J’approuve le principe sous-jacent de ce texte : plutôt que d’intervenir à grands frais après une catastrophe sanitaire, humaine ou écologique dans des pays particulièrement déshérités ou vulnérables, mieux vaut investir dans la prévention et la « résilience ». Ce dernier mot, très à la mode, recouvre ici, si j’ai bien compris, la capacité de ces pays à surmonter des crises internes ou externes.
Je me suis cependant abstenu sur ce texte. D’abord parce qu’il n’évoque pas une des raisons pour lesquelles la résilience est devenue l’une des priorités de l’action extérieure de l’Union européenne : engager enfin des politiques qui encouragent les populations, notamment dans les régions touchées par des crises sécuritaires, à rester dans leur pays d’origine plutôt que de migrer vers l’Europe. Ensuite, parce que tout en prétendant qu’il est nécessaire d’adapter les actions concrètes au contexte, et de tenir compte des stratégies de résilience nationales de ces pays, il prétend dans le même temps leur imposer des vues sociétales et droits-de-l’hommistes typiquement européennes. Une sorte de néo-colonialisme culturel larvé. Enfin, parce que le rôle que jouent parfois dans les crises certaines multinationales (accaparement des terres, exploitation des ressources naturelles, etc…) est occulté au profit d’un appel très elliptique à une sorte de code de bonne conduite.