Une déclaration qui intervient alors que M. Erdogan est aujourd’hui en visite à Paris, déplacement coïncidant avec la clôture de la « Saison turque » en France, pour parler coopération économique, sécuritaire et culturelle. Officiellement il ne sera pas question de l’entrée de la Turquie dans l’UE. Le chef de l’Etat français ayant rappelé son opposition à cette adhésion –sans dénoncer pour autant la poursuite des négociations à cette fin entre les institutions européennes et Ankara– le Premier ministre turc déclarait le 30 janvier dernier que « M. Sarkozy dit parfois des choses que la raison ne saurait accepter ».
« Mais quoi qu’il fasse, nous allons continuer, tant que tous les membres de l’UE n’auront pas dit qu’ils ne veulent pas de la Turquie ». Entrer dans l’Europe, « c’est un rêve de notre pays depuis un demi-siècle », « une Union européenne qui n’inclurait pas la Turquie ne serait pas complète, il lui manquerait quelque chose » avait affirmé M. Erdogan.
Si l’opposition nationale refuse l’entrée de ce pays asiatique et musulman dans l’UE, adhésion qui mettrait les Européens en première ligne dans les conflits plus ou moins larvés opposant la Turquie à ses voisins, la situation économique et sociale de ce pays obère sur le papier les prétentions exprimées officiellement par Ankara. Les structures de l’économie turques, par ailleurs gangrenées par la corruption sont celles d’un pays émergent, et certainement pas celle d’un pas d’un pays développé avec notamment 80 à 100 % d’inflation annuelle…
Dans son ouvrage « Le réveil des mafias » (2003), le criminologue Xavier Raufer estimait que la Turquie reste un des pays les plus touchés par le crime organisé. Des « familles » mafieuses turques spécialisées dans « la prédation des entreprises et de l’Etat turc: racket, extorsion de fonds, piratage d’appels d’offre, escroqueries variées, enlèvements, passages à tabac, tortures ou attentats à l’explosif, commis sur contrat, trafic d’êtres humains et bien sûr la récupération de dettes, dans un pays qui a élevé le chèque sans provision à la hauteur d’un art »…
A ces « talents » s’ajoutent aussi « le vol et trafic de véhicules » et bien sûr « le trafic de stupéfiants et d’armes », « la production et le trafic d’héroïne vers l’Europe », une activité majeure des «familles» mafieuses et clans criminalisés turcs et kurdes. Selon Scotland Yard, la mafia turque est « l’organisation la plus meurtrière opérant au Royaume-Uni ». Aujourd’hui encore, 3 ou 4 « familles» turques ou kurdes contrôlent toujours 80 % du marché britannique (gros, demi-gros) de l’héroïne. Les activités de ces « familles » s’étendent en outre à la Belgique et aux Pays-Bas, « pour un trafic combiné des êtres humains et des stupéfiants ». Les chefs de ces «familles» sont d’intouchables et richissimes «hommes d’affaires» dotés « d’utiles relais dans la classe politique britannique » relevait encore Xavier Raufer.
La Turquie est redevenue au cours de cette dernière décennie le premier producteur d’héroïne en Europe à partir de la matière première (Opium, Morphine base) en provenance d’Afghanistan via l’Iran . L’arrivée des islamistes au pouvoir n’a rien changé puisque les profits colossaux engrangés par les trafiquants leur permettent aujourd’hui comme hier d’acheter le silence des autorités et de la police. 80% de l’héroïne consommée dans les pays européens transitent chaque mois par la Turquie, un trafic dominé par les mafias albanaises, yougoslaves et turques.
Bref, une drogue qui provient d’un pays « libéré » par les Etats-Unis et ses supplétifs (l’Afghanistan), qui est transformée et transite dans un pays qui occupe une place importante au sein de l’Otan (la Turquie), mais aussi par un autre Etat « libéré » par l’Otan, nouvelle capitale européenne du crime, le Kosovo. Il ne manque plus que la « libération » de l’Iran pour que le tableau soit complet…