En effet… D’autant que loin de la rupture avec les pratiques de l’ancien monde que la dynamique macronienne devait balayer, Philippe Besson a obtenu ce poste prestigieux et convoité grâce à une modification par décret, présenté devant le conseil des ministres le 3 août, des règles de nomination d’un certain nombre d’emplois supérieurs, incluant notamment les consuls généraux. Le Monde précise ainsi que désormais « le gouvernement est libre de nommer aussi bien des fonctionnaires que des non-fonctionnaires » et que lesdites nominations ne sont plus de la seule compétence du ministère des Affaires étrangères
Une nomination qui intervient juste après le beau cadeau fait à une autre bonne copine, l’ex présidente de l’INA, la socialiste Agnès Saal, éclaboussée il y a trois ans par l’affaire de ses frais de taxi abracadabrantesques dont les cochons de contribuables et autres sans dents, ont dû s’acquitter sous l’ère Hollande. Un dérapage très médiatisé qui avait débouché sur sa suspension pendant six mois en 2015 puis sa condamnation pour détournement de fonds publics. Nous l’avions noté sur ce blogue en juin 2015, Mme Saal avait été, en un ultime bras d’honneur à la France d’en bas, recasée au ministère de la culture par Fleur Pellerin, celle-là même, souvenez-vous, qui se vantait de ne jamais lire… Nous avons appris ces dernières heures que le Système dont la macronie est bien une parfaite incarnation, a veillé à la promotion d’Agnès Saal, laquelle vient tout juste d’être d’être nommée haut fonctionnaire « à l’égalité, la diversité et la prévention des discriminations » au ministère de la Culture; ça promet…
Certes soyons justes, Philippe Besson n’est pas le premier écrivain sans expérience de la diplomatie à être nommé à un poste diplomatique par le fait du prince. En 1982, François Mitterrand appuya la nomination comme ambassadeur au Danemark du journaliste et écrivain socialiste François-Régis Bastide, un homme, notons-le, qui indubitablement ne manquait pas d’épaisseur. Pareillement, en 2008, l’ex militant de la Gauche prolétarienne l’homme de lettre, ex de Libé et du Nouvel Obs, Daniel Rondeau, avait été nommé ambassadeur de France à Malte en 2008 par son ami socialiste néo-sarkozyste Bernard Kouchner.
D’autres écrivains ont occupé un poste d’ambassadeur mais n’étaient pas des novices en matière de diplomatie; les médias ont rappelé que ce fut le cas de Romain Gary qui fut après-guerre consul à Los Angeles, de l’académicien Jean-Christophe Rufin (ex ambassadeur au Sénégal et en Gambie) ou d’ Olivier Poivre D’Arvor (ambassadeur en Tunisie)…
Avec Philippe Besson, nous entrons dans une autre dimension, nous descendons surtout d’un étage.Il est beaucoup plus platement un écrivain mineur qui régurgite sans génie l’air du temps politiquement correct, la doxa progressiste, militant de longue date comme il se doit pour le mariage et l’adoption pour les homosexuel(le)s.
L’écrivain-pipole Frédéric Beigbeder, qui ne manque pas d’un certain talent de plume (souvent gâché par son dilettantisme) , dressait en 2011 dans Le Figaro un portrait un peu vachard de Philippe Besson qui visait assez juste: « Philippe Besson sourit tout le temps. Il dit des choses sympas à la radio, à la télé, dans les journaux, le matin, le midi, le soir, un peu partout ; il est tout le temps sympa, on sent qu’il veut plaire. Quand on a besoin d’un gars cool qui puisse dire que l’amour est difficile, le deuil impossible, le temps assassin, et combien la mort nous attend au bout de ce périple, Philippe Besson répond toujours présent (…). Philippe Besson, jusqu’à présent, s’est spécialisé dans le petit roman d’homosexuel gnangnan. Très loin de la force de Genet ou Dustan, il est plutôt une sorte de Marc Levy gay. Pourquoi pas ? C’est un projet respectable, et il y a une demande. L’ancien DRH de Club Internet l’a vite compris : la littérature peut devenir une bonne affaire à condition d’occuper le terrain…»
Une occupant pas si inhumain que cela mais dont les analyses politiques, caricaturales, grossières sont assez confondantes de conformisme bébête. Dans une tribune publiée dans Libération en décembre 2015, au lendemain des élections régionales, M. Besson s’indignait de ce que « Madame Michu qui a voté Marine Le Pen en Picardie (soit) au centre de toutes les attentions » et ironisait sur cette France moisie, débile qui vote pour l’opposition nationale: « Il est tout aussi vrai que les électeurs FN sont gens éclairés : ils sont convaincus qu’on ferait mieux de revenir au franc, que les frontières se ferment comme des portes qui auraient des serrures, que la France est un pays de submersion migratoire quand toutes les statistiques démontrent qu’il est un des pays d’Europe les moins accueillants et que la proportion d’étrangers dans la population est invariée depuis 40 ans (sic). Vraiment, il est indispensable de nous consacrer à eux, qui sont si clairvoyants et si généreux, si ouverts à l’autre.»
Un étalage de poncifs éculés constate Bruno Gollnisch, qu’il n’est bien évidemment pas le seul à proférer dans le sérail, mais dont il a donné dans un autre registre un nouvel exemple , au travers du dernier ouvrage qu’il a commis, Un personnage de roman, sorte de journal de bord consacré à la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, observée depuis les coulisses. Une hagiographie de la plus belle eau, accumulant les clichés et d’une platitude stylistique assez navrante, mais dans laquelle, par naïveté (?), à son corps défendant, il laissait transparaître ici ou là toute l’arrogance et la prétention pétrie de certitudes de son Jupiter.
M. Macron se défend de tout « copinage », affirme sans rire que la promotion au poste de consul de cet ami de son couple s’inscrit dans une « tradition » française d’écrivains diplomates. Entendons l’argument mais les mots ont un sens et tout ne vaut pas tout. Bel exemple d’écrivain diplomate, Paul Morand rapportait dans 1900 cette anecdote que lui raconta Paul Valéry: « Pour moi, disait un jour Zola à Mallarmé, tout à la même valeur, le diamant et la m… Mallarmé répondit doucement: Le diamant c’est tout de même plus rare. »
M. Besson n’est ni Chateaubriand, ni Paul Morand. Et ne lui en déplaise, le mari de son amie Brigitte n’est pas Bonaparte.