Pour autant, un article du Monde en date de ce jeudi, « Retour vers le FN pour la France qui se lève tôt », enregistre d’ores et déjà ce sursaut national et l’estime durable. Est ici relayé l’analyse du vote en faveur de l’opposition nationale le 14 mars, effectué par Jérôme Fourquet – directeur adjoint du département opinion de l’Ifop et l’université de Rouen. Une étude qui relève un « regain très net » du vote FN « dans le Nord-Pas-de-Calais, en PACA, en Rhône-Alpes, mais aussi en Ile-de-France (Val d’Oise et Seine-et-Marne notamment) ».
Pour M. Fourquet, deux phénomènes se conjuguent. D’abord un électorat plutôt aisé, voire bourgeois, aux valeurs traditionnelles et droitières, qui ne se retrouve plus dans l’action de Nicolas Sarkozy ». « Désormais associé à l’UMP, le MPF de Philippe de Villiers a échoué à conserver au sein de la majorité présidentielle cette frange dure de la droite ». A titre d’exemple, le quotidien relève le cas d’une ville comme Fontainebleau (Seine-et-Marne) et du XVIème arrondissement de Paris qui « a été tout à la fois l’endroit où l’on s’est beaucoup abstenu et où l’on a le plus voté FN dans la capitale ». Second phénomène relevé par l’étude : un électorat de petites classes moyennes, de petits retraités, de professions indépendantes, très attaché à la méritocratie, à la valeur travail, qui avait adhéré au discours sur la France qui se lève tôt basculerait vers le FN avec un sentiment anti-élites et de la hargne, notamment dans les zones rurales ».
« Un élément a fait des ravages explique M. Fourquet, c’est la taxe carbone. cela a été ressenti comme une double peine pour des gens obligés de vivre loin de leur travail. Ils font partie de cette France qui se lève tôt ». Français une nouvelle fois victimes ajouterons-nous, d’un Sarkozy soucieux de se soumettre à l’idéologie dominante, de récupérer une partie de l’électorat écolo-bobo.
Surtout est-il encore analysé, le FN n’a pas fait le plein des voix, il lui reste une forte marge de progression, car si l’électorat l’UMP « est passé de la déception à l’exaspération », une partie de celui-ci, « déçu du sarkozysme continue de s’abstenir. S’il s’était déplacé, il ya aurait eu une dynamique supplémentaire pour le FN ».
Bref, « le FN est redevenu un objet politique et un enjeu du débat » estime-t-il, « pour l’UMP, il sera compliqué de faire revenir dans son giron les électeurs frontistes qu’elle avait réussi à rallier en 2007 : « quelque chose est cassé et ce sera très difficile de renouer avec eux » conclut Jérôme Fourquet.
Autant dire, que les Français qui ont ouvert les yeux sur la réalité du sarkozysme doivent s’attacher à transformer l’essai du premier tour en votant ou en revotant FN dimanche prochain. « Bien sûr explique Yves Daoudal, l’UMP fait en sorte d’épaissir le brouillard, en reprenant sa vieille antienne que le vote Front national fait le jeu de la gauche. Même si c’était vrai, cela n’aurait aucune importance. Car les politiques culturelles et sociales ou associatives de l’UMP et du PS sont identiques. Mais le vote FN, au second tour, est le vote qui permet d’avoir autant de conseillers que possible, pour dénoncer les scandaleuses connivences qui, autrement, restent secrètes, et pour être le grain de sable dans la machine trop bien huilée du consensus antinational et de décadence tous azimuts ».