Après l’épisode calamiteux de la fête de la musique, transformée en ode au lobby LGBT et à l’immigration, avec les travelos se déhanchant dans le cour de l’Elysée et posant avec le couple présidentiel , on peut souscrire à cette réflexion du maire de Béziers Robert Ménard : « Il ne reste quasiment rien. Que des lambeaux de dignité qui se perdent dans la nuit de la vulgarité. Le costume de président est devenu bien trop large. » Ou à ce constat de Marine : « on ne trouve même plus de mots pour exprimer notre indignation.La France ne mérite certainement pas cela. C’est impardonnable ! » M. Macron malgré ses efforts, semble bien incapable de capter le ressenti du pays profond. Sa réponse à la présidente du RN, via la conférence de presse tenue peu après cet épisode, est assez pathétique. Et franchement hors-sujet, signe de son embarras a posteriori : « On ne tirera rien des discours de haine », « il faut arrêter de penser que notre jeunesse, parce qu’elle est d’une certaine couleur ou à un moment a fait des bêtises, il n’y a rien à en tirer. » « Marine Le Pen, c’est l’extrême droite, et l’extrême droite ce n’est pas le peuple. Je suis président de la République et je ne laisserai à personne le peuple. »
Un peuple pourtant rétif au macronisme comme l’atteste la poursuite de la dégringolade dans les sondages de l’exécutif, puisque ce sont désormais plus de deux Français sur trois qui ont une mauvaise opinion du chef de l’Etat selon la toute récente enquête BVA. Certains sondages, dont celui de l’Ifop pour le Journal Du Dimanche , le place dorénavant sous la barre des 30% d’avis favorables. En moyenne, l’ex ministre de François Hollande a perdu 26 points de popularité depuis son élection! Dans ce climat, l’objectif de l’Elysée reste celui d’une victoire hautement symbolique contre les nationaux lors des élections européennes de mai prochain.
Pour autant, l’opposition nationale n’est pas le seul obstacle sur la route de l’intégration européenne telle que la rêve Emmanuel Macron… et avec lui un certain nombre de personnalités humanistes, de cénacles économiques, politiques ou philosophiques. Invité avec Coralie Delaume, Nicolas Baverez et Ferghane Azihari de Interdit d’interdire, la première émission animée par l’excellent Frédéric Taddeï sur RT, l’essayiste Emmanuel Todd a esquissé une réflexion plus générale sur « le tempérament de l’Europe. »
«C’est peut-être le tempérament de l’Europe » qui est en train de se révéler actuellement a avancé M. Todd. « Après guerre tant qu’on était sous occupation et protection libérales américaines, avec l’armée américaine face à l’Union soviétique, on a pu se raconter que l’Europe faisait partie du lieu de naissance de la démocratie libérale. La France peut-être, la Belgique, les pays scandinaves, l’Angleterre. Mais la réalité de l’Europe continentale ce n’est pas du tout la naissance de la démocratie », M Todd citant les régimes autoritaires et totalitaires qui ont fleuri dans les années 30, de l’Europe du sud à celle de l’Est.
« La réalité de l’Europe continentale » c’est qu’elle est « de tempérament politique et social autoritaire. » « Et peut-être que (c’est cette réalité là) qu’on est simplement en train de vivre avec la dérive de l’Union Européenne dans cette monnaie castratrice, dans ses règlements uniformisateurs, dans ses massacres de pays périphériques comme la Grèce (…). Séparée du monde américain qui était la liberté politique et économique, l’Europe revient ce qu’elle est, c’est-à-dire à un temperament illibéral. Et l’illibéralisme n’est pas celui d’Orban mais celui de tout le continent, sauf la frange maritime de la Mer du Nord et le Bassin parisien.»
Alors l’Europe rêvée, fantasmée par les Bruxellois existe-t-elle vraiment? Fait-elle battre le cœur des Européens? Dans un entretien accordé au JDD, réalisé lors de son déplacement aux Antilles, M. Macron n’a pu faire autrement que de taper toujours sur le même clou, en se posant comme le garant de la raison, du juste milieu, d’une UE porteuse d’une idéologie indépassable et qui ne saurait comme telle être remise en question.
Une obsession revendiquée par le chef de l’Etat: « Pour les élections européennes, je ferai tout pour que les progressistes, les démocrates et ceux dont je porte la voix – je l’espère incarnée par une liste la plus large possible en France – se fassent entendre. » « C’est un combat de civilisation, un combat historique et je ne céderai rien aux extrêmes. » « Je crois au retour des peuples. Je ne suis pas un européiste, ni un mondialiste. Je crois à l’identité forte de chaque peuple, je crois à l’histoire et à l’ambition de notre peuple. Je veux le convaincre que l’Europe, c’est ce qui l’accompagne, le protège. Je suis pour tourner la page d’une Europe ultralibérale, mais aussi pour éviter la page d’une Europe des nationalismes. L’Europe, c’est notre bonne protection. Encore faut-il la repenser et la rebâtir. »
Il est assez révélateur que M. Macron dans cette tirade reprenne, retourne, déforme le langage de l’opposition nationale à son profit tout en niant, contre l’évidence même, être un acteur d’une politique supranationale construite contre les peuples et leurs aspirations profondes. La crainte de nos élites réside bien dans le réveil national qui fleurit un peu partout sur notre continent et dont Bruno Gollnisch avait fait le thème du discours qu’il a prononcé samedi à Paris, lors de la Grande Journée d’Amitié Française organisée par l’Agrif. Oui, une autre Europe est possible, oui, il faut la repenser, la rebâtir, mais certainement pas en suivant la feuille de route de la Commission européenne qui nous mène à l’horreur; certainement pas en faisant de nouveau appel aux grands architectes et aux mauvais maçons qui l’ont conçu pour notre plus grand malheur.