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Pronostics primaires et secondaires

rodin le penseurLe 4 octobre le FN  soufflait ses   quarante-quatre bougies  (que de chemin parcouru depuis sa création lors d’un fameux meeting au palais de la Mutualité!) et le lendemain c’était le magazine Valeurs actuelles qui fêtait ses cinquante ans en grande pompe aux Invalides. 500 invités dont Marine,Marion, Philippe de Villiers, Jean-François Coppé, Eric Ciotti, Philippe Lellouche,  Eric Zemmour, Elisabeth Lévy avaient répondu à l’invitation du  journal   dont le ton droitier et offensif est plébiscité par un nombre croissant de lecteurs . « Dans le monde actuellement déprimé de la presse écrite » indique Libération,  « entre juillet 2015 et juin 2016, les ventes ont grimpé de 5% sur un an, pour s’établir à 124 000 exemplaires par semaine en moyenne d’après l’ACPM. Quand Yves de  Kerdrel est arrivé fin 2012, le magazine publiait 87 000 exemplaires… » Si M. de Kerdrel est souvent accusé de « rouler pour Nicolas Sarkozy » (il s’en défend), la semaine qui vient de s’écouler nous invite surtout à nous interroger   sur les présupposés idéologiques,  dogmatiques  d’une certaine justice.

Ainsi  la persécution dont est victime le FN  s’est manifestée  hier avec  le renvoi  en procès de  Wallerand de Saint-Just et Jean-François Jalkh, dans l’enquête sur des soupçons d’enrichissement  aux frais de l’Etat lors des campagnes législatives et présidentielle de 2012. Lundi  c’était le tribunal correctionnel de Draguignan qui, suivant les réquisitions du  procureur Michel Darras,  a condamné  Philippe Vardon  (et ses trois  agresseurs) à six mois de prison ferme! Rappel des faits: le 30 mars 2014 à Fréjus, le soir de du second tour des élections municipales qui avait donné la victoire à David Rachline, le futur conseiller régional FN de PACA avait été attaqué, en compagnie de sa femme et de  ses deux  enfants (âgés de 7 ans et deux ans)  par trois  maghrébins multirécidivistes armés respectivement  d’un  cric, d’ une manivelle et d’un démonte-pneu. M. Vardon avait  réussi à  protéger sa famille et à repousser les « jeunes » rendus agressifs par le résultat du  vote des habitants de Fréjus. Mal lui en a pris: « L’origine de ces violences réciproques demeurera incertaine, Mais les violences, elles sont certaines »  a affirmé le procureur pour justifier la fausse symétrie de la peine prononcée, les agresseurs se disant victimes d’injures racistes et de coups. Le conseiller régional  FN a fait appel de cette décision proprement stupéfiante qui ne peut qu’accréditer pour beaucoup  la thèse d’une « justice » partisane.

Aberrante  est aussi pour certains   la croyance de Nicolas Sarkozy en une participation massive des électeurs frontistes à la primaire de la droite et du centre qui lui  permettrait de l’emporter sur  Alain Juppé. Certains  sondages (vraiment fiables?)  indiquent que  que 10% des participants à la primaire seraient proches de la gauche, mais qu’ une proportion identique de sympathisants frontistes se déplaceraient pour participer à ce scrutin  Certes, ce n’est pas gagné.  Selon une autre  enquête,  Odoxa pour France 2 réalisé les 29 et 30 septembre,  62% des Français jugent l’ex et l’actuel président de la République aussi mauvais l’un que l’autre.  Ils  sont respectivement 33% et 27% à souhaiter que Nicolas Sarkozy et François Hollande jouent à l’avenir un rôle politique important, loin derrière Alain Juppé (68%) et Marine Le Pen (50%).

Sur le site de Marianne le 3 octobre Louis Hausalter  notait  que si Alain Juppé fait clairement de l’œil aux «déçus du hollandisme», les invitant  à participer au scrutin de novembre,  l’ancien président compte, lui, rabattre les électeurs du FN. Nicolas Sarkozy rêve donc d’un hold-up sur l’extrême droite pour surclasser son adversaire.»

«Dans l’état actuel des choses, les personnes qui se déclarent certaines d’aller voter à la primaire sont loin d’être homogènes idéologiquement. On n’a pas 80% de sympathisants LR, observe Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop. Signe que certains électeurs FN pourraient en effet se mêler de la désignation du candidat de la droite, attendu qu’aucun sondage ne donne Marine Le Pen victorieuse à la présidentielle, poursuit-il : Ils sont au FN, mais ils voient la primaire comme un moyen d’effectuer un second choix.  Même si ces scénarios sont à prendre avec des pincettes, d’autant que sur le terrain, la frontière est évidemment loin d’être étanche entre FN et droite républicaineDe nombreux électeurs de droite sont idéologiquement très proches de l’électorat frontiste», avertit Jérôme Fourquet.

« Sarkozy a compris qu’il y allait avoir quatre millions d’électeurs à la primaire. C’est pour ça qu’il va chercher les gens du FN, c’est son pari, assure un député filloniste, qui reste sceptique : Je n’y crois absolument pas. Mon analyse, c’est que le vote FN est un vote fidèle.  Un proche de Nicolas Sarkozy qui fait le pari exactement inverse se lance même dans une explication teintée de psychologie pour étayer sa démonstration: L’électeur FN, il se planque, il a peur des soupçons. En allant voter à la primaire de la droite, il se refait une petite virginité : “vous voyez bien que je ne suis pas Front !”». Outre le fait que l’électeur FN  se planque de moins en moins,  c’est très  mal  le connaître affirme Bruno Gollnisch , être bien déconnecté de la réalité,  que de croire qu’il se sentirait  obligé de se refaire une virginité, a fortiori de cette manière!

Ce qui est vrai c’est que certains frontistes, conscients de la désaffection de beaucoup de Français pour M. Sarkozy,  espèrent une victoire de ce dernier à la primaire, estimant qu’il serait un adversaire qui ouvrirait plus de perspectives de victoire à  la présidentielle pour la  présidente du FN que le maire de Bordeaux.

D’abord expliquent-ils parce qu’une victoire  de Sarkozy  générerait une candidature du centre ,  celle de de François Bayrou  probablement, qui  se rallie  pour l’instant au panache gris de M Juppé.   Ce qui accentuerait  le virage en tête  de Marine au premier  tour et pourrait éliminer le candidat de la « droite » du second. De plus, même en cas de qualification  de M. Sarkozy pour le second tour  face à Marine,  après élimination des  champions du PS et  de la gauche de la gauche, le positionnement  droitier d’un Sarkozy souhaitant rattraper par le col  l’électorat national le priverait, du moins en  grande partie,  des réserves de voix en provenance  de  la gauche, contrairement à M Juppé dans le même cas de figure… Pour autant, les sympathisants marinistes et frontistes se livrant à  ce type de  prospectives et de calculs électoraux se déplaceront-ils dans des proportions significatives pour aller voter Sarkozy à la primaire?

Quant à Alain Juppé sa prestation hier sur le plateau de David Pujadas sur France 2 n’a fait que confirmer qu’il ne possède pas la vista, n’entend pas mettre en œuvre les solutions nécessaires,  courageuses pour enrayer le déclin de notre pays. Invité de  BFM Politique  dimanche dernier, l’essayiste et philosophe se revendiquant de la gauche antilibérale,  Michel Onfray, en est aussi convaincu. Il a   redit pareillement  son opposition radicale à M. Sarkozy,  rappelant qu’ «(il n’avait) jamais voté à droite de (sa vie)», et même pas pour Jacques Chirac  lors du  second tour de l’élection présidentielle en  2002, face à Jean-Marie Le Pen.

«Parmi le personnel politique, a-t-il assuré,  il y a des gens d’un cynisme absolu, on le voit avec le livre de Patrick Buisson sur Nicolas Sarkozy. Si c’est Nicolas Sarkozy qui est élu aux primaires, on voit bien que Juppé n’y sera pas. C’est pas dans son style, il n’a jamais été capable d’agir en gaullien. C’est même l’un des fossoyeurs du gaullisme. Le gaullisme c’est la souveraineté, un gaulliste ne dirait pas on va abandonner la souveraineté pour faire l’Europe libérale.»

Et M. Onfray d’y aller lui aussi de son pronostic: Sarkozy gagnera la primaire et «François Bayrou ira à la présidentielle. Et on peut penser un second tour Marine Le Pen-François Bayrou avec un score de maréchal pour Bayrou.»  Vraiment? La messe n’est pas dite, elle n’a d’ailleurs pas encore commencé.

 

 

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