Économiste, énarque engagé au Front National, porte-parole des Horaces , un club de hauts fonctionnaires et de cadres du privé qui a contribué à l’élaboration du projet présidentiel de Marine Le Pen, Jean Messiha aurait fait entendre une voix très différente, en rupture avec le ronron habituel sur cette radio. Inacceptable apparemment. Les pressions visant à dénoncer l’ouverture d’esprit, la volonté affichée de pluralisme de Christophe Hondelatte ont été efficaces. Une pétition initiée certainement par de vertueux républicains démocrates, les hurlements la Société des rédacteurs d’Europe 1, ont eu raison de ce choix dont la pertinence, la légitimité était comprise certainement bien au delà des 10 600 000 Français qui ont voté Marine le 7 mai dernier.
Vice-PDG d’Europe 1, Frédéric Schlesinger a expliqué laborieusement mardi à l’Afp qu’il s’agissait d’un « quiproquo » (sic) . « Il avait été question qu’il (Jean Messiha, NDLR) fasse partie d’un groupe d’invités récurrents. J’ai décidé qu’il ne serait pas invité. » Evidemment c’est tellement plus simple comme cela…
Bref, il s’agit de resserrer les boulons alors que la contestation contre les ravages de la doxa bruxelloise ne faiblit pas et devrait même monter en puissance au vu de l’amer et désastreuse potion que le tandem Macron-Philippe entend administrer aux Français. Remarquons ainsi qu’une voix dissidente a également été muselée ces dernières semaines, celle de l’analyste financier éconoclaste, le très eurosceptique Olivier Delamarche. Il a été viré de l’émission BFM Business après huit ans de bons et loyaux services, ce dernier expliquant avoir été débarqué à cause de sa trop grande liberté de parole. Un homme qui précise que « cette crise est une crise du socialisme plutôt que du capitalisme : on vient au secours des banquiers systématiquement et avec de l’argent public ; ce n’est pas le fonctionnement normal du capitalisme »; qui prévenait ses auditeurs que « quoi qu’il arrive, vous la paierez, la note. Ce qui veut dire que vous avez devant vous une récession, voire une dépression mondiale ». Et qui rappelait de manière récurrente que « l’euro a été fondé avec une faute originelle énorme : on y a fait entrer des pays qui n’auraient jamais dû y entrer (Portugal, Irlande, Grèce…). A présent, le sauveteur risque de couler avec le noyé.»
A l’heure ou même les plus complaisants pointent les cafouillages, les approximations, les erreurs , les contradictions de la communication du président de la république, M. Macron vient lui de faire appel au chroniqueur-journaliste Bruno Roger-Petit (qui devait lui aussi participer à l’émission sus-nommée de Christophe Hondelatte) pour occuper le poste officiel de porte-parole. Macromaniaque exalté et souvent sans recul au cours de la campagne présidentielle, modèle de courtisanerie pour ses contempteurs, M. Roger-Petit est aussi connu pour sa haine assez fanatique du Front National qu’il déversait régulièrement dans ses éditoriaux du magazine Challenges. Grand bien lui fasse, de tout cela il a été récompensé…
Certes, il aura fort à faire aux côtés des autres communicants du gouvernement pour affirmer que la France voit enfin le bout du tunnel et que la crise est derrière nous, tout cela grâce aux bienfaits de l’Europe bruxelloise et de l’euro-monnaie-unique-qui-nous-protège. Guillaume Maujean dans un bref édito diffusé mercredi par le site des Echos nous expliquait que tout va mal avec l’euro…mais que finalement tout va bien. « L’euro n’en finit plus de s’apprécier (…). De quoi relancer les inquiétudes des entreprises qui exportent. De quoi embarrasser aussi les autorités publiques et monétaires qui s’accommodaient très bien d’un euro faible. » Mais non n’ayez pas peur braves gens car « si notre monnaie est aussi vigoureuse, c’est parce que la reprise est bien enclenchée en Europe (…) . L’autre bonne nouvelle, c’est que la confiance est de retour. Les élections n’ont pas porté au pouvoir les partis populistes, comme on pouvait le craindre en début d’année. Les Cassandre qui annonçaient l’implosion imminente de la zone euro ont eu tort. Même Angela Merkel se positionne en faveur d’une intégration renforcée et se dit prête à nommer un Ministre des Finances à l’échelle du bloc. Il y a encore trois ans, qui aurait parié là-dessus ? ». Bah au moins Jacques Attali, les pontes de la BCE, les invités de Davos et le club Bilderberg M. Maujean…
Remarquons une nouvelle fois que quelle que soit l’analyse effectuée de situation économique, il s’agit toujours de nous vendre la nécessité d’une intégration européenne renforcée, de nouveaux abandons de souveraineté, et du caractère intangible, du maintien nécessaire de la monnaie unique.
Si en Italie, en Grèce, en Espagne, au Portugal notamment le secteur bancaire est explosif et peut faire craindre un krach financier systémique à l’échelle de l’UE, des voix nouvelles s’élèvent pour alerter des dangers du maintien de la zone euro. En Italie justement, où on a appris notamment fin juin que les contribuables seront ponctionnés de 750 euros pour éponger les créances douteuses et sauver la Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, l’ex Premier ministre Silvio Berlusconi a mis les pieds dans le plat. Jacques Sapir le rapportait sur son blogue, pointant la « proposition, à peine voilée, de sortir de l’euro » formulée par M. Berluscoini. « Devant le désastre auquel ce pays fait face, un désastre accru par le fait qu’il est en première ligne devant la vague migratoire, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour dire qu’il faut faire autre chose. »
« Cela fait sens en Italie. Cela fait sens aussi dans d’autres pays, de la France à la Grèce, en passant par l’Espagne, le Portugal et la Belgique. Il n’est donc pas si surprenant que cela que Berlusconi reprenne à son compte, l’Euro est bien un problème central pour les diverses forces politiques. Il est en surplomb sur l’ensemble des problèmes économiques et sociaux qui affectent ces pays. Il est donc illusoire de vouloir traiter ces problèmes en ignorant qu’ils sont largement issus de l’existence même de l’euro. »
S’invitant incidemment dans les discussions internes du Front National, M. Sapir poursuit: « Dès lors, cette situation ne laisse aux forces politiques que trois solutions. Soit se ranger dans le camp des partisans de l’Euro et assumer, qu’elles le veuillent ou pas, la totalité des conséquences désastreuses de la monnaie unique. Soit, chercher à finasser, critiquer ces conséquences mais sans remettre en cause l’Euro, et alors sombrer dans une incohérence qui en écartera plus d’un électeur. (…) Alors qu’en France un mouvement de protestation contre les mesures économiques et sociales iniques du gouvernement se prépare, il faut donc comprendre que ces mesures sont en réalité cohérentes avec l’Euro. Elles sont la traduction de l’existence de l’Euro dans nos vies quotidiennes. On ne pourra efficacement lutter contre ces mesures qu’en mettant aussi en cause leur raison ultime, c’est à dire l’Euro.»
En un siècle, 69 unions monétaires se sont dissoutes, pour la plupart avec peu de mouvements économiques et beaucoup d’avantages a souvent rappelé Bruno Gollnisch qui a précisé que si l’euro a certes trahi ses promesses, notamment celle d’être un obstacle à la hausse des prix, le FN aurait intérêt à adopter « une communication moins anxiogène » . Aussi, a-t-il suggéré rappelions-nous dernièrement, une approche tactique différente consistant pour le Front National à proposer « un plan B de sortie de crise que l’on pourra dégainer quand cette monnaie mourra de sa belle mort. Car comme l’a dit le prix Nobel Maurice Allais, comme le disent aujourd’hui d’autres prix Nobel d’économie, de nombreux économistes, l’euro n’est pas viable à terme ». Et nous ne sommes pas condamnés au déclin, une autre voie est possible!