L’Europe ne pourra pas, du moins dans un proche avenir, s’affranchir de sa dépendance extérieure pour ses approvisionnements énergétiques. Il est vrai que pour alléger ces contraintes, il faut diversifier nos dépendances, tant du point de vue des sources d’énergie que de celui des pays fournisseurs. Mais franchement, je ne vois pas l’intérêt, dans une démarche plus motivée, semble-t-il, par l’hostilité à la Russie que par un souci énergétique, de se mettre sous la coupe de la Turquie, point de passage obligé de votre fameux gazoduc Nabucco, systématiquement privilégié par rapport à d’autres projets. Ce pays disposerait d’un moyen de pression considérable.
Et en ce qui concerne Desertec, je ne vois pas non plus l’intérêt de dépendre de ce qui est, pour l’instant, un projet relevant d’une initiative privée. En fait, j’estime qu’il est contradictoire de vouloir mener une politique énergétique centralisée dans les mains de la Commission en même temps qu’on livre le secteur européen de l’énergie aux acteurs privés, ce qui entraîne une hausse des prix et une réduction des prestations, et influe dans le mauvais sens sur les choix énergétiques. Et surtout, j’estime que l’énergie est une chose trop cruciale pour la laisser sous la responsabilité des fonctionnaires de la Commission ou pour l’abandonner aux appétits de profits de quelques firmes.