Invité ce matin de RTL, la juppéiste Virginie Calmels, ralliée à Laurent Wauquiez, a tenu à envoyer des signaux aux Français exaspérés par ses attaques continuelles contre nos traditions: « Il faut qu’on arrête de créer des débats sur des choses qui ne sont finalement pas si importantes pour les Français (…). Nous avons des racines, nous n’allons pas les renier (…). Est-ce que la laïcité est mise en cause parce qu’il y a des crèches dans des lieux comme un Conseil régional ? (…). Je suis frappée de voir que l’on nous ferait croire que la laïcité serait en danger parce qu’il y a une croix sur une statue de Jean-Paul II ou parce qu’il y a des crèches dans des mairies (…). Je suis frappée, on ne peut plus dire les vacances de Noël, on ne peut plus dire les vacances de Pâques. Arrêtons de pousser le trait.» Mme Calmels parle d’or, mais comme à chaque fois que les ténors de droite s’expriment sur ce type de sujet, le doute s’installe.
Opposée à toute alliance avec le Front National – « Si Sens commun tend la main au FN, ils n’ont rien à faire dans notre famille politique » déclarait-elle dernièrement- , Virginie Calmels ne se prive pas pour autant de durcir le ton en cette période de désignation du nouveau président de LR . C’est d’ailleurs un grand classique de la droite…quand elle dans l’opposition ou en campagne. Valérie Irgounet, spécialiste es extrême droite, qui publie régulièrement des articles dans sa rubrique baptisée Derrière le front sur le site de Franceinfo , consacrait il y a deux ans (mais le sujet est récurrent sous sa plume) un papier sur « le hold-up idéologique de la droite sur le FN » . Une vieille histoire : « (En juin 2015) le député UMP Éric Ciotti proposait de rétablir le droit du sang et de réserver le droit du sol aux enfants de ressortissants de l’Union Européenne. Peu après, le président des Républicains, Nicolas Sarkozy disait ceci à ses partisans alors réunis : Faut-il remettre en cause le droit du sol ? Cette question, incontestablement, peut se poser. En 2003, il déclarait face à Jean-Marie Le Pen : le droit du sol fait partie de nos traditions… »
« C’est une des thématiques privilégiées du Front National. La droite républicaine en a fait sienne depuis plusieurs décennies. L‘objectif est clair : il s’agit de séduire ses électeurs à droite de la droite et ceux du FN... alors que le parti d’extrême droite s’impose dans le paysage politique français. Au début des années 1990, le Rassemblement pour la République (RPR) et l’Union pour la démocratie française (UDF) radicalisent leurs discours sur l’immigration et envoient des signes à l’électorat frontiste en reprenant, à leur compte, la forme et le fond du discours lepéniste. Jean-Marie Le Pen n’ayant pas le monopole de ces thèmes , explique Jacques Chirac (alors président du RPR et maire de Paris) en 1991, il faut se les approprier (…). Bien des années plus tard, Nicolas Sarkozy annonce la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale (mars 2007), en attendant le lancement d’un débat sur les valeurs de l’identité nationale, sur ce qu’est être Français aujourd’hui. Les termes choisis appartiennent au vocabulaire de l’extrême droite (sic). En liant immigration et identité nationale, l’homme politique sait qu’il laisse entendre que l’immigration constitue une menace pour l’identité nationale. Nicolas Sarkozy n’est d’ailleurs pas allusif pendant sa campagne pour la présidentielle de 2007. Son objectif est clair. Il le rappelle dans Le Figaro (26 février 2007) : séduire les électeurs du Front National ».
Mais les séduire pour faire quoi? Sans l’aiguillon du FN , sans une opposition nationale qui occupe désormais une place centrale, qui pèse de tout son poids sur l’échiquier politique, la droite des Wauquiez, Calmels ou Ciotti tiendrait-elle le discours identitaire, de fermeté sur l’immigration qui est (en partie) le sien aujourd’hui, quand bien même serait-il uniquement de façade?
Nous ne préjugeons pas bien évidemment de la sincérité des convictions patriotiques de cadres, élus, sympathisants de LR qui demain peut-être auront le courage de nous rejoindre, de proposer des alliances au niveau local, comme d’autres l’ont fait avant eux. Pour autant, si cette droite post-juppéiste contribue désormais à la diffusion des thématiques frontistes, à orienter le combat culturel dans la bonne direction, préalable indispensable à la prise du pouvoir dans les urnes, nos compatriotes doivent encore et toujours préférer l’original à la copie. C’est au pied du mur que l’on voit le maçon. Et les mauvais maçons de la droite libérale ont toujours refusé de tendre la main aux nationaux, de s’affranchir des oukases d’une gauche euromondialiste avec laquelle, comme l’a souligné Marine, cette droite là n’est séparée que par une différence de degrés et non de nature . Cette droite en effet, celle qui roule des mécaniques, nous l’avons vu à l’oeuvre à l’époque (en 2010) ou M. Wauquiez était d’ailleurs un très enthousiaste ministre bruxellois chargé des Affaires européennes…
Bruno Gollnisch l’a souvent rappelé, l’immigration qu’elle soit choisie (par le gouvernement, le Medef, les lobbies divers et variés) ) ou subie (par tous), a battu des records sous le quinquennat Sarkozy. Le regroupement familial acté par Chirac et Giscard, plus largement les pompes aspirantes de l’immigration, le code de la nationalité, n’ont jamais été remis en cause par une droite régulièrement au pouvoir depuis vingt ans, qui disposait pourtant pour se faire du soutien des électeurs et de très confortables majorités à l’Assemblée nationale comme au Sénat... Alors oui, la suspicion des Français est légitime!