Madame Tribalat fut (reste ?) une adversaire déterminée du FN, s’évertuant notamment à la fin des années 90 à contester nos analyses sur l’immigration, notamment le fameux rapport de Pierre Milloz, qui fut le premier à évaluer le coût de l’immigration étrangère en France. Ce qu’elle fit alors avec un parti-pris idéologique évident, en des termes plutôt injurieux et assez peu scientifiques…
Mais l’honnêteté impose d’admettre également qu’elle n’hésita pas dans le passé à rompre également des lances avec le démographe chouchou des journalistes –et pour cause- le très immigrationniste Hervé Le Bras, spécialiste du tir à boulets rouges contre les autres scientifiques qui ont le malheur d’avertir des conséquences de l’immigration de peuplement…
Si le livre de Mme Tribalat, jusqu’alors membre du « sérail », été accueilli par un silence gêné, la plupart des « grands » medias ayant choisi de ne surtout pas en parler, signalons que L’Express a rompu cette censure implicite en ouvrant ses colonnes à la démographe pour un entretien.
Interrogée sur les chiffres de l’immigration livrés par les gouvernements successifs, elle affirme ainsi que « Pouvoirs publics, médias, experts n’inventent pas des chiffres, mais ils privilégient les instruments qui relativisent l’immigration et présentent ses effets sous un jour favorable ou – lorsque ce n’est pas possible – qui mettent les immigrés ou leurs descendants en position de victimes. Dans notre pays, on semble plus préoccupé par l’effet de l’information que l’on diffuse que par la réalité qu’elle recouvre. Un climat antiraciste joue, qui incite à la prudence: on cherche à éviter d’alimenter les craintes des Français et à améliorer leur opinion sur l’immigration. Dans notre époque mondialisée, l’immigration apparaît comme une fatalité. Autant la présenter sous un jour favorable. »
Questionnée sur le credo officiel, a savoir « l’utilité économique » de l’immigration, la mise au point de Michèle Tribalat a pareillement le mérite de la clarté : « C’est ce que l’on nous martèle de tous côtés, mais je n’ai pas lu beaucoup d’études traitant de la question. Cette insistance contraste avec le silence assourdissant qui a accueilli le rapport du CAE (Conseil d’analyses économiques), silence qui montre le peu d’intérêt pour la réalité, ou tout au moins pour un diagnostic éclairé. Et les études qui sont disponibles, souvent réalisées aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, ne mettent pas en avant une augmentation décisive du produit intérieur brut par habitant due à l’immigration. »
Comme le FN le répète inlassablement depuis toujours, la démographe explique que « les nombreuses études étrangères s’accordent généralement pour constater un effet négatif sur les plus bas salaires lorsque l’immigration est faiblement qualifiée. Les nouveaux immigrés entrent en concurrence avec les salariés peu qualifiés déjà présents, dont les immigrés, et font baisser les salaires. Une enquête britannique a testé l’effet de l’immigration récente de travailleurs des pays de l’Est, en particulier de travailleurs polonais. Ces immigrés étaient plutôt bien qualifiés mais se sont déclassés sur le marché du travail britannique et ont concurrencé les salariés les moins bien payés. En France, l’immigration n’est pas très qualifiée, un peu plus de 40% de sans-diplôme dans le flux de 2006. »
Ce qui est nouveau ici ce ne sont pas tant les propos tenus, qui ne font que corroborer les analyses du FN, mais la personnalité de celle qui les tient. Une preuve supplémentaire que le travail entrepris par le FN pour fissurer la chape de plomb de la pensée unique fait son bonhomme de chemin dans les esprits…de bon augure !