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Une polémique de mauvais Gaulois?

evariste-vital_luminais_-_gaulois_en_vue_de_romeSur le site de son journal Causeur, Elisabeth Lévy a réagi « au traitement sur l’étude sur les musulmans de France réalisée par l’Institut Montaigne sous la direction de Hakim El Karoui et publiée (dimanche) par le JDD ». Caution bougeosie s’il en est, l’Institut Montaigne fondé par  Claude Bébéar, milite de longue date  pour la mise en place de la discrimination positive et des quotas ethniques, ne remet pas en cause la poursuite de l’immigration. Deux de ses membres,  dont son directeur Laurent Bigorgne et Nicolas Baverez, par ailleurs  membre du comité d’éthique du Medef et  éditorialiste au Point, furent au nombre des invités du Club Bildelberg en 2015.  Mme Lévy relève qu’ « On dirait que les médias se sont concertés pour tenter de planquer la réalité (des résultats de ce sondage, NDLR) sous des titres lénifiants (…). Or, on apprend que 28 % des musulmans de France estiment que la charia prévaut sur la loi de la République (…). Un tiers sur une population estimée (à la baisse) entre 3 et 4 millions, ça fait un million de personnes, souvent jeunes. Combien seront-ils, dans dix ans, à être passés de la charia au djihad ? Seulement 1 %, soit seulement 10000 ? Voilà qui rassurera certainement les 70 à 80 % de Français que l’islam inquiète. »

Même chez les modérés se scandalise Elisabeth Lévy, « 60 % des personnes (musulmanes) interrogées estiment que les filles devraient pouvoir porter le voile à l’école ; 48 % pensent qu’on doit pouvoir affirmer son identité religieuse au travail ; 58 % des hommes et 70 % des femmes sont favorables au port du voile – hijab. Autrement dit, même au sein de la majorité que l’on dit intégrée, on n’entend pas renoncer à ce signe de rupture avec le modèle français qu’est la dissimulation du corps féminin. »

Dans ce contexte, et il faut avouer que le timing était assez bon,  Nicolas Sarkozy a réussi son coup: faire parler de lui sur un sujet clivant, envoyer un clin d’oeil la France droitière, inquiète des bouleversements et des attaques contre notre identité. Bref déchaîner les hurlements de cette gauche bien-pensante et des commentateurs que la majorité de nos compatriotes ne supportent plus. Lundi, lors d’une réunion publique à Franconville (Val-d’Oise) dans le cadre de la primaire à droite, l’ex chef de l’Etat a parlé d’assimilation à la culture française.

Il a évoqué le cas de sa famille, lui même né d’un père hongrois naturalisé français et d’une mére dont le père était issu d’une lignée de juifs séfarades expulsés d’Espagne puis installés à Salonique au XVIIéme siécle. Il a ainsi affirmé qu’à partir du moment où l’on devient Français, « l’on vit comme un Français et nos ancêtres sont les Gaulois ». Il n’en fallait pas plus pour voir l’ex président de l’UMP accusé une nouvelle fois de vouloir rattraper par le col les électeurs FN. C’est en effet le but de la manoeuvre. Comme en 2007 et en 2012, n’en doutons pas, Sarkozy multipliera les signaux,  citera Barrès, Péguy et Jeanne d’Arc…

Dans « L’Aube le soir ou la nuit« , chronique de la campagne de 2007, publiée trois mois après le second tour, Yasmina Reza retranscrivait les propos de Sarkozy: « Si on n’avait pas (le thème de) l’identité nationale, on serait derrière Ségolène (…) si les électeurs de Le Pen me quitte, on plonge ». L’ambitieux républicain et très antifrontitse Bruno Le Maire, dans son livre « Des hommes d’Etat » paru en janvier 2008 rapportait ce dialogue dans lequel Sarko expliquait à Dominique de Villepin: « les électeurs de Le Pen, je dis toujours que c’est des victimes. Des victimes de quoi? J’en sais rien. mais c’est des victimes. Pour moi l’élection de 2007 se jouera sur les électeurs de Le Pen. On les prend on gagne, on les prend pas, on perd« . Les victimes frontistes en effet ne sont pas tombés une seconde fois dans le panneau de l’escroquerie sarkozyste en 2012.

Ce qui est aussi reproché à Sarkozy a travers cette sortie sur « Nos ancêtres les Gaulois« , c’est aussi d’être un ignare au motif que la Gaule est une « fiction géographique » due à César, une forgerie révisionniste de la IIIème  république, que la répartition des tribus gauloises ne recoupe pas exactement la France actuelle. que les tribus gauloises n’incluaient pas Basques et Normands , et aujourd’hui  les Bambaras, Yoroubas, Arabes, Berbères et autres Tamouls…

Interrogé dans Le Point, Dominique Garcia, nommé par François Hollande à la tête de de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), s’acharne à montrer que nous ne sommes pas les « héritiers directs » et uniques des Gaulois (mais ce n’est pas ce qu’a dit M. Sarkozy) tandis que l’archéologue Jean-Louis Brunaux, spécialiste de la civilisation gauloise,  affirme qu’hormis des « paysages », des » toponymes » , « il ne reste pas grand-chose au niveau culturel » des Gaulois; « peut-être un état d’esprit » ajoute-t-il. Mais ce n’est pas rien un état d’esprit,  c’est déjà beaucoup, et le fait qu’il ait traversé vingt siècles suppose bien une filiation…

M. Garcia fini par avouer les vraies raisons de son agacement, en quoi cette sortie sarkozyste l’horriple vraiment: « La communauté n’est pas quelque chose de figé. La population d’aujourd’hui est autre que celle d’il y a vingt ans. Il n’existe pas de population qui s’assimile, il y a des gens qui construisent ensemble une identité, laquelle est sans cesse renouvelée. Être français en 2016 ne veut pas dire la même chose qu’être français en 1962… » 

Dans Le Figaro, l’historien de droite Dimitri Casali, invité à réagir à cette « affaire », constate que  » dès que l’on ose parler de récit national cela provoque des polémiques sans fin. En effet je pense avec Nicolas Sarkozy qu’un récit national se proposant d’apprendre à tous à aimer la France, en faisant découvrir la permanence de nos héritages doublement millénaire est possible. Et cet enseignement est indispensable à l’intelligence du temps présent et au fameux vivre ensemble. Le récit national est une part importante et même décisive de la conscience civique. Un récit se doit d’être objectif et de restituer l’Histoire, avec ses lumières, mais aussi avec ses ombres. Malheureusement, face à nous les tenants d’une Histoire de France en perpétuelle mutation tiennent le haut de pavé que ce soit à l’université (très marquée à gauche) ou bien dans l’entourage du président Hollande. »

Nous l’avons écrit sur ce blogue, le FN n’a jamais fait sienne une conception raciale, stricto sensu, de la nation. Le Front National certes se bat résolument contre la submersion démographique en provenance du tiers monde, pour que le peuple français dont le substrat est formé par les apports celte, germain et latin , garde la maîtrise de son destin, de son identité et de sa culture. Mais la plus grande France, ce sont aussi les Français des DOM-TOM que le FN a toujours considéré comme des Français à part entière et qui, d’Alexandre Dumas à Jules Monnerot, ont participé au génie national ; ou plus près de nous  les Français par le sang versé , comme les Harkis et d ‘autres qui veulent s’assimiler à notre pays.

Pour nous la France n’est pas une abstraction hors-sol, née de la déclaration des droits de l’homme. Plus largement Bruno Gollnisch le notait, « On refuse de caractériser l’Europe sur le plan géographique, sur le plan ethnique, on refuse de parler de  peuples européens . Il y a des peuples, pourtant, qui sont européens, et d’autres non. Je m’excuse mais les Celtes, les Latins, les Germains, les Slaves, les Baltes, les Caucasiens sont des Européens. Les Mongols, les Khmers, les Bantous et tant d’autres n’en sont pas, ce qui ne signifie pas quelque mépris à leur égard. »

« Notre identité culturelle française et européenne, c’est le patrimoine gréco-latin, et c’est surtout évidemment l’apport de la civilisation chrétienne. » D’ailleurs ceux qui nient l’identité européenne, nient logiquement l’identité française. Pour ces gens là la France n’est pas la plus vieille nation du monde avec la Chine ; le sentiment d’appartenance à une même identité, une même communauté, présent déjà chez les tribus gauloises, comme le note notamment Jules César dans « La guerre en Gaule » ; l’acte fondateur du baptême de Clovis ; la fusion harmonieuse des peuples latin, celte et germanique qui forme le socle de notre peuple; le lent travail d’édification et de consolidation de la France entrepris par nos rois, poursuivi par la république française, seraient autant de réalités, de récits nationaux et de mythes fondateurs à balayer.

Et ce,  dans le cadre d’une entreprise plus vaste visant, selon la belle et imagée expression de Philippe de Villiers à « abattre les murs porteurs. » Au vu des menaces  actuelles, comment ne pas voir qu’il s’agirait pourtant de les renforcer, dans tous les domaines?

 

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