Mais ce qui est frappant dans les commentaires des journalistes, un an après le rejet de la constitution, c’est le passage sous silence quasi général du rôle déterminant joué par le Front National dans cette victoire du NON avec près de 55% des suffrages. Une attitude qui prouve que nous sommes bien rentrés en campagne présidentielle et qu’il s’agit de ne pas faire outre mesure de publicité pour la clairvoyance du candidat Jean-Marie Le Pen, en phase avec les Français, qui là aussi avait annoncé fort longtemps à l’avance l’inéluctable échec du camp du OUI à la mort de la France en tant que nation souveraine. Ce sont bien en effet les millions d’électeurs du FN qui ont fait la différence, « le poids des bataillons lepénistes qui ont silencieusement provoqué la victoire du NON » rapportait Renaud Dély dans Libération il y a un an, alors même qu’une enquête d’opinion dont faisait état LCI le 30 mai 2005 démontrait, a contrario, qu’au sein des quelques centaines de milliers de voix que pèse le MPF un électeur villiériste sur quatre avait voté OUI le 29 mai… Cette prégnance de l’électorat frontiste dans ce triomphe du NON, dissimulée aujourd’hui, avait été soulignée à l’époque par un sondage Louis Harris sur « la structure du vote » qui s’est exprimé le 29 mai, enquête démontrant que 92% des électeurs du FN s’étaient engagés en faveur du NON. Un sondage indiquant encore que 67% des Français ayant voté NON à la Constitution euro-turque estiment « qu’il y a trop d’étrangers dans notre pays »… Selon un autre sondage, celui de TNS Sofres pour Le Monde RTL et TF1 publié le 30 mai 2005, deux personnalités politiques arrivaient en tête à la question posée de savoir qui étaient les bénéficiaires du résultat de ce référendum : Laurent Fabius (34%) et Jean-Marie Le Pen (27%).