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Jupiter et ses fautes de goût: jusqu’où va-t-on descendre?

La France dispose d’un réseau de 163 ambassades et de consulats, le troisième au monde juste derrière les États-Unis (168 ambassades bilatérales) et la Chine (164 ambassades), apte à  appuyer notamment le désir de rayonnement international de Jupiter-Macron qui scande sur tous les tons que la France est de retour.   Mais en même temps,  il faut bien continuer à cracher au bassinet pour  accueillir l’immigration de masse et complaire aux exigences financières de l’Union européenne. L’Afp rapporte ainsi  que « la France, en quête d’économies tous azimuts, va réduire les moyens de son réseau diplomatique d’ici 2022 malgré les ambitions affichées du président Emmanuel Macron sur la scène internationale. Si les contours du coup de rabot restent flous – notamment le nombre de postes menacés – les diplomates ruent déjà dans les brancards (…) Sur trente ans, le ministère a perdu 53 % de ses effectifs et un tiers en 10 ans, soit un effort sans comparaison avec les autres ministères, souligne une note interne du Quai qui a fuité en juin dans plusieurs médias. Les efforts déjà menés – y compris la fermeture de consulats et la cession de bâtiments prestigieux – ne peuvent se poursuivre sans compromettre la capacité d’action du ministère et l‘ambition forte pour la France portée par Emmanuel Macron, ajoutait-elle (…). Dans ce contexte difficile, la nomination au poste de consul général de France à Los Angeles (poste a priori au caractère plus administratif que celui d’ambassadeur, NDLR)  de l’écrivain Philippe Besson, ami d’Emmanuel et Brigitte Macron, risque de faire grincer quelques dents… »

En effet… D’autant que loin de la rupture avec les pratiques de l’ancien monde que la dynamique macronienne devait balayer, Philippe Besson a obtenu ce poste prestigieux et convoité grâce à une modification par décret,  présenté devant le  conseil des ministres le 3 août, des règles de nomination d’un certain nombre d’emplois supérieurs, incluant notamment les consuls généraux. Le Monde précise ainsi que désormais « le gouvernement est libre de nommer aussi bien des fonctionnaires que des non-fonctionnaires » et que lesdites nominations ne sont plus de la seule compétence du ministère des Affaires étrangères 

Une nomination qui intervient juste après le beau cadeau fait à une autre bonne copine,  l’ex présidente de l’INA, la socialiste Agnès Saal, éclaboussée il y a trois ans par l’affaire de ses frais de taxi abracadabrantesques dont les cochons de contribuables et autres sans dents,  ont dû s’acquitter sous l’ère Hollande. Un  dérapage très médiatisé qui  avait débouché sur sa suspension  pendant six mois en 2015 puis  sa condamnation pour détournement de fonds publics.  Nous l’avions noté sur ce blogue en juin 2015, Mme Saal avait été, en  un ultime bras d’honneur à la France d’en bas, recasée au ministère de la culture par Fleur Pellerin, celle-là même, souvenez-vous,  qui se vantait de ne jamais lire… Nous avons appris ces dernières heures que le Système dont la  macronie est bien  une parfaite incarnation,  a  veillé à la promotion d’Agnès Saal, laquelle vient tout juste d’être  d’être nommée haut fonctionnaire « à l’égalité, la diversité et la prévention des discriminations » au ministère de la Culture;  ça promet…

Certes soyons justes, Philippe Besson n’est pas le premier écrivain sans expérience  de la diplomatie   à être nommé à un poste diplomatique par le fait du prince.  En 1982, François Mitterrand appuya la nomination  comme ambassadeur au Danemark  du  journaliste et écrivain  socialiste François-Régis Bastide, un homme, notons-le,  qui indubitablement ne manquait pas d’épaisseur. Pareillement,  en 2008,  l’ex militant de la Gauche prolétarienne l’homme de lettre, ex de Libé et du Nouvel Obs,  Daniel Rondeau,  avait été nommé  ambassadeur  de  France à Malte en 2008 par son ami socialiste néo-sarkozyste Bernard Kouchner.

D’autres écrivains ont occupé un poste d’ambassadeur mais  n’étaient pas des novices en  matière de diplomatie;  les médias ont rappelé que ce fut le cas de Romain Gary  qui fut après-guerre consul à Los Angeles, de l’académicien Jean-Christophe Rufin  (ex ambassadeur au Sénégal et en Gambie)  ou d’ Olivier Poivre D’Arvor  (ambassadeur en Tunisie)…

Avec Philippe Besson, nous entrons dans une autre dimension, nous descendons surtout d’un étage.Il est beaucoup plus platement un écrivain  mineur qui régurgite sans génie l’air du temps politiquement correct, la doxa progressiste, militant de longue date comme il se doit pour le mariage et l’adoption pour les homosexuel(le)s.

L’écrivain-pipole Frédéric Beigbeder,  qui ne manque pas d’un certain  talent de plume (souvent gâché par son dilettantisme) , dressait en 2011 dans Le Figaro un  portrait  un peu vachard de Philippe Besson qui visait assez juste: « Philippe Besson sourit tout le temps. Il dit des choses sympas à la radio, à la télé, dans les journaux, le matin, le midi, le soir, un peu partout ; il est tout le temps sympa, on sent qu’il veut plaire. Quand on a besoin d’un gars cool qui puisse dire que l’amour est difficile, le deuil impossible, le temps assassin, et combien la mort nous attend au bout de ce périple, Philippe Besson répond toujours présent (…). Philippe Besson, jusqu’à présent, s’est spécialisé dans le petit roman d’homosexuel gnangnan. Très loin de la force de Genet ou Dustan, il est plutôt une sorte de Marc Levy gay. Pourquoi pas ? C’est un projet respectable, et il y a une demande. L’ancien DRH de Club Internet l’a vite compris : la littérature peut devenir une bonne affaire à condition d’occuper le terrain…»

Une occupant pas si inhumain que cela mais  dont les analyses politiques, caricaturales, grossières sont assez confondantes de conformisme bébête. Dans une tribune publiée dans  Libération en décembre 2015, au lendemain  des élections régionales, M. Besson s’indignait de ce que  « Madame Michu qui a voté Marine Le Pen en Picardie (soit) au centre de toutes les attentions » et ironisait sur cette France moisie, débile qui  vote pour l’opposition nationale: « Il est tout aussi vrai que les électeurs FN sont gens éclairés : ils sont convaincus qu’on ferait mieux de revenir au franc, que les frontières se ferment comme des portes qui auraient des serrures, que la France est un pays de submersion migratoire quand toutes les statistiques démontrent qu’il est un des pays d’Europe les moins accueillants et que la proportion d’étrangers dans la population est invariée depuis 40 ans (sic). Vraiment, il est indispensable de nous consacrer à eux, qui sont si clairvoyants et si généreux, si ouverts à l’autre.»

Un étalage de poncifs éculés  constate Bruno Gollnisch,   qu’il n’est bien évidemment  pas le seul à proférer dans le sérail, mais dont il a donné dans un autre registre un nouvel exemple , au travers du   dernier ouvrage qu’il  a commis, Un personnage de roman,  sorte de journal de bord  consacré  à la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, observée depuis  les coulisses. Une  hagiographie de la plus belle eau, accumulant les clichés et  d’une platitude stylistique assez navrante, mais dans  laquelle, par naïveté (?), à son  corps  défendant,  il laissait transparaître ici ou là toute l’arrogance et la prétention  pétrie  de certitudes  de son  Jupiter.

M. Macron  se défend de tout « copinage », affirme sans rire  que la promotion au poste de consul de cet ami de son couple  s’inscrit dans une  « tradition » française d’écrivains diplomates. Entendons l’argument mais les mots ont un sens  et tout ne vaut pas tout. Bel exemple d’écrivain diplomate, Paul Morand rapportait dans  1900 cette anecdote que lui raconta  Paul Valéry: « Pour moi, disait un jour Zola à Mallarmé, tout à la même valeur, le diamant et la m… Mallarmé répondit doucement: Le diamant c’est tout de même plus rare. »

M. Besson n’est ni Chateaubriand, ni Paul Morand. Et ne lui en  déplaise, le mari de son amie Brigitte n’est pas Bonaparte. 

 

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