Le programme du G8 pour la sécurité alimentaire en Afrique, qui vise à dynamiser l’investissement dans le secteur agricole, apparaît au premier abord comme une bonne idée. Mais le rapporteur a raison d’en souligner les défauts, et je dois saluer la pertinence de ses remarques.
On ne résoudra pas le problème alimentaire en Afrique en y favorisant les grandes exploitations détenues par des entreprises privées, l’agriculture intensive consommatrice d’engrais chimiques, les monocultures d’exportation, l’utilisation de semences certifiées ou génétiquement modifiées… On mettra au contraire les Africains sous la tutelle de grands groupes multinationaux, puisque cette « nouvelle alliance » est un partenariat public-privé, dont les profits et les logiques du privé bénéficieront d’avantage que l’intérêt public et celui des populations locales. On encouragerait alors d’abord l’exode rural, puis l’exode international de populations appauvries et dépossédées de leurs terres.
C’est pourquoi je partage nombre des propositions du rapporteur qui visent à promouvoir une agriculture « durable », locale, respectant les spécificités tant agronomiques que juridiques (droit foncier par exemple) des pays africains, afin d’y dynamiser l’économie rurale et d’y encourager la plus grande indépendance alimentaire possible.
Je le dis sans cynisme : un moyen essentiel de lutter contre l’immigration massive vers nos pays, c’est de lutter contre les causes de l’émigration.