Au nombre de celles-ci, Le Monde s’inquiète du résultat de la présidentielle française l’année prochaine, affirmant que déjà en 2002, « la tragédie américaine (le onze septembre 2001, NDLR) avait donné une redoutable résonance historique (à Jean-Marie Le Pen, NDLR) au triptyque gagnant de l’extrême droite, islam, immigration, insécurité (…). Quinze ans plus tard, l’Histoire semble se répéter, au profit désormais de Marine Le Pen (…). Comme lui, elle peut espérer, en silence ou presque, tirer bénéfice des soubresauts internationaux et de leur impact en France. Mieux que lui, même, puisque ce n’est pas un mais plusieurs traumatismes qui ont secoué le pays ces derniers mois : les attentats islamistes à Paris, en janvier et en novembre 2015, la lancinante crise des réfugiés qui frappent aux portes de l’Europe, enfin le référendum britannique et la victoire du Brexit le 23 juin.»
C’est ce mardi également que débute le premier sommet européen depuis le Brexit en présence bien évidemment du Premier ministre britannique David Cameron. Il y sera bien évidemment question du calendrier de sortie du Royaume-Uni d’une UE à laquelle, ayant gardé sa souveraineté monétaire et non membre de l’espace Schengen, il était bien moins soumis que la France y compris par toutes sortes de dérogations. Cette sortie du Royaume-Uni, possible en vertu de l’article 50 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, devra incomber en octobre au successeur de M. Cameron, a annoncé ce dernier. Trop long ( ?) pour François Hollande et le chef de l’exécutif italien Matteo Renzi, qui veulent un départ rapide tout comme le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker qui ,sur le ton de la menace, a prévenu que cette sortie de l’UE ne sera pas un «divorce à l’amiable. »
Le gouvernement d’Angela Merkel campe lui sur une position plus souple vis-à-vis de Londres et semble même parfois remettre en cause les résultats des urnes. Le directeur de la chancellerie, Peter Altmaier, a ainsi été jusqu’à dire que «la classe politique (britannique) devrait avoir la possibilité de réfléchir une nouvelle fois aux conséquences d’un retrait.»
La crainte d’une contagion possible du vote britannique, de voir d’autres peuples européens réclamer leur liberté est en tout cas bien réelle. Mme Merkel a annoncé le souhait des dirigeants de l’Allemagne, de la France et de l’Italie de «donner une nouvelle impulsion» au cours des prochains mois «au projet européen», notamment dans les domaines de «la défense, la croissance, l’emploi et la compétitivité.» Des formules mille fois entendues. Marine, le FN en France, le Parti National Slovaque (SNS ) en Slovaquie, le FPÖ en Autriche, Geert Wilders au Pays-Bas ont tous évoqué la possibilité d’un référendum dans leur pays respectif. Même le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, plutôt favorable jusqu’alors au maintien dans l’Europe, a expliqué que le départ programmé du Royaume-Uni avait changé la donne : «L’UE représente le désordre, la Hongrie représente l’ordre »
L’historien Henry Rousso évoquait hier dans Libération, sa «colère» et son «inquiétude» après le vote des Britanniques et affirmait que « l’Europe des patries, fantasmes des souverainistes, n’a de fait jamais existé » (sic). L’Europe que Jean-Marie Le Pen défendait lors de son discours du 1er mai en 1988 rappelait dans le même numéro le quotidien de Patrick Drahi, celle d’avant Maastricht et la chute des dictatures communistes à l’Est. Le président du FN réclamait alors «la construction d’une Europe politique, économique et militaire», «cadre de la civilisation européenne». N’en déplaise à M Rousso, les dérives liberticides de l’ UE, la fuite en avant mondialiste, doivent laisser la place à une Europe de la libre coopération entre Nations souveraines, aux coopérations inter-étatiques. Ce sont elles qui sont constructives et bénéfiques comme l’attestent notamment les programmes Airbus, Ariane, le Cern , qui ne sont pas des réussites bruxelloises comme veulent nous le faire croire les euro-atlantistes de la classe politicienne.