Quelles sont les conséquences pour la France d’appartenir à la zone euro ? Dans le débat qui opposait, lors de son introduction, les partisans et les opposants, les premiers avançaient que l’euro apporterait la croissance économique, le recul du chômage. Et de façon plus générale plus de prospérité et en prime un effet protecteur en cas de crise. Avec un recul de 15 ans, force est de constater que rien de tout cela ne s’est révélé juste. Au contraire la zone euro, dans son ensemble, fait moins bien que le reste du monde, on constate une paupérisation de la population, surtout pour la classe moyenne et les perspectives sont sombres, quand elles ne sont pas désespérantes pour les jeunes générations. L’euro n’est pas seul responsable de ce désastre mais il y participe de façon déterminante.
Le poids des dépenses pour éviter l’effondrement de l’euro
Dans le débat qui oppose aujourd’hui les partisans du maintien et ceux favorables à la sortie, une donnée est largement oubliée, le coût du maintien. Il est pourtant élevé. En juillet 2014, le FMI[i] a estimé à 1 110 milliards la somme déjà dépensée à fin 2013 pour « sauver » l’euro. Le Président François Hollande avait assuré que la crise de l’euro était réglée. En réalité il n’en est rien. De plus, dans ce coût de 1 100 milliards d’euros, le FMI ne prend pas en compte le coût supporté par la France lors de la réunification de l’Allemagne. Pour la reconstruction de sa partie Est, l’Allemagne a engagé des dépenses massives. La Banque de France, pour préserver les taux de change entre le Franc et le Deutsch Mark, effort nécessaire pour assurer la convergence permettant la mise en place de la monnaie unique, a augmenté ses taux d’intérêts, générant une baisse historique de l’immobilier et un ralentissement marqué de l’activité économique. « La dette publique française a été la variable d’ajustement pour permettre en même temps la reconstruction de l’Europe de l’Est et la convergence vers la monnaie unique. Ce choix, bien connu maintenant et que certains ont qualifié de « débat interdit », a conduit à une dette publique de 60% du PIB, lors du passage à l’euro. »[ii] Alors que la dette publique en 1992 pesait 36% du PIB.[iii]
Est-ce que notre dette ne nous empêche pas de fait, de sortir de l’euro, notamment parce qu’en cas de dévaluation son poids deviendrait insupportable ?
Avant d’étudier les deux hypothèses, maintien ou sortie, il faut vérifier, avant toute chose, la faisabilité, au regard du droit international, que la sortie est possible. La quasi-totalité de la dette française a été émise en contrat de droit français. Or, selon un principe de droit international dénommé « Lex Monetae », les dettes émises en contrat de droit national sont relibellées automatiquement en nouvelle monnaie nationale, selon la nouvelle parité fixée[1]. En un siècle, 69 unions monétaires se sont dissoutes, pour la plupart avec peu de mouvements économiques et beaucoup d’avantages[iv]. Pour dire cela autrement, « Dans le débat politique, pour contrer les arguments de partisans de la sortie de la zone euro, il est souvent mis en avant le fait que cette sortie, s’accompagnant d’une dévaluation, alourdirait automatiquement notre dette publique restée en euros. Cette menace n’est pas avérée dans la mesure où la monnaie d’émission et de gestion des emprunts publics est la monnaie nationale (c’est ce que prévoit la LOLF). »[v] Donc, un, la sortie est possible, deux, même en cas de dévaluation, ce qui n’est pas du tout inéluctable, cette sortie ne serait pas pénalisante.
Avantages et inconvénients de l’euro
La fin des dévaluations monétaires compétitives
Un avantage de l’euro pour l’économie française résiderait dans la fin des dévaluations compétitives. Cet argument ne tient pas, car elles ont été remplacées par des dévaluations internes compétitives. Qui sont beaucoup plus douloureuses puisqu’elles touchent les coûts sociaux. Les parités monétaires devenant fixes, le facteur travail doit devenir flexible. Or un chef d’entreprise, pour produire, a besoin d’un marché solvable. La paupérisation induite de la population menace l’activité économique. Ce que vit la France.
La détérioration de la balance commerciale
L’évolution du solde de la balance commerciale le confirme. Depuis la création de l’euro, la production industrielle de l’Allemagne a augmenté de 30%, celle de la France a baissé de 12% (-20% pour l’Italie et l’Espagne). C’est donc une double peine, ne pouvant pas dévaluer notre monnaie, nous réalisons l’ajustement sur les salaires, sans bénéficier d’une meilleure compétitivité. Ce qui équivaut à faire une saignée sur un malade exsangue.
Garantir l’accès aux marchés financiers
Pour payer les intérêts de sa dette, la France doit pouvoir accéder aux marchés financiers dans de bonnes conditions. La protection de l’euro assure cet avantage pour les défenseurs de l’euro. En somme, l’euro, responsable d’une partie significative de la dette, compenserait cet inconvénient en permettant d’emprunter à de meilleures conditions (cela dit, l’Agence France Trésor a emprunté le 1 juin 2017, 1.720 milliards à 5.57%). Oui, si on oublie de compter les 1 100 milliards déjà dépensés pour le maintenir artificiellement à flot à fin 2013. Oui, si on oublie que dans l’hypothèse où la France retrouverait sa souveraineté monétaire, ses banques seraient tout à fait à même de servir la dette dans de bonnes conditions.
Pour conclure
Il pourrait rester un argument intéressant pour les entreprises en faveur de l’euro, l’avantage d’avoir une monnaie unique, ce n’est pas une condition indispensable pour les échanges, mais c’est une évidence que ça les simplifie. Mais cet avantage ne justifie pas tous les sacrifices exigés par sa mise en place et son sauvetage et les risques inhérents à son effondrement. D’autant plus que revenir au Franc, en maintenant une monnaie commune, comme cela était le cas de 1999 à 2002 sauvegarderait cet avantage pour les entreprises. Nous devrions d’ailleurs reprendre ce système en l’enrichissant simplement de la possibilité de réviser à intervalles réguliers les parités monétaires nationales.
On comprend les propos de huit Nobel d’économie[vi], de Allais à Sargent en passant par Stiglitz, très critiques sur l’euro. Ainsi, pour Krugman : « quelle est la solution ? Dans les années 1930, la condition primordiale pour sortir de la crise a été l’abandon de l’étalon-or. L’équivalent aujourd’hui serait d’abandonner l’euro et de revenir aux monnaies nationales. ». Et, comme il le dit par ailleurs, « le plus vite sera le mieux ».
On dit que les Français sont opposés à la sortie de l’euro ? Mais, au pire, les propositions du Front National permettront à la France d’éviter de couler avec les pays restés dans la zone euro. Au mieux, ses propositions de réforme, plus attendues qu’on le croit au niveau européen, permettront de sauver et la zone euro et l’Union européenne.
Bureau de Bruno Gollnisch – BV – 6 juillet 2017.
[1] Revue politique et parlementaire – N° 1082 – Janvier-Mars 2017 page 105
[1] Ibidem
[1] Grand dossier : tout ce qu’il faut savoir sur la fin de l’euro. Pages 2 et 3. Ce dossier du Front National, reprend de nombreuses analyses précises et argumentées, de Nobel d’économie, d’économistes, et même de banques. http://www.frontnational.com/pdf/fin-euro.pdf
[1] Dette publique : la mesurer, la réduire – Fondation pour l’Innovation Politique – avril 2017 page 21. La Fondation pour l’Innovation Politique se définit elle-même comme : « Un think tank libéral, progressiste et européen ».
Tartempion dit
L’Indépendance Nationale suppose naturellement
le contrôle de la monnaie, de la population, et de la législation.
Que ceci nous expose à des difficultés, nul n’en doute.!
Mais on ne va pas renoncer au Franc pour des « raisons techniques » !
Ce serait faire de la technocratie.
La « technocratie » a été inventée pour essayer de primer sur le politique,
afin d’orienter les Nations vers un gouvernement mondial rêvé
depuis très longtemps par les zétazunis.
Les peuples ont besoin du fait National pour vivre heureux !
BV dit
Tartempion,
Merci de votre commentaire. Je partage votre point de vue.
Christophe dit
PARTIE I
Aujourd’hui dimanche 27-07-2017, c’est la fin du petit « concile » organisé au sommet du FN. Et il en résulte quoi ? : … Rien … Bien évidemment ! L’opération du reste, ne consistait pas à trancher sur la ligne politique, mais à absoudre Madame le Pen de sa piètre prestation télévisée et à réaffirmer la place de chacun dans l’organigramme.
Sachez cependant que chaque électeur (moi y compris) aura été ces derniers mois un militant, expliquant et convainquant ses proches, ses amis et collègues de l’impérieuse nécessité de voter pour le Front ! … Et puis patatras : vient le discours de madame le Pen, et toute crédibilité est réduite à néant ! On ne fera pas de statistiques sur ce fait, mais je crois que nombre d’adhérents comprennent ce dont je parle ! La défaillance est humaine et il ne s’agit pas d’accabler Marine le Pen, mais de comprendre qu’au delà de sa prestation, c’est toutes les incohérences liées à l’absence de choix clairs et au double discours qui en sont la cause !
Christophe dit
PARTIE II
Aujourd’hui, alors que la majorité des économistes (de Milton Friedman à Jacques Sapir) ont totalement invalidé la construction de l’euro et dénoncé tous ses disfonctionnements, Le Front s’interrogerait sur la pertinence d’une sortie de l’euro, … Sur son caractère « anxiogène » ? ! Il serait illusoire de croire que l’on pourrait « renégocier » les traités européens. L’UE a été conçue comme un système « cliqué » qui n’autorise pas de retour en arrière, un parfait outil d’une mondialisation à marche forcée et d’une inféodation à l’espace atlantiste. La souveraineté est entière ou n’est pas ! Il n’y a pas de « souveraineté partagée » et pour l’heure, le droit maastrichtien s’impose au droit national, et vous interdirait toutes réformes.
Christophe dit
PARTIE III
L’UE est à présent dans l’impasse et ce « chacun pour soi » aura permis l’émergence d’un bénéficiaire : l’Allemagne, et celle des perdants : toutes les économies du sud, dont la France. Or elle ne peut passer au fédéralisme ce qui supposerait d’important transferts budgétaires, et ne peut d’avantage être démocratiques dans un système où un européen = une voix ! Même les allemands ne se font plus d’illusions sur l’UE, leurs intérêts sont juste de faire durer ce disfonctionnement qui les avantage le plus longtemps possible !
Le Front doit définir clairement ses positions sur tous ces sujets, ou bien il verra la part réellement souverainiste de son électorat rejoindre une autre formation politique. Nous perdrions probablement plus d’une décennie, mais si c’est pour marcher derrière une ligne « Collard-Ménard-Aliot » ce serait néanmoins préférable !
Modérateur dit
Bonjour Christophe, vos conclusions sont très hâtives! Vous ne pouvez pas d’ores et déjà affirmer qu’il ne résulte rien de ces deux jours de séminaire, lequel n’est qu’une étape, parmi beaucoup d’autres, de notre processus de réflexion et d’analyses qui va s’échelonner jusqu’à notre congrès en février 2018. Merci de votre courriel, gollnisch.com
Christophe dit
Bonjour,
Mes conclusions seraient donc très hâtives ! ?
Et bien rappelez moi depuis combien de temps le discourt mariniste oscille entre : – Un abandon de l’euro – L’adoption d’une monnaie commune (ce qui signifie que nous resterions dans l’UE !) – puis Une renégociation des traités – pour enfin évoquer un possible referendum ? !
Maintenant, et si j’en crois les dernières nouvelles, il s’agirait de reporter à la fin d’une mandature, une hypothétique sortie de l’euro ! ? Soyons sérieux !
Pour paraphraser quelqu’un dont vous vous rapprochés dangereusement : « le changement c’est maintenant ! » Et la sortie de l’UE, de L’Euro et de l’Otan : c’est immédiatement ! …Sinon, vous ferez comme Macron, vous appliquerez les G.O.P.É. et obéirez à Monsieur Juncker !
… Je devine que certains au Front s’en accommoderaient fort bien pourvu qu’ils préservent leurs espérances de mandats et leurs prébendes !
Modérateur dit
Encore une fois Christophe vous préjugez des résultats de travaux de réflexions qui viennent juste de commencer et s’achèveront en février prochain avec le Congrès du FN, donc oui vos conclusions sont hâtives, merci de votre courriel. gollnisch.com