Autre moyen trouvé pour attirer l’attention des médias, Jean-Luc Mélenchon , au nom de son groupe LFI, a proclamé devant les journalistes que «nous (les élus masculins mélenchonistes, NDLR) nous présenterons sans cravate». «Il y a eu autrefois dans l’Assemblée des sans-culottes, il y aura aujourd’hui des sans-cravate, avec ou sans cravate ». Un acte symbolique qui n’est « pas limitée au code vestimentaire imposé aux hommes », mais se veut plus largement une « critique du code vestimentaire que le droit coutumier de cette étrange Assemblée prétend imposer aux femmes », avec « des détails qui manifestent assez le type d’obsessions et de névroses qu’avaient les rédacteurs de ce droit coutumier».
En fait de névrose, M. Mélechon est en plein confusionnisme. Il n’a pas compris que porter la cravate ne consiste pas seulement à se plier aux conventions bourgeoises. C’est avant tout pour un élu une marque de respect pour les électeurs qui l’ont désigné pour les représenter dignement. Toutes choses auxquelles les catégories populaires sont particulièrement sensibles. Mais encore faut-il pour le savoir connaître les Français et non pas se complaire dans l’image fantasmée et dogmatique que l’on s’en fait... Quant à la référence aux sans-culottes de la Révolution française, qui occupent une place de choix dans à la mythologie des socialo-trotskystes de LFI, ces artisans de la Terreur ont encore plus fait couler le sang rouge du peuple que le sang bleu de la noblesse…
Du peuple, il est encore éminemment question dans l’entretien accordé à l’hebdomadaire Minute par l’ex ministre sarkozyste et ancien député LR des Français de l’étranger Thierry Mariani. Nous avons parfois salué ses prises de position de bon sens, souvent similaires à la grille de lecture frontiste, sur la Russie, la Syrie. Il est aussi au nombre de ceux qui, hier à l’UMP (au sein du collectif la droite populaire), aujourd’hui à LR, tiennent un discours de fermeté sur les questions liées à la sécurité, à l’immigration, aux valeurs… Un positionnement tactique disent les mauvaises langues, qui aurait principalement pour but de couper l’herbe sous le pied au FN en dissuadant les électeurs républicains de migrer vers l’opposition nationale; un discours en tout cas qui n’a jamais été traduit dans les faits par la droite au pouvoir.
Dans cet entretien à Minute, M. Mariani a été interrogé sur la possibilité d’ententes avec le FN, hypothèse qu’il n’a pas rejeté en bloc « C’est trop tôt, a-t-il dit. Mais si un jour la droite veut revenir aux affaires, il est évident qu’il y a quelques barrières à casser, non pas en terme de partis mais en terme de personnes. » « A l’heure actuelle, les programmes économiques des Républicains et du Front National n’ont rien à voir ; il ne peut y avoir aucun rapprochement (…), le programme économique avancé par Marine Le Pen pendant la présidentielle rappelle davantage le programme de François Mitterrand en 1981 qu’un programme de droite (…). La gauche a gagné lorsque François Mitterrand a su casser le tabou de la non-fréquentabilité du Parti communiste. Je pense qu’on n’en est pas du tout là encore mais si, un jour, la droite veut gagner les élections, je dis que nous avons deux ans d’ici aux européennes pour faire en sorte que les gens qui partagent les mêmes valeurs, sans excès mais sans mollesse, puissent se retrouver». Et Thierry Mariani d’ajouter encore que «le danger en France, aujourd’hui, ce n’est pas le Front National, c’est l’islamisme. Il faut regarder les évolutions des uns et des autres, les personnalités, et commencer au moins à discuter ensemble ».
M. Mariani a précisé une nouvelle fois sa pensée dans L’Opinion. Pas d’alliance possible avec le FN car « c’est une phrase taboue ; si on la prononce, on est mort en cinq minutes » (sic), mais il s’agirait d’aller « au-delà des partis, quelles que soient les appartenances, voir avec qui on partage les mêmes valeurs ». « Les gens qui sont au FN ne sont pas radioactifs. Il y a des gens qui sont tout à fait respectables et compatibles et d’autres qui ne le sont pas ».
Sans attendre que Thierry Mariani nous fournisse un liste des incompatibles, il conviendrait aussi que la frange de LR soucieuse de l’identité et de la souveraineté nationale aille jusqu’au bout de ses interrogations sur les valeurs qu’elle partage en commun avec les Alain Juppé, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, François Baroin, Thierry Solère et autres NKM… Il est évident pour tout observateur un peu attentif affirme Bruno Gollnisch, que LR est une structure en sursis, très sévèrement minée par des contradictions internes, une absence de vues communes sur des sujets essentiels. Tout cela, pour l’instant, rend le discours de M. Mariani un peu vain, tant que les clarifications nécessaires n’auront pas été apportées, tant que les écuries d’Augias n’auront pas été nettoyées au sein de son parti.