Marine possède elle aussi un pouvoir d’attraction grandissant au sein d’une nouvelle fraction de l’électorat qui voit les analyses du FN validées par la situation actuelle. Et partagées par des personnalités n’évoluant pas traditionnellement dans l’orbite de l’opposition nationale.
Les médias se sont ainsi émus de ce que l’économiste Jacques Sapir, partisan de la démondialisation et de la dissolution de l’euro, interviendra, par le biais d’une vidéo enregistrée, lors d’un débat sur le Brexit aux « Estivales » de Marine Le Pen à Fréjus les 17 et 18 septembre. Notons que M. Sapir qui avait déjà créé la polémique en se prononçant l’été dernier pour un « Front de libération nationale » anti-monnaie unique, allant du Front de Gauche au Front National, a accordé il y a quelques jours à TV libertés (www.tvlibertes.com) un long entretien très intéressant et charpenté. Il y présentait ses critiques de l’Europe fédérale, à la lumière du livre «La grande dissimulation, l’histoire secrète de l’UE révélée par les Anglais» de Christopher Booker et Richard North, dont il a signé la préface.
Cette diffusion des analyses du FN sont encore plus prégnantes sur les thématiques liées à l’immigration. Le dernier sondage Ifop pour le magazine Valeurs actuelles le confirme sans surprise : 59% des Français interrogés sont ainsi favorables à «la suppression de l’acquisition automatique de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers » et à l’instauration du droit de la filiation (jus sanguini). Là aussi les lignes bougent puisque si ce postulat est partagé par 75% des sympathisants du FN, 73% de ceux de LR, de nombreux électeurs du PS (52%) l’approuvent également. Pareillement la «suppression du regroupement familial» est plébiscitée par 60% des personnes sondées ( dont 89% des sympathisants frontistes, 77% de ceux de LR…et 46% des sympathisants socialistes !).
Dans ce contexte de montée des aspirations nationales , le site slate.fr vient de publier une analyse sur la dangerosité, toujours bien réelle, de l’Etat islamique malgré ses revers en Syrie et en Irak , des spécialistes neocons américains Christopher Kozak, et Jessica Lewis Mc Fate , tous deux membres de l’Institut for the Study of War. Ils affirment notamment que « L’État islamique sait que de nombreuses attaques en Occident vont pousser les sociétés à se retourner contre les populations immigrantes, et tout particulièrement dans le contexte de la crise des migrants. Au vu de la montée en flèche des partis nationalistes et anti-immigrés en Europe, les barrières à cette polarisation sont vacillantes. Des coalitions militaires comme l’Otan pourraient bien voler en éclats. Les États-Unis ont l’armée la plus puissante du monde, mais le nouvel ordre mondial est en train de basculer sous nos yeux et il est plus favorable à l’État islamique et à d’autres menaces plus à même d’exploiter le désordre et l’incertitude. »Analyse bien spécieuse bien, tronquée bien perverse, éléments de langage repris ces derniers mois par les adversaires du FN , sur le danger que représenterait les Européens hostiles à la poursuite de’l’immigration pour la paix,. Ainsi l’antidote patriotique au laisser-faire laisser -passer, à la suppression des frontières et des protections, à l’invasion serait en fait le bacille de la guerre civile !
Mais qui pourra enrayer la révolte des peuples contre un Système qui refuse de les protéger au nom d’une idéologie proprement antinationale ? Le très bruxellois site euractiv relayait le 6 septembre les peurs de la Caste européiste, au lendemain de la nouvelle percée de l’AfD enregistrée dimanche lors de l’élection du parlement régional du länder de Poméranie-Mecklembourg. «La poussée des populismes frappe désormais tous les États de l’Union européenne, y compris des pays comme l’Allemagne qui étaient épargnés du fait de leur histoire», « les votes populistes sont «une réaction à l’absence de réponses européennes crédibles et une contestation des États, qui n’arrivent pas à trouver de solutions aux questions qui préoccupent les gens», s’inquiète Jean-Dominique Giulani, président de la Fondation Robert-Schuman à Paris.
Nicolas Lebourg, de l’Observatoire français des radicalités politiques, estime de son côté que « les mouvements populistes bénéficient, avec l’afflux de migrants, d’ une conjonction des crises qui semble valider des discours tenus depuis des décennies. «On est face à une crise géopolitique majeure évidente, qui s’ajoute à la crise financière et à la crise de l’Europe. Or l’extrême droite répète depuis des années que le transnational et l’UE sont des échecs », souligne-t-il. Dans ce contexte, «l’extrême droite est la seule à tenir un discours très clair sur l’accélération de la mondialisation, perçue comme une orientalisation de l’Europe. Et ce, face à une offre politique par ailleurs très faible.» Une faiblesse mortelle affirme Bruno Gollnisch, et cela les peuples le comprennent instinctivement, ce qui explique l’assomption des formations qui, au nom d’un sain pragmatisme, prônent une fermeté salvatrice.