Monsieur le Président, les félicitations du groupe Identité-Tradition-Souveraineté vous sont naturellement acquises. Elles sont acquises à votre personne, elles sont acquises à vos qualités, à vos qualités humaines, à votre courtoisie et aussi aux espoirs d’une gestion impartiale de ce Parlement que nous formons.
Certes, nous trouvons un peu gênant que votre élection, au demeurant parfaitement méritée puisque vous étiez auparavant le leader du groupe le plus important de ce Parlement, soit acquise au prix d’un compromis entre les deux groupes principaux qui, comme j’ai eu l’occasion de le dire hier, sont rivaux devant les électeurs mais, un peu trop souvent à notre goût, sont d’accord quant à la gestion de ce Parlement et à l’avenir de l’Europe.
Nous comptons sur vous, Monsieur le Président, pour faire respecter les droits des députés. Ces droits des députés doivent être égaux pour tous. Ainsi, la protection de l’immunité parlementaire du député qui est atteint dans sa liberté d’expression vaut aussi bien lorsque le parlementaire appartient au courant dominant que lorsqu’il appartient à la minorité. Le règlement ne doit pas être changé en fonction du fait que ces dispositions ont pu bénéficier à un groupe minoritaire.
Je voudrais me permettre d’évoquer un souvenir. J’entendais ce matin le Président de séance, notre doyen d’âge, M. Berlinguer, s’exprimer et conclure très rapidement en disant: « Je ne puis prononcer de discours du doyen d’âge puisque le règlement me l’interdit ». Or, le règlement le lui interdit à la suite d’une modification qui a privé le doyen d’âge de cette faculté alors qu’il était de notre sensibilité. Il s’agissait de Claude Autant-Lara, le plus grand cinéaste français. C’est après son discours, peut-être sujet à controverse, que cette disposition du règlement a été modifiée. Il est fâcheux que cette mesquinerie nous ait privés d’entendre ensuite le discours qu’aurait pu prononcer Otto de Habsbourg ou, ce matin, le discours qu’aurait pu prononcer le doyen Berlinguer, même s’il n’est pas du tout des mêmes opinions politiques que moi-même.
Enfin, Monsieur le Président, nous comptons sur vous pour nous défendre, pour défendre les droits et la dignité des députés. Votre prédécesseur, Pat Cox, avait su le faire quand M. Schulz, par exemple, avait été l’objet d’attaques de la part du Président en exercice du Conseil de l’époque. J’ai entendu hier au sujet de mon groupe, par exemple de la part de la représentante de la Commission, Mme Wallström, des commentaires tout à fait déplacés. Il convient de rappeler à cette fonctionnaire que c’est le Parlement qui contrôle la Commission et non pas l’inverse. Il n’y a pas de députés à demi-part. En effet établir un cordon sanitaire autour de certains députés reviendrait à revendiquer une politique de discrimination envers leurs électeurs, et nous comptons précisément sur vous pour vous opposer à une tendance qui traduirait une fâcheuse dérive totalitaire.
(Applaudissements)