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La vérité se fraye un chemin

La_Vérité_sortant_du_puitsInterrogé dernièrement sur les dangers de l’arme nucléaire, Bruno Gollnisch confiait son inquiétude sur les menaces bien réelles que représentent des pays qui possèdent la bombe comme le Pakistan (instable et travaillé en profondeur par le fondamentalisme islamique) ou un Etat-prison comme la Corée du Nord dans les griffes d’un « monarque » communiste dont l’équilibre psychique est sujet à caution. Le dictateur Kim Jong Un vient ainsi une nouvelle fois vendredi de menacer la Corée du Sud et les Etats-Unis d’une « frappe offensive » en réplique à la volonté de Washington et de Séoul de déployer un bouclier antimissiles perfectionné, le système THAAD. C’est pourtant l’Iran qui est (encore) aujourd’hui présenté comme susceptible de déclencher l’Armageddon du fait de ses velléités de développer un programme de nucléaire civil, tout comme hier l’Irak de Saddam Hussein était désigné comme le grand Satan à abattre par le camp du bien, car abritant supposément  non pas le feu atomique mais des armes de destruction massive.

Dans une tribune publiée avant-hier par le Sunday Mirror, John Prescott, membre de la Chambre des Lords, vice Premier ministre de Tony Blair lorsque Britanniques et Américains ont déclenché en 2003 l’invasion de l’Irak, a confessé que cette  guerre d’agression fut une erreur. Qui en effet aujourd’hui ne constate pas les apocalyptiques et sanglantes réactions en chaîne générées par la destruction de l’Etat Baas irakien?  Au moins 150 000 irakiens sont morts dans les cinq années qui ont suivi l’invasion et  M. Prescott a présenté pour sa part  ses excuses aux familles des 179 soldats britanniques tombés  pendant la guerre en Irak : « Je vivrai le restant de mes jours avec la décision d’entrer en guerre et ses conséquences catastrophiques ».

Quelques  jours auparavant,  la publication du  rapport Chilcot  révélait  un sévère réquisitoire  sur  l’intervention du Royaume-Uni, au nom du soutien sans recul de Tony Blair  aux  Etats-Unis. Une invasion qui fut le point d’orgue d’un terrible blocus  dans les années 90 (alimentaire, technologique…), qui débuta après la première guerre du Golfe,  à peine adouci par l’accord « pétrole contre nourriture » de 1996,  et qui  tua plus d’un million d’Irakiens  dont de très nombreux enfants. Il s’agissait   d’affaiblir méthodiquement, de mettre à genoux cet Etat laïque. L’ex Premier ministre Britannique  a exprimé il y a quatre jours à l’ occasion du rapport Chilcot  « peine, regrets et excuses » … de façade car il a réitéré les mêmes justifications contredites par les faits, à savoir que cette guerre était légitime,  que le monde était plus sûr sans  Saddam Hussein. M. Blair avouait pourtant au début du conflit en Syrie que  « la guerre en Irak a contribué à créer l’Etat islamique »

L’intervention dans l’hémicycle du Parlement européen, au tout début de cette seconde guerre d’Irak, le  22 mars 2003,  de Bruno Gollnisch, dénonçant un conflit programmé dès le début,   permet de juger que le FN une nouvelle fois avait vu juste,  prenait le parti de la vérité  et de la justice:  » L’Irak disposait, paraît-il, d’armes de destruction massive. Tout a été dit à ce sujet, des bobards les plus sinistres aux plus ridicules, comme ceux de Tony Blair, qui s’est déshonoré en présentant un rapport justifiant l’agression, dont 11 pages sur 19 émanaient d’un mémoire d’étudiant datant d’une dizaine d’années. À ce jour, les seules armes de destruction massive sont les milliers de bombes et de missiles sophistiqués de l’empire anglo-saxon qui écrasent les villes irakiennes. »

« Comme juriste poursuivait-il, je constate la cynique violation de toutes les règles de droit que les anglo-américains eux-mêmes avaient mises en place pour prévenir les guerres. Comme Européen, je déplore les haines, hélas justifiées, que les bombes de l’empire accumulent contre le monde occidental. Comme chrétien, je suis horrifié qu’une telle guerre, qui ne remplit aucune des conditions de justice, puisse se faire au nom de Dieu. J’appelle un chat un chat et Tony Blair un meurtrier mondain.Quant à George Bush, qu’il cesse d’invoquer Dieu ou seulement pour le prier: que le sang des Irakiens innocents ne retombe pas sur le peuple américain ! »Le FN lui fut alors déclaré coupable  une nouvelle fois d’avoir eu raison trop tôt. Jacques Chirac restera au moins comme le président qui a dit non à cette forfaiture en refusant d’entraîner la France dans ce conflit, mais cela ne fut pas indolore.

Nous le rapportions sur ce blogue, le journaliste Vincent Nouzille, dans son livre intitulé « Dans le secret des présidents »,   détaillait comment  le gouvernement américain a mis  la France  à l’amende, pour la punir d’avoir refusé de participer à  cette guerre. Au détour d’un traitement de la dette irakienne, en l’occurrence au terme de l’accord  officialisé par le Club de Paris le 21 novembre 2004, les contribuables français ont  été contraints, sous la pression réussie de l’Oncle Sam sur Chirac , de  lâcher  un gros chèque de  plus de 4 milliards d’euros.

Cette parenthèse étant fermée, Bruno Gollnisch  constate  pareillement que le travailliste  Blair, figure  de cette  seconde gauche euroatlantiste, dite justement « blairiste »,  dont feu Michel Rocard,  un Valls ou un Macron sont les pendants en France,   fut comme de bien entendu une fanatique soutien de la Constitution européenne…et très opposé ces derniers mois à l’ idée de David Cameron de consulter les britanniques par référendum sur le Brexit.

Dans un entretien au Figaro Vox, Jean-Pierre Le Goff,  philosophe de formation, écrivain et sociologue au CNRS, analysait au lendemain du Brexit  les raisons de cette crise de l’Europe , du divorce des peuples européens avec leurs dirigeants bruxellois: « La primauté donnée au libéralisme économique accompagné d’un discours général et généreux sur les valeurs qui s’apparentent à de bons sentiments me paraît symptomatique de la difficulté des pays européens à se réinsérer dans l’histoire et à peser significativement dans les affaires du monde. Aujourd’hui, pour une partie de la population, l’Europe n’est pas perçue comme une protection et une chance, mais comme une sorte de cheval de Troie de la mondialisation débridée, animée par une bureaucratie tatillonne émettant des directives et des règlements à n’en plus finir et des discours idéologiques correspondant au nouvel air du temps, notamment dans les domaines culturel et des mœurs (…). »

« Je ne crois pas que l’Europe puisse prendre sens pour les différents peuples si on leur demande d’emblée d’oublier leur appartenance nationale ou de se considérer en position de surplomb vis-à-vis d’elle, comme tend à le faire une partie des élites et des administrateurs de l’Union européenne. Qu’on le veuille ou non, la nation demeure une référence identitaire centrale et le cadre premier de l’expression démocratique ; l’histoire n’avance pas sans les peuples. Un projet politique national me paraît inséparable d’une certaine vision de l’Europe et toute décision importante doit associer pas à pas les peuples et leurs représentants élus. C’est une des leçons qu’il est grand temps de tirer de la crise grecque. »

« Reste une question essentielle qui déborde le champ de compétences des politiques: celui de l’héritage culturel qui nous spécifie par rapport au reste du monde. La construction de l’Union européenne repose sur un paradoxe: elle intervient dans un moment où des sociétés démocratiques européennes ne savent plus d’où elles viennent ni où elles vont. Après des années d’histoire pénitentielle qui nous désarment face à ceux qui veulent nous détruire, il importe de faire valoir clairement nos acquis civilisationnels qui ne se limitent pas à la liberté et aux droits individuels. Faute de ces deux conditions, politiques et culturelles, l’Europe demeurera une sorte de grand marché et de démocratie providentielle plutôt mal en point, avec en prime le statut d’un territoire de villégiature pour touristes du monde entier, admirant le patrimoine d’une civilisation moribonde. » Si M. Le Goff se met à parler quasiment  comme Jean Raspail…

 

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