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Colloque du Conseil Scientifique du Front National

Le Conseil scientifique du FN, présidé par Hugues Petit, tenait ce samedi à St-Cloud un colloque sur le thème « Quelle France et quelle Europe dans le monde de demain ? « . Cette réunion, qui a fait la part belle aux réflexions et aux propositions des personnalités frontistes et européennes invitées, a littéralement passionné les 150 auditeurs présents.

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Après le Non : retrouver le droit des gens européens

Par Bruno Gollnisch
Délégué Général du Front National
Député européen

Placés devant la nette victoire du « NON » au projet de ratification du traité constitutionnel européen, les partisans de ce traité dressent un sombre tableau de la situation. Ayant reproché à leurs adversaires d’agiter des peurs injustifiées, n’encourent-ils pas aujourd’hui exactement le même reproche ?

Ce qui restera

Pourtant, la nette victoire du NON n’est pas la fin du monde. Quoi qu’on en ait dit, il n’y aura pas de résurgence des antagonismes heureusement disparus. Ce n’est d’ailleurs pas l’indépendance nationale qui a provoqué les guerres civiles européennes que furent les conflits mondiaux ; ce sont au contraire les menaces contre l’indépendance nationale, que nos voisins n’exercent plus.

Le refus d’un Super-Etat Eurocratique bien éloigné des bénéfiques influences de l’Empire Romain, ou même du saint Empire médiéval dont le roi de France « empereur en son royaume » se faisait d’ailleurs l’égal, ce refus ne fait pas de nous des anti-européens. Au contraire ! Notre « NON » est conforme à la vraie tradition européenne, puisque l’Europe, cette petite péninsule située à l’extrémité de l’immense continent asiatique est l’espace qui a inventé la liberté et légalité des nations :

Ce modèle est sans équivalent ailleurs : ni le modèle chinois traditionnel, avec ses cercles concentriques de subordination au fils du Ciel, ni le modèle islamique du Khalifat, ni le modèle marxiste de la domination de la « patrie des travailleurs » sur ses satellites n’en offrent d’exemples.

Le NON ne porte bien sûr aucune atteinte à ce qui relève de ce « droit des gens européen » et à ses perfectionnements, et notamment :

Le vote NON ne sera pas non plus, il est vrai, la solution de tous nos problèmes. Juridiquement, le Traité de Nice restera en vigueur – dont Valéry Giscard d’Estaing nous dit aujourd’hui qu’il est le plus défavorable aux intérêts de la France que l’on ait jamais conclu. Mais Jacques Chirac et Lionel Jospin, sous les auspices desquels il avait été conclu, lorsqu’ils présidaient le Conseil Européen, le présentaient à l’époque comme une considérable avancée.

Nous resterons donc avec ce dispositif, susceptible de renégociations dans la pratique, comme M. Delors l’a reconnu à demi-mot.

Que l’on ne vienne pas dire que cette perspective d’une renégociation est utopique ou que les textes ne la prévoient pas. La France a, dans le passé, pratiqué la politique dite « de la chaise vide », et elle avait obtenu le « Compromis de Luxembourg », qui lui donnait satisfaction.

Elle peut surtout à cet égard mettre en œuvre la clause de réciprocité contenue dans l’article 55 de sa constitution, jamais invoquée jusqu’à présent. Il ne manquerait pas de motifs pour l’invoquer, ne serait-ce que les illégales manœuvres menées contre Strasbourg, en violation des traités.

Renouveau européen

Mais le vote NON peut être l’amorce d’un renouveau :
– Au plan européen, il empêchera le train fou qu’est aujourd’hui devenue l’Union Européenne d’aller dans le précipice. L’augmentation indéfinie des domaines d’intervention, véritable machine à broyer les identités nationales, se trouve bloquée, ce qui, de soi, n’a aucun caractère « négatif ». Le processus d’adhésion de la Turquie est, au moins provisoirement, entravé. La boulimie de compétences de l’Union européenne est enfin remise en cause. Ceci obligera donc à recentrer la coopération sur des projets précis, chiffrés, identifiables quant à leur rapport coûts-avantages : Airbus, Ariane, le CERN (Centre Européen de Recherche Nucléaire sur la structure de la matière). Mais aussi, par exemple, les bourses d’étudiants Erasmus, ou les projets trans-européens de liaisons fluviales, ferroviaires, aériennes, le système européen de positionnement par satellite Galileo, toutes actions légitimes de coopération qui n’ont aucune raison de s’arrêter, au contraire.

En refusant l’adhésion de la Turquie, au seul motif que la Turquie n’est européenne ni sur le plan culturel, ni sur le plan linguistique, ni sur le plan religieux, ni même sur le plan historique, un état européen, nous sommes des défenseurs plus conscients et plus exigeants quant à l’identité européenne que nos adversaires prétendus « européistes »
De même, en réclamant que cet ensemble européen, à l’intérieur duquel les cloisons avaient sauté, mais qui devait être un ensemble cohérent soit raisonnablement protégées sur son pourtour à l’égard des flux financiers, des flux migratoires, des invasions des produits fabriqués à vil prix par les millions d’ouvriers sous-payés du tiers-monde, ce qui n’est plus le cas depuis que cet espace a été intégré dans l’OMC, nous sommes à tous prendre plus soucieux des intérêts de l’Europe que nos adversaires. Et nous sommes de meilleurs défenseurs qu’eux des traditions européennes, quand nous défendons la famille, la vie, les corps intermédiaires, le droit naturel, la personne.

Si toutefois par extraordinaire, le système de l’Union Européenne devait définitivement se bloquer, d’autres coopérations internationales seraient parfaitement concevables.

Alliance franco-russe

Avec par exemple les pays et les peuples européens qui ne font pas encore partie de l’Europe (Serbie, Ukraine, Biélorussie, Russie). Nous pourrions renouer avec une tradition nationale naturelle en termes de géopolitique, qui va du mariage d’Anne de Kiev avec le futur roi de France, il y a presque mille ans, à l’Alliance Franco-Russe scellée à la fin du XIXe siècle. Il ne s’agirait pas ici comme par le passé d’une alliance défensive, mais de faire que l’Europe ainsi réconciliée surmonte sa grande division, qui remonte au partage de Théodose au IVe siècle entre Empires latin et grec, et à la séparation sous Photius du catholicisme et de l’orthodoxie. Cette ligne de partage est très exactement le méridien de Sarajevo, ligne d’affrontement de 1914 à nos jours. Refaire l’Unité de l’Occident, abroger les conséquences politiques de la division de l’Europe chrétienne, participer -à profits partagés- à la mise en valeur des richesses naturelles de ces immenses espaces ; voilà un champ d’action nouveau.

Ou une Union latine

Une autre piste supposerait une volonté politique nouvelle, en particulier dans les autres pays concernés. Elle requiert la coopération des Etats latins : France, Espagne, Portugal, Italie, Roumanie, avec la mise en œuvre de leurs réseaux d’influence pour les trois premiers de ces pays, influence tenant aux liens historiques, culturels, économiques, politiques avec de nombreux pays dans le monde. Les quelques 52 Etats francophones, hispanophones, lusophones représentent une masse d’un milliard d’êtres humains. Une force culturelle capable de faire contrepoids à l’impérialisme culturel anglo-saxon. Une force politique décisive dans le concert des Nations-Unies. Un terreau pour un vrai développement du tiers monde, fondé sur l’intérêt réciproque de tous les acteurs concernés.

Sursaut National

En tout état de cause, au plan national, la victoire du NON ne sonne pas seulement la fin d’une illusion, mais aussi celle d’un alibi. Celui de nos dirigeants politiques dans la constante évasion de leurs responsabilités. « C’est à cause de Bruxelles » ne pourra plus être l’excuse de l’inaction, des promesses non tenues, des réformes en souffrance. Cette victoire peut être l’occasion d’un sursaut national, renouveau dans lequel nous ferions enfin jouer, au service de nos intérêts légitimes, les atouts réels que sont :

On a voulu faire peur aux Français en leur disant que la claque fantastique que constituerait le vote NON contre l’établissement politique ouvrirait une crise de régime. Mais quand le régime est pourri, la crise de régime est salutaire !

Nous ne sommes pas chargés d’organiser la survie d’une classe politique

Nous ne sommes pas chargés de la survie du système, nous sommes chargés de la survie de la France.

Le 29 mai, en disant NON, elle a manifesté comme un malade qui sort du coma, son premier réflexe, celui de l’instinct de conservation, celui d’un peuple qui ne veut pas mourir ! A nous de lui offrir en 2007 l’occasion de sa renaissance !

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