tensions dans tous les domaines (…) L’action du gouvernement va contre la volonté générale : il laisse par laxisme des casseurs d’extrême gauche faire leur loi dans nos villes, il fait passer en force pour obéir à l’Union Européenne des textes comme la Loi El Khomri malgré l’opposition des Français et le caractère nuisible de cette loi (…). Par laxisme et faiblesse vis à vis des violences, par soumission à l’Union européenne, le gouvernement est donc seul responsable de cette situation multiconflictuelle. Au cœur du problème, un sérieux déni de démocratie : le gouvernement agit contre le peuple et l’intérêt général, il ne l’écoute plus. »
Enfin, pour répondre aux affirmations de M. Bertrand sur les accointances présumées entre le FN et une CGT dont la direction appelle systématiquement à faire barrage au FN à toutes les élections, il y a certes des sympathisants de la CGT qui votent FN, mais ils sont plutôt moins nombreux que les ouvriers et salariés sans attaches syndicales. Le journal L’Humanité avait ainsi publié un sondage Ifop, réalisé le jour même des élections européennes le 25 mai 2014, indiquant que 22 % des sympathisants (et non des adhérents, la nuance est importante) de la CGT et 33% de ceux de Force Ouvrière avaient voté Front National. Un autre enquête Ifop, toujours publiée par L’Humanité, cette fois fin décembre 2015, enregistrait le fait qu’au premier tour des élections régionales 29 % des salariés se déclarant proches (mais pas adhérents) d’un syndicat avaient voté Front National (contre 32 % pour l’ensemble des salariés). Parmi eux respectivement 26%, 27% et 33% de « salariés se déclarant proches » de la CFDT, de la CGT, de FO.
Ajoutons que si le programme du FN de défense des libertés économiques mais aussi de justice sociale et de solidarité nationale est vomi par les apparatchiks cégéto-communistes, Bruno Gollnisch dénonce pour sa part la politique de sabotage de l’économie française, les lubies collectivistes, immigrationnistes qui furent, qui sont une constante chez les dirigeants de cette centrale syndicale. Avec quelles conséquences? Évoquant le blocage par la CGT des raffineries (en attendant celui de centrales nucléaires?) l’expert en économie d’Europe 1, Axel de Tarlé, s’arrêtait hier sur les menaces du PDG de Total, Patrick Pouyané, « de ne plus investir dans ses cinq raffineries françaises suite aux blocages de celles-ci. »
« Total a perdu jusqu’à 500 millions d’euros en 2013 avec ses cinq raffineries parce que l’on consomme de moins moins de carburant. Il y a trop de raffineries. D’ailleurs, il y en avait 12, il n’y en a plus que huit aujourd’hui. Sauf que Total qui gagne des milliards a décidé de maintenir ses raffineries sous la pression politique et de l’opinion publique et donc, pour réduire les pertes, Total a décidé d’investir deux milliards sur cinq ans pour les moderniser. En l’occurrence, 200 millions dans la raffinerie de la Mède dans les Bouches du Rhône ou encore 500 millions à Donges, en Loire Atlantique. L’objectif est de faire en sorte que le raffinage ne perde plus d’argent et soit une activité durablement rentable. Suite à ces mouvements, le PDG de Total a lancé hier nous allons regarder, notamment à Donges, si nous devons effectivement investir 500 millions (…). Une semaine de grèves dans les cinq raffineries Total coûte entre 40 et 45 millions d’euros. 40 millions de pertes dans une activité comme le raffinage qui est à peine rentable. »
Jean Rouxel l’écrivait dans Les Quatre vérités hebdo, « François Hollande a été élu principalement par anti-sarkozysme, mais aussi en faisant rêver aux lendemains qui chantent, en niant jusqu’à l’existence de la crise. Son discours du Bourget était un sommet d’irresponsabilité qui ne pouvait que faire rêver ses électeurs à une revanche sociale, déjà parfaitement illusoire en 1981, mais aujourd’hui absurde et insensée. On ne peut pas à la fois flatter démagogiquement les extrémistes et prétendre mener une politique réaliste. Or, François Hollande a été élu grâce aux agents électoraux des syndicats révolutionnaires . Il est normal que ces derniers attendent leur récompense.J’entendais récemment M. Valls menacer la CGT de ne plus être représentative. C’est se moquer du monde. La CGT n’est déjà absolument pas représentative. Moins de 5 % des salariés du privé sont syndiqués. Sans l’inepte présomption irréfragable de représentativité que la loi reconnaît à la CGT (d’abord pour son prétendu comportement patriotique pendant la guerre – alors même qu’elle a saboté l’effort de guerre ! –, puis pour son adhésion aux valeurs républicaines ), tout le monde se moquerait de l’avis de M. Martinez (patron de la CGT, NDLR)… »
« Hollande a beau être un orfèvre de la motion de synthèse, réunissant les idées les plus contradictoires, il n’est pas possible d’être à la fois un démagogue flattant l’extrême gauche et un homme d’État réaliste et courageux. Et ne pas choisir est, déjà, une façon de choisir – et même la pire façon de choisir. » Très juste. Les plus extrémistes, eux (et ils ne frayent pas forcément dans les rangs de la CGT), ont clairement choisi le chaos. Le Monde rapportait le 20 mai les propos d’un « éternel étudiant » (sic), chef de file à la faculté de Rennes II de la contestation contre la loi El Khomri, le militant d’extrême gauche Hugo Melchior : « Pour rendre la situation intenable, il faut être prêt à créer un climat de tension maximale avec l’Etat en articulant des manifestations de masse avec une certaine radicalité comme le sabotage économique et la confrontation avec les forces de l’ordre. » Heureusement, il y a l’état d’urgence?