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Journal de confinement (III)

Lundi 6 avril. Un héros.

J’ai appris avec retard le décès annoncé, puis démenti, du Docteur Dor, défenseur de la Vie. Cet homme frêle et aveugle était doux et inébranlable. Un héros, ou un saint. 

Mardi 7 avril

Confinement efficace ?

Quel est vraiment l’effet du confinement, qui dure maintenant depuis trois semaines ? Si la durée d’incubation de la maladie se situe entre 4 et 12 jours, les dernières personnes contaminées avant le confinement devraient être aujourd’hui : ou mortes ou sorties d’affaire. Et le nombre de cas constatés, d’admissions en hôpital, d’entrées dans les services d’urgence, et de décès, devrait chuter spectaculairement. Or ces chiffrent ne cessent d’augmenter.

Statistique.

Ces chiffres, le professeur Salomon, (qui fut membre du cabinet de Marisol Touraine, ministre aux décisions calamiteuses) les énumère chaque soir. On se console comme on peut en disant qu’ils augmentent certes, mais que l’accélération de leur progression diminue ! En mathématique, c’est, je crois, « la dérivée seconde ». C’est comme pour le chômage : on présentait comme une régression le fait qu’il augmente, mais un peu moins vite qu’auparavant. L’humoriste américain Mark Twain disait que les statistiques étaient la forme suprême du mensonge. Nous a-t-on vraiment tout dit sur le processus de contamination ? 

Mercredi 8 avril : Absurdités. 

Comme toujours en France, le laxisme envers les uns va de pair avec l’excès de réglementation tatillonne pour les autres. Dans le Bas-Rhin un couple en voiture, pourtant muni de son attestation de sortie, se fait verbaliser, parce que le préfet aurait pris un arrêté interdisant d’être deux, que ce soit pour la promenade familiale ou pour les courses. Il me semblait jusqu’à présent que la voiture faisait partie du domicile. Absurde réglementation : au nom de la lutte contre la contamination, des époux qui partagent le même lit n’ont pas le droit d’être assis dans la même voiture. Comprenne qui pourra… 

Jeudi 9 avril

Désindustrialisation.

La télévision nous montre le triste sort de l’usine Sperian, à Plaintel, Côtes — d’Armor, qui fabriquait des masques médicaux, fermée il y a 18 mois en 2018 ! 

Avec 300 salariés, elle pouvait produire des milliers de masques par heure. Rachetée par Honeywell, elle n’était pas déficitaire, déclare son dernier directeur. Mais quand les Américains rachètent une entreprise étrangère, ils en attendent un rendement à deux chiffres. Autrement, on ferme, on brade, et on place l’argent ailleurs. C’est ce qui s’est passé. Des voix s’élèvent pour en demander d’urgence la réouverture, à tout prix. Il le faut. 

Initiatives.

On nous montre par ailleurs les efforts d’une couturière de robes de mariée, qui, dans cette période sans guère de mariages, s’est mise à coudre artisanalement des masques en tissu. La séquence est touchante, comme le sont beaucoup d’initiatives d’adaptation ou d’entraide. Mais hélas rien de tout cela ne palliera la dramatique et criminelle destruction de notre outil industriel ces dernières décennies. 

Vendredi 10 avril : Mensonges d’État.

Le Professeur André Grimaldi

Vendredi saint. À 22 heures, je tombe sur l’émission : « Tambour battant », de la chaîne « Demain TV », chaîne militante qui n’est pas de mes idées. Le Professeur André Grimaldi, diabétologue, chef de service à l’hôpital la Pitié-Salpêtrière, y démonte les mensonges de Madame Buzyn sur le financement de l’hôpital public, dont elle se targuait d’avoir augmenté les moyens… après les avoir considérablement diminués. Implacable démonstration. 

Samedi 11 avril : Porte-avions.

Retour du Charles-de-Gaulle à Toulon. La mission a été interrompue par la contamination de l’équipage, à partir, semble-t-il, d’un cas isolé. Récemment, le porte-avions américain USS Théodore Roosevelt, avait plus de cent malades à bord. Son commandant, le Capitaine de Vaisseau Brett Crozier, réclamait de pouvoir les débarquer à Guam, estimant que, n’étant pas en temps de guerre, il n’y avait aucune raison de risquer leur vie. Sa lettre ayant été rendue publique, il a été relevé. Débarqué, il a quitté son navire sous les acclamations de l’équipage. Le secrétaire d’État à la Marine, Thomas Modly, a dû démissionner. 

Dans la Marine nationale, on m’avait enseigné, comme à tout militaire, les périls de la guerre NBC : nucléaire, bactériologique, chimique, en mettant plutôt l’accent sur le nucléaire, ou le chimique (gaz Sarin, Tabun, etc.). Mais ces deux incidents ouvrent des perspectives « remarquables » à la guerre biologique. Ils prouvent qu’il suffirait de contaminer, de façon invisible, un seul membre d’équipage par un virus contagieux, pour que bientôt un navire (ou un régiment) soit rendu inopérationnel. Belles réflexions en perspective pour les états-majors des nations, ou pour ceux des groupes terroristes… 

Dimanche 12 avril : Pâques

Triste fête de Pâques. La messe est célébrée par le pape dans la basilique Saint-Jean de Latran, presque vide. La télévision ou la radio ne remplacent pas la présence physique.
Puisqu’il est possible, moyennant précautions, de continuer à fréquenter les supermarchés, n’aurait-on pas pu faire de même dans certaines églises ? L’AFP « épingle » une prétendue « messe clandestine nocturne » à Saint-Nicolas du Chardonnet — en fait la Vigile pascale, si peu « clandestine » qu’elle était diffusée en direct sur internet ! La « fake news » s’accompagne d’une photo représentant l’église pleine de fidèles… qui est une photo d’archives. La vidéo réelle ne fait apparaître que les célébrants et assistants de chœur, sans concours de peuple, exactement comme les célébrations diffusées sur la chaîne publique France 2 ou sur KTO. 

Messe « clandestine » (sic) filmée et retransmise en direct.

Très bonne intervention télévisée de Marine Le Pen à 19 h sur LCI. Claire, percutante. Il faut compter sur nos propres forces : mobiliser notre industrie, pour disposer enfin des masques, des tests, et des appareils sanitaires qui nous font si cruellement défaut. 

Lundi 13 : Lundi de Pâques.

Humour.

« Chic, ce lundi est férié ; on va pouvoir rester chez soi » m’envoie plaisamment un ami.

Miracle.

Touchée par la grâce, France-Info TV diffuse les conseils des sœurs bénédictines cloîtrées Anne, Diane et Béatrice, de l’Abbaye de Boulaur Sainte — Marie, dans le Gers, pour supporter le confinement, dont elles ont l’habitude ! Leur sourire est un petit rayon de soleil dans une actualité plutôt morose.

Macron.

Longue intervention du Chef de l’État. Après les remerciements d’usage — d’ailleurs justifiés aux corps de métier exposés, il reconnaît enfin l’impréparation, les failles, les insuffisances, les ratés, les lenteurs. Mais c’est aussitôt pour se féliciter, avec excès, des capacités d’adaptation que l’on aurait démontrées… Puis vient le concret : le confinement est prolongé encore d’un mois, jusqu’au 11 mai. Même alors, il subsistera partiellement. Les vieux seront priés de ne pas bouger jusqu’à nouvel avis. Les écoles seront ouvertes, mais — sait-on pourquoi ? — pas les Universités. Le Président souhaite que les banques et les assurances consentent à des sacrifices pour leurs clients en difficulté, mais convient que pour le moment ce n’est guère le cas. Il promet des aides diverses : pour les établissements de tourisme, de spectacles, les artistes, les familles défavorisées, les étudiants, et, plus loin, les pays d’Afrique…
Mais comment être sûr que la pandémie ne va pas recommencer ? Après le 11 mai, on fournira enfin des tests… mais seulement pour les personnes présentant des symptômes, et aussi des masques « grand public »… ces masques dont on nous disait naguère qu’ils ne servaient à rien pour le « vulgum pecus ». Le pistage des contacts par les ondes (« tracking ») est à l’étude ; il serait volontaire, anonyme, et limité dans le temps. S’en suit un plaidoyer pour plus d’autonomie stratégique et d’indépendance économique. M. Macron a-t-il compris que le « Monde Nouveau » qu’il prétendait incarner s’est déjà effondré ? Après la crise, « il nous faudra nous réinventer, moi le premier », conclut-il. Vaste programme… 

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