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Une affaire qui nous concerne

Aux Etats-Unis les gros médias suscitent au moins autant qu’en France la défiance, les critiques, voire l’animosité d’une très large partie de la population qui doute (très souvent) légitimement de leur partialité, de leur honnêteté, de leur indépendance. Donald Trump le sait bien sûr, lui qui a eu contre lui au cours de sa campagne la quasi totalité du quatrième pouvoir...ce qui n’a pas manqué d’ailleurs d’asseoir sa légitimité auprès de très nombreux électeurs. Hier, à moins de  dix jours de sa cérémonie d’investiture, pour sa première conférence de presse depuis son élection à la présidence, il  n’a pas ménagé les journalistes  assimilés dans l’esprit des Américains à un Système dont Obama est un pur produit. Même les opposants les plus radicaux à Trump l’admettent. Dans le journal britannique The Guardian, l’essayiste et militant  afro-américain d’extrême gauche  Cornel West,   affirmait que dans une Amérique ou les fractures, les  écarts entre riches et pauvres n’ont jamais été aussi importants, ou les inégalités se sont  creusées,  Obama a préféré « Wall Street »  aux citoyens de base; « le règne d’Obama n’a pas produit ce cauchemar de Donald Trump, mais il y a contribué ».

Ces deniers temps, Barack Obama et son administration n’ont pas ménagé leurs efforts pour savonner la planche au futur  président des Etats-Unis notamment en avivant  les tensions avec la Russie de Vladimir Poutine, avec laquelle M. Trump entend nouer des relations plus apaisées. Sur son blogue, Jacques Borde note d’ailleurs que  « des voix de plus en plus nombreuses, et non des moindres surtout, se font entendre pour reprocher à Obama sa conduite aux limites du supportable. L’ex-maire de New York, Rudolph Giuliani a affirmé que  Ce que fait Barack Obama, je le trouve sans précédent (…). Je n’ai jamais vu de président au pouvoir créer tant d’obstacles pour le futur. Le très francophone et très écouté Charles Krauthammer, célèbre pour ses chroniques politiques dans le Washington Post, Time Magazine et Fox News, a écrit un édito cinglant où il s’interroge sur la possibilité qu’Obama ait un jour des comptes à rendre à la justice sur ses deux mandats successifs. »

Washington  Post  qui est au nombre des médias que Donald Trump a sévèrement étrillé hier pour avoir relaté,  relayé sans recul estime-t-il,  ce qu’il appelle des mensonges, à savoir ses liens présumés depuis des années avec la Russie. Il  a même  été affirmé  dans un dossier publié notamment  par  CNN, le  New York Times, Buzzfeed, que  le gouvernement russe le ferait chanter ayant  en sa possession  une  vidéo  d « actes sexuels pervers organisés / supervisés par le FSB (les services secrets russes, NDLR)»  entre lui et  une prostituée  russe en 2013 à Moscou.

Selon le site d’information  russe francophone sputnik,  «Le hic, c’est que toute cette histoire, incroyablement détaillée et sensationnelle, n’est en fait qu’un… canular et un immense fake ! Selon le forum anonyme anglophone 4Chan (…) ces documents  (mis en forme de manière à faire croire qu’elles émanent des services secrets, NDLR), ont été créés par un utilisateur et envoyés à Rick Wilson, que CNN décrit comme  le plus hardcore des haters (ennemis, NDLR) de Trump (…). Et les médias libéraux, dont CNN, BuzzFeed, Cosmopolitan, sont tombés dans le panneau !»

Sur Dreuz info, Magali Marc souligne que «le  site d’information BuzzFeed a mis en ligne un faux dossier de 35 pages de notes rédigées par un  ancien officier du renseignement britannique  (Christopher Steele), sur commande d’opposants politiques de Donald TrumpBuzzfeed a décidé de publier la totalité du rapport tout en reconnaissant tout à la fin que les allégations qu’il contient n’ont fait l’objet d’aucune enquête.» Et de citer (traduire) un  texte publié le 10 janvier dans le New York Post, du célèbre  journaliste néo-con, John Podhoretz, ex soutien de George W. Bush, favorable  à la guerre en Irak, hostile à toute politique de restriction de  immigration,  et  qui tient à préciser qu’il «(ne fait)  aucunement partie des partisans de Trump.»

M. Podhoretz n’en note pas moins avec honnêteté constate Bruno Gollnisch,  que« le caractère diffamatoire et calomnieux de ce que Buzzfeed a publié est tellement au-delà des limites de ce qui pourrait être considéré comme étant un tant soit peu acceptable, que même ceux qui sont les plus offensés par les excès politiques de Trump n’ont pas le choix que de se porter à sa défense et à la défense de quelques autres personnes mentionnées dans les journaux et dont les noms sont également traînés dans la boue.Il n’y a véritablement aucune preuve offerte dans ces notes ou de la part de BuzzFeed à l’effet qu’une seule phrase contenue dans ces documents soit factuelle ou vraie. De plus, nous savons que la plupart des principales organisations d’information américaines ont vu ces notes et qu’en dépit de leur hostilité foncière bien connue envers Trump, ont choisi de ne pas les publier ou même d’y faire référence après avoir échoué dans leurs efforts visant à authentifier ces accusations.»

Bref, une ultime manipulation qui pourrait peut-être aussi se lire à l’aune des propos du  journaliste iconoclaste  Mario Dinucci , une des plumes du quotidien communiste italien Il Manifesto: «Les stratèges néo-cons, artisans de la campagne (anti-Trump, NDLR), essaient de cette façon d’empêcher un changement de cap dans les relations des États-Unis avec la Russie, que l’administration Obama a ramenées à un niveau de guerre froide. Trump est un  trader qui, en continuant à fonder la politique étasunienne sur la force militaire, entend ouvrir une négociation avec la Russie, possiblement aussi pour affaiblir l’alliance de Moscou avec Pékin. En Europe ceux qui craignent un relâchement de la tension avec la Russie sont avant tout les dirigeants de l’OTAN, qui ont acquis de l’importance avec l’escalade militaire de la nouvelle guerre froide, et les groupes de pouvoir des pays de l’Est – en particulier Ukraine, Pologne et pays baltes – qui misent sur l’hostilité envers la Russie pour avoir un soutien militaire et économique croissant de la part de l’OTAN et de l’UE.» Une affaire, on l’aura compris,  qui nous concerne au premier chef.

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