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Journal de confinement (V)

Mardi 21 avril 2020 : Le Pen. 

Dix-huit ans déjà depuis l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, le 21 avril 2002, qui plaçait Jean-Marie Le Pen en finale, battant Lionel Jospin, Premier Ministre socialiste sortant et grand favori. Événement de dimension planétaire. Directeur de campagne, j’étais à 20 heures sur les plateaux de télévision. Voir la tête de beaucoup de politiques, journalistes, et autres « politologues » a compensé pour moi bien des épreuves passées…

Mercredi 22 : Raoult.

Je n’ai aucun a priori, au sujet du Pr. Raoult, ni aucune compétence pour juger de ses travaux, reconnus mondialement. Mais il n’est pas nécessaire d’être docteur en médecine pour faire quelques constatations :

  1. Le 13 janvier 2020, alors que la crise est documentée en Chine, Mme Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, épouse de M. Lévy dont l’hostilité à l’égard du Pr. Raoult est notoire, prend un arrêté interdisant la vente libre de la chloroquine, médicament qui peut comme tous comporter des effets secondaires, mais en vente libre depuis plus de cinquante ans, et consommé par des millions de personnes pour se prémunir du paludisme. Question : Pourquoi cette décision soudaine ? La faveur du Pr. Raoult pour ce médicament y serait-elle pour quelque chose?
  2. Le Pr. Raoult, soutenu par de nombreuses sommités (Pr. Christian Perronne, entre autres), dit avoir obtenu des résultats concluants en administrant ce médicament au début de la maladie, associé à un antibiotique pulmonaire, l’azithromycine. Le médicament ne ferait plus d’effet lorsque la maladie est trop avancée. Or c’est à ce stade seulement que le gouvernement en avait autorisé la prescription à l’hôpital. Quant à l’essai thérapeutique « Discovery », qui devait soi-disant trancher la question, il y est procédé sur des malades en phase avancée, et sans antibiotique.
  3. Question : A-t-on fixé des conditions aussi différentes du protocole du Pr. Raoult pour être sûr d’aboutir à un constat d’échec ?
  4. Question subsidiaire : les rivalités personnelles ou conflits d’intérêts sont-ils ici passés avant le souci des patients ?

Jeudi 23 : Printemps (suite).

J’ai le privilège d’habiter à la campagne, dans une grande maison, qui héberge mes cartons d’archives et bouquins en tous genres, et surtout d’avoir un jardin. Les rhododendrons sont en fleurs, et les rosiers commencent à l’être. Mes petits érables japonais arborent désormais leurs feuilles légères, vertes, dorées, ou rouges, selon les variétés. Émerveillement banal : je vois dans ce renouveau de la Nature et dans cette beauté du printemps une preuve de l’existence de Dieu, ( « Voyez les lis des champs… »). Preuve qui se dispense de savants raisonnements théologiques, dont je serais bien incapable…

Vendredi 24 : Comparaison.

Ma fille cadette m’appelle de Hong Kong, où son mari et elle travaillent pour des entreprises françaises. Ce territoire exigu, où vivent 7 millions d’habitants, soit 7000 au km2 (en France, en moyenne, c’est moins de 100), aux échanges quotidiens avec la Chine voisine, devrait être un bouillon de culture pour le virus. Or l’épidémie y est parfaitement maîtrisée. Je vois sur mon téléphone, par vidéo, la rue animée où elle habite. Aucun confinement. Simplement, tout le monde porte un masque. Dépistage, quarantaine, interruption dès le début des liaisons humaines avec la Chine continentale et avec le monde extérieur. Les nouveaux cas diagnostiqués, qui se comptent sur les doigts d’une main, sont ceux d’expatriés revenant sur place, notamment d’Europe, et aussitôt placés en quarantaine. Le niveau sanitaire du secteur est d’ailleurs excellent, avec une espérance de vie moyenne qui est le record du monde (82 ans)…

Samedi 25 : Ubu

Une annonce que l’on présente comme favorable, mais que je trouve surréaliste : un arrêté autorise enfin les pharmaciens à vendre des masques au public. Le texte spécifie qu’il ne doit s’agir que de masques «non sanitaires» (sic !) dits encore « grand public » ou «alternatifs », c’est-à-dire pouvant être bricolés par n’importe qui. Pour autant, notre industrie n’est toujours pas en mesure de fournir à l’ensemble de la population un article simplissime, composé d’un morceau de tissu accroché par deux élastiques…
Quatre mois de crise sanitaire gravissime avant de prendre cette décision ! Et d’ailleurs, pourquoi une autorisation ? Les pharmaciens ne sont-ils pas assez compétents pour savoir ce qu’ils avaient à faire, et pour le faire sous leur responsabilité ? N’ont-ils pas fait assez d’études ? On vérifie ici que la bureaucratie, non seulement ne protège pas le citoyen, mais le paralyse et l’empêche de se protéger par lui-même…

Dimanche 26 : Weber

On apprend la mort, par suite du virus, de Henri Weber. Né de parents juifs polonais émigrés en URSS… et déportés au Tadjikistan (où naquit leur fils, à Leninabad), puis revenus en Pologne avant d’atterrir en France, ce passé familial ne l’avait pas guéri du marxisme. Il fut un ardent militant trotskiste de la très violente et très sectaire Ligue Communiste Révolutionnaire d’Alain Krivine. Avec Daniel Cohn-Bendit, Daniel Bensaïd et quelques autres, il fut l’un des leaders étudiants de mai 68. Sa participation aux violences universitaires ne le gêna pas, tout au contraire, pour décrocher un poste académique d’assistant. Plus tard, grâce notamment à Laurent Fabius, il devint un notable socialiste, comme beaucoup de militants d’extrême-gauche, et notamment trotskistes. Sénateur, puis député européen de 2004 à 2014, il était une figure du parti socialiste.

Lundi 27 : Assassin.

T., 29 ans, au volant de sa BMW série 1 noire (!), percute de plein fouet, et délibérément, deux policiers motards à Colombes. Tous deux très grièvement blessés. Militant pro-palestinien et islamiste, il a revendiqué son geste. Pendant l’épidémie, le terrorisme continue…

Mardi 28

À l’Assemblée

Le Premier ministre y vient exposer son plan de déconfinement. Ce sera suivi d’un débat et d’un vote, aussitôt après. L’opposition avait demandé un délai de 24 heures pour réfléchir et se concerter, avant de se prononcer. Demande, très raisonnable, et pourtant refusée. On excipe de ce que cela retarderait d’autant les nombreuses réunions du Premier ministre. Prétexte dérisoire : le gouvernement est représenté dès lors qu’un seul ministre siège sur ses bancs. Le vote pouvait très bien avoir lieu en présence du seul ministre chargé des relations avec le parlement, en l’occurrence (je le découvre en écrivant cet article), M. Marc Fesneau…

Déconfinement.

Quant à l’exercice, il faut reconnaître qu’il n’est pas facile. Le plan de l’exposé est assez bien structuré, mais ne pallie pas le flou des mesures proposées. On déconfine sans complètement déconfiner, et en se réservant la possibilité de reconfiner. Exercice de justification en ce qui concerne les masques et les tests, dont l’utilité avait été si fortement niée par lui-même, par la ministre de la Santé, par la Porte-parole du gouvernement, afin de cacher notre terrible carence. Mais le problème n’est pas résolu.

Autre sujet d’intérêt : le Premier ministre paraît désireux de partager avec d’autres la responsabilité de mesures dont on ne sait trop si elles permettront la reprise de l’activité économique du pays, ou provoqueront une recrudescence de l’épidémie. On fera appel aux préfets, aux maires, aux autorités locales, aux « acteurs sociaux » aux civils, aux bénévoles, et on laissera les parents décider d’envoyer ou nom leurs enfants à l’école. Après la redécouverte du rôle de l’État comme protecteur de la Nation, redécouvre-t-on le principe de subsidiarité ? Si tel était le cas, et comme le dit la sagesse populaire : « À quelque chose malheur est bon ».

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