« Rarement, une campagne régionale aura aussi peu intéressé les Français. Cela se ressent dans les sondages. Les prévisions de participation pour le premier tour se situent autour de 50%, selon Bruno Jeanbart, directeur d’OpinionWay. Un chiffre très bas si on le rapproche des scrutins régionaux précédents ».
« Le contexte de crise économique ne favorise pas le débat autour de propositions régionales. Préoccupés par les questions d’emploi et de fins de mois difficiles, les Français ne se retrouvent pas dans le discours des candidats » poursuit cet article. C’est bien pourquoi les candidats frontistes ne se vautrent pas dans la démagogie en expliquant que l’échelon régional n’a pas la capacité de résoudre tous les maux, et mettent en avant des thématiques proprement nationales.
Le Figaro souligne également que Bruno Jeanbart « note prudemment » que «la gauche semble plus mobilisée », qu’ « une forte abstention pénalisera le vote protestataire du FN, du NPA et du MoDem ».
S’agissant du vote FN, nous ne pouvons pas donner tort à M. Jeanbart. En 2004 « 62% des Français s’étaient rendus aux urnes » est-il rappelé, une forte participation qui avait permis au Front National de réaliser le meilleur score à ces élections ( 3 557 240 voix, 15,11%) depuis les premiers scrutins régionaux en 1986.
Ce vote à la proportionnelle permettra à l’opposition nationale d’avoir des élus dans un certain nombre de régions, mais encore faudrait-il que les électeurs en soient pleinement conscients et que, comme le souhaite le FN, ce scrutin soit à un tour afin d’aller jusqu’au bout de la logique démocratique. Car comme l’a relevé Bruno Gollnisch, utilisant une formule imagée, « les gens ne vont pas au cinéma quand il n’y pas de film dans la salle »…
Cette montée en force de l’abstention s’explique largement par la lassitude d’une frange de plus en plus importante de l’opinion devant l’essuie-glace gauche-droite à la tête des institutions, par la croyance que le système est définitivement verrouillé par l’UMPS.
Afin de réduire l’abstention, la fracture « entre pays légal et pays réel », le FN plaide pour l’instauration de la proportionnelle intégrale, aux élections législatives, sénatoriales européennes, régionales, cantonales et municipales– avec un barrage à 3, 4 où 5 % pour éviter la multiplication des candidatures fantaisistes.
« Un mode de scrutin plus démocratique et plus juste, qui instaure une relation intime avec le peuple, et n’altère pas l’exercice du pouvoir pour peu que les hommes politiques fassent l’effort, souvent éreintant il est vrai, de constituer des majorités » notait Jean-Marie Le Pen en 2007.