Bruno Gollnisch, délégué général du Front national et principale figure de l’opposition à Marine Le Pen, revient sur le congrès du FN programmé les 17 et 18 novembre.
Auriez-vous souhaité que ce congrès ouvre la succession ?
C’était une possibilité. Malgré les qualités exceptionnelles de Jean-Marie Le Pen, il n’est pas illégitime de penser à sa succession. Il aurait pu décider de l’ouvrir à ce congrès, et, fort de son autorité morale, arbitrer une compétition entre Marine Le Pen, moi-même et éventuellement d’autres personnes, tout en conservant ensuite un rôle politique important.
Vos partisans vous reprochent de ne pas vous présenter.
Si Le Pen n’avait pas été candidat, je l’aurais été. A partir du moment où il a déclaré qu’il briguait un mandat de transition, il n’était pas question, compte tenu de ce que le mouvement et moi-même lui devons, que je lui fasse concurrence. Je reporte donc ma candidature au congrès suivant.
Des membres du bureau politique, dont Carl Lang, ont décidé de ne pas se représenter au comité central, qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas ma démarche. Cela étant dit, le comité central est surtout l’antichambre du bureau politique (BP). Quant au BP, Le Pen a déclaré qu’il le considérait comme un exécutif et qu’il souhaitait de ses membres un soutien total. Des cadres qui voient, eux, cette instance comme délibérative et ne veulent entrer ni en dissidence ni en rébellion ont décidé de ne pas être candidats. Je respecte ce choix.
Vous avez dit songer à abandonner certaines de vos fonctions. Avez-vous pris une décision ?
Je prépare ma succession comme responsable de l’importante fédération du Rhône. Pour la délégation générale, je crois, contrairement à d’autres, à son utilité, mais j’accepterai, si on me le demande, d’être remplacé à cette fonction. Je souhaiterais cependant conserver une responsabilité dans l’appareil interne du FN.
Une vice-présidence aux affaires internationales ?
Je m’occupe déjà des affaires internationales en tant qu’eurodéputé et président du groupe Identité, tradition, souveraineté au Parlement européen. Une vice-présidence n’aurait de sens que si je conservais un rôle dans l’appareil interne du mouvement. Je crois, par exemple, qu’il y a un effort à poursuivre dans le domaine de la formation. Mais c’est au président de définir l’organisation qu’il souhaite.
Des régionalistes, nationalistes et radicaux aimeraient créer une structure à l’extérieur du FN. Qu’en pensez-vous ?
Le Front demeure, en dépit de ses récents revers électoraux, la seule force politique d’envergure capable de mener le combat de la défense de l’identité nationale. Toute autre tentative me paraît vouée à l’échec. Ceci étant, le fait qu’il y ait beaucoup de groupes et individualités à sa porte pose problème. Quelles que soient nos divergences, il faut que le parti conserve son rôle de rassembleur.
Pensez-vous que M. Le Pen soit disposé à rassembler à nouveau tous ceux qui sont partis ?
Le congrès nous éclairera à ce sujet. La grande difficulté du rôle de président est de veiller à la fois à la discipline, à la cohérence de l’action, et de garantir l’ouverture et la diversité. Cela dit, on ne peut pas accepter tout et n’importe quoi. Il faut que nous conservions une cohérence. S’agissant par exemple du régionalisme, il faut distinguer l’attachement légitime à des libertés locales et aux identités provinciales des contributions au démembrement de notre pays par l’Eurocratie.
Et les Identitaires ?
Je suis solidaire d’eux quand ils sont persécutés pour servir la soupe au lard aux SDF. Pas quand certains dénient la qualité de Français aux personnes originaires de l’outre-mer ou ayant servi le drapeau français, en raison de leurs origines.
Propos recueillis par Christiane Chombeau
Article paru dans l’édition du 03.11.07.