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L’ami américain ?

Impeachment

Le procès en destitution du Président Trump devant le Sénat américain s’est achevé par un acquittement attendu. Les médias français (pas « Présent » bien sûr) n’ont fait que relayer complaisamment les accusations des démocrates : il aurait lors d’une conversation téléphonique tenté de faire pression sur le président ukrainien, pour essayer d’obtenir des informations sur le fils de Joe Biden, vice-président des États-Unis sous Obama, et sans doute l’un de ses plus sérieux adversaires. On ignorait que l’action politique devait toujours et partout rester un monde de « Bisounours », d’où toute préoccupation électorale devrait être bannie… Ce que presque tous les médias ont « oublié » de dire, c’est que le premier à avoir pratiqué cette forme d’ingérence n’est autre que… Joe Biden lui- même, qui, lorsqu’il était vice-président, avait tenté d’obtenir des autorités ukrainiennes qu’elles couvrent les agissements de son fils, suspecté de délits économiques ! En réalité, toute cette affaire ne prouve qu’une chose : C’est que la gauche, (aux USA : le parti démocrate), n’admet jamais le verdict des urnes : là- bas comme ailleurs, si elle gagne les élections, elle exerce le pouvoir. Si elle les perd, elle essaye de jouer le troisième tour dans le domaine médiatique, judiciaire ou social. Ici, la destitution n’avait aucune chance d’être votée, compte tenu de la majorité républicaine au Sénat. Mais les démocrates tablaient sur une « délégitimisation » de M. Trump, dont ils espèrent recueillir les fruits lors de la prochaine élection présidentielle…

Contre l’establishment

Portrait officiel de Donald Trump. (Official White House photo by Shealah Craighead)

Je ne suis pas un défenseur inconditionnel de Donald Trump, même si je me suis réjoui de son élection, acquise contre tout l’establishment, notamment médiatique. J’avais participé à cette occasion à un grand dîner de gala à l’hôtel Intercontinental, en présence de son représentant. Ma seule présence avait suffi à faire fuir les membres du bureau de la délégation chargée des relations avec les États-Unis à l’Assemblée nationale, dont MM. Coppé et Dhuicq, membres des « Républicains », qui s’étaient décommandés au dernier moment !
Ceci étant dit, j’ai toujours affirmé, que M. Trump défendrait les intérêts des États-Unis, sans doute aussi ceux d’Israël, mais pas forcément ceux de l’Europe en général ni de la France en particulier ! Sa politique étrangère en fournit plus d’une illustration.

Iran

J’ai par exemple du mal à le suivre dans son hostilité méthodique à l’égard de l’Iran. Non pas que je sois un défenseur du régime de la république islamique, mais il est tout de même étonnant que les États-Unis s’inquiètent aujourd’hui d’une situation résultant directement de ce qu’ils ont fait en Irak, en détruisant la seule force politique à même (peut-être) de faire contrepoids à l’islamisme

radical, c’est-à-dire le nationalisme arabe laïque. C’est ainsi qu’en mettant à bas le système, certes autoritaire, du Baas irakien et de la dictature de Saddam Hussein, la «démocratie» qu’ils souhaitaient instaurer devait mécaniquement donner la majorité, et donc le pouvoir, à l’élément chiite, qui constitue la plus grande partie de la population irakienne. L’influence de l’Iran s’est ainsi étendue à l’Irak, puis à la Syrie, où la minorité alaouite, bien que ne participant pas du chiisme duodécimain (celui qui vénère 12 imams descendants d’Ali, dont « l’imam caché »), a plus d’affinités religieuses avec lui qu’avec le sunnisme. On a ainsi un arc d’influence : Iran, Irak, Syrie,…et Liban, où la population est aussi en grande partie chiite, militairement organisée par le redoutable Hezbollah.

Ceci étant dit, L’islam chiite a au moins un avantage : il est organisé selon une hiérarchie cléricale en même temps que politique. Il y a donc des interlocuteurs possibles, ce que ne permet pas l’extrémisme sunnite.

Accord déchiré

La remise en cause de l’accord sur le nucléaire, la reprise de sanctions qui ont pour but de mettre le pays à genoux, la récente élimination le 3 janvier par les drones américains d’un des plus hauts dignitaires militaires iraniens, le général Qassem Soleimani, ont eu pour effet de raffermir le régime, plutôt que de l’affaiblir. Après s’être aliénés de façon définitive les populations sunnites de la région, les États-Unis sont donc en train de faire de même avec les chiites. On est confondu devant tant de maladresse, si maladresse il y a. C’est ce genre de méconnaissance de la psychologie, de l’histoire, des traditions des populations locales, qui leur a valu aussi les sanglants et humiliants déboires subis en Indochine, où ils espéraient bien prendre la relève des Français, qu’ils avaient contribué à évincer. On sait ce qu’il en est advenu.

Sanctions

Outre le fait que ces sanctions n’atteignent pas leur but, elles lèsent les intérêts des Européens, et spécialement ceux de la France. En 2017, des entreprises comme Peugeot et Renault, avaient vendu respectivement 443.000 et 162.000 voitures en Iran, soit à elles deux 40% d’un marché iranien de l’automobile en progression constante. Quant à Total, il avait signé en novembre 2016 avec le gouvernement iranien un accord de principe pour le développement du champ gazier de Pars Sud situé dans le Golfe arabo-persique pour un montant de six milliards de dollars… Tout cela, et bien d’autres choses, est tombé à l’eau avec la politique de sanctions américaines.

Insupportable extraterritorialité

En vertu du principe d’extraterritorialité, le droit américain permet à Washington d’intimider, de terroriser, de rançonner des entreprises étrangères, et ce en raison d’activités commerciales accomplies hors du territoire des Etats- Unis. Contre tous bon sens, les USA s’autorisent ainsi un droit de juridiction sur toutes les transactions qui s’effectuent en dollars, même si aucun des cocontractants, personnes physiques ou morales n’ont la nationalité américaine, et même si la transaction n’a aucun rapport avec leur pays. C’est ainsi que la banque française BNP Paribas avait dû s’acquitter d’une monstrueuse amende de 9 milliards de dollars (à l’époque : 7 milliards d’Euros) en raison du fait que cette société française avait, par une de ses filiales suisses, continué de commercer avec l’Iran. Cette gigantesque spoliation, contraire au droit international, n’avait pas suscité la moindre protestation publique, ni du Président Hollande, que j’avais apostrophé à ce sujet lors de sa visite au Parlement Européen, ni non plus de la Commission européenne !

Incapacité européenne

L’Iran avait fait savoir que, malgré la rupture du traité relatif à son programme nucléaire du côté américain, il continuerait à le respecter si les Européens se montraient, du moins eux, capables de s’affranchir des sanctions que les USA veulent imposer. Mais que naturellement, dans le cas contraire, il reprendrait ses essais nucléaires. Ce n’est rien d’autre que la stricte application d’un vieux principe général du droit : l’exceptio non adimpleti contractus : je ne suis tenu de respecter un contrat que si mon co-contractant le respecte aussi. S’il n’en respecte pas les termes, j’en suis pareillement délivré. Or les Européens se sont montrés totalement incapables de faire acte de fermeté. Leurs velléités de résistance n’ont eu aucune suite. Pire : ils feignent maintenant de s’indigner de la reprise du programme nucléaire iranien, et mettent leurs pas dans ceux du gouvernement américain !

Vassalité

Je ne suis pas l’ennemi du peuple américain, au contraire. Peuple direct, souvent chaleureux, souvent aussi patriote et religieux. Mais je ne me crois pas obligé de suivre en tout les intérêts du gouvernement de Washington.
Je ne demande donc pas aux dirigeants français de partir en croisade contre les USA. Je leur demande de faire ce que font les dirigeants de ce pays : servir les intérêts de leur peuple ; les défendre ; se montrer exigeants sur l’indépendance de la nation ; et sortir de l’état de vassalité dans lequel nous nous trouvons depuis des années.

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