Dans un article publié dans le Figaro il y a six ans, j’évoquais une question rarement traitée : les effets selon moi pervers de l’actuel droit de l’urbanisme, une législation typiquement socialiste dans son inspiration, sinon dans ses auteurs. » En pleine crise économique, nous conservons en effet une législation immorale, spoliatrice, contraire aux aspirations des Français, pénalisante pour l’emploi, et même destructrice de l’environnement. «
Je mettais en cause, successivement, la stérilisation des terres sous le prétexte totalement fallacieux de protéger l’agriculture, la véritable spoliation sans indemnité que constitue souvent le classement injustifié d’un terrain en inconstructibilité, le pouvoir exorbitant donné aux édiles de faire varier la valeur d’un terrain de un à cent, simplement en déplaçant une ligne sur un plan d’occupation des sols (P.O.S.) les pressions, corruptions et arbitraires auxquels donnaient lieu l’ établissement de ces plans. Résultats : le coût élevé des prix du foncier résultant de la raréfaction artificielle, par les pouvoirs publics, des terrains constructibles,
Je préconisais la moralisation de l’urbanisme, la restauration du droit de propriété, l’indemnisation des propriétaires de terrains déclarés inconstructibles, des exigences plus grandes relativement à l’insertion des constructions dans le paysage environnant, mais en contrepartie une plus large constructibilité des terrains, donc une baisse des prix du foncier, et grâce à cela la relance de la construction, surtout en faveur de la maison familiale, espérance de beaucoup de Français, méprisée aussi bien par les technocrates conservateurs que par les idéologues de gauche.
Protéger l’environnement
Enfin, en ce qui concerne l’environnement, je m’efforçais de montrer que l’inconstructibilité abusive de la plus grande partie de notre patrimoine foncier, s’est révélée totalement inefficace à le protéger. Elle n’a pas empêché le bétonnage massif – au contraire : quand un promoteur a le bonheur de disposer d’une parcelle de terrain hors de prix, il souhaite rentabiliser son investissement en construisant aussi haut qu’il le peut. C’est ainsi que dans toutes nos villes, inexorablement, le patrimoine immobilier ancien disparaît.
J’ajoutais qu’il en était de même en matière de protection de la nature : « sous prétexte de protéger les forêts méditerranéennes, on a décrété l’inconstructibilité totale des terrains dans la région (« totale » sous réserve, bien sûr, de passe-droits qui ont défrayé la chronique des scandales politiques).
Les résultats sont là. Les propriétaires n’ont pas procédé aux débroussaillages nécessaires, dont le coût, très supérieur au revenu (inexistant) des terrains en question, approche parfois leur valeur ! La sécheresse, l’inconscience des uns, la malveillance des autres, l’incurie de l’Etat en matière de protection civile, ont fait le reste : la forêt méditerranéenne est aujourd’hui presque complètement détruite, et ce qui en reste le sera bientôt. Une plus large autorisation de construction de maisons aurait augmenté le nombre de propriétaires. La valeur accrue des terrains, leur aurait donné les moyens – et l’intérêt – pour le déboisement. Des voies nouvelles auraient facilité l’accès des secours et les coupe-feu. Les incendies naissants auraient été signalés plus tôt, les canalisations d’eau, voire les piscines, auraient aidé à les combattre; les malveillances ayant pour but de détruire la forêt pour rendre les terrains constructibles seraient devenues sans objet, etc., etc. La forêt méditerranéenne aurait été « mitée » ? Peut-être ! mais elle existerait encore, au lieu du spectacle de désolation qui couvre des milliers d’hectares « .
On conviendra que, publié en 1997, cet article reste toujours d’actualité en 2003. Chacun a le droit de penser qu’il y a d’autres moyens de protéger la forêt méditerranéenne : augmenter les moyens de lutte efficaces que sont les Canadairs et aéronefs similaires, mettre au point un véritable plan de mobilisation avec des moyens militaires, affecter des chômeurs indemnisés à des travaux de débroussaillages, implanter des espèces moins sensibles à l’incendie que le pin, comme le chêne-liège ou l’olivier. ..
Toutes ces suggestions – et d’autres sans doute – peuvent être discutées, et, si leur efficacité est réelle, mise en œuvre. Tout, plutôt que l’inaction.
Mais on n’a rien fait, contre un phénomène qui se produit à intervalle s réguliers depuis quarante années au moins. Incurie, incompétence, absence de volonté politique…
Nos dirigeants laissent brûler la forêt méditerranéenne comme ils laissent détruire la France. Avec un traitement cosmétique : bonnes paroles, gadgets, vœux pieux, condoléances aux victimes… à l’heure où j’écris ces lignes, trois pompiers viennent d’en mourir.
Il est temps que le Front National et Jean-Marie Le Pen assument la direction de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, pour commencer.
Je dis « pour commencer ». Car dans toute la maison France, aussi, il ya le feu !