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L’Europe, le voile et le crucifix

Dimanche sur Europe 1, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner n’a pas caché son malaise dans le projet de loi visant à interdire le port du voile intégral. « Il y aura aussi bien sûr des pays d’Europe qui vont protester, le Danemark, les Pays-Bas, etc », comme « un certain nombre de pays musulmans, par exemple au Pakistan, en Turquie, (où) nous serons critiqués » a-t-il déclaré. Quant aux « Etats-Unis, ils  tiennent à la liberté religieuse et il y aura beaucoup d’ONG et de fondations américaines qui voudront démontrer notre erreur ».

M. Kouchner se souvient notamment du discours prononcé par Barack Obama au Caire  le 4 juin 2009,  alors formellement approuvé par Nicolas Sarkozy deux jours plus tard lorsqu’il l’avait reçu à Caen –voir notre article du 28 avril dernier-  dans lequel le Président américain avait dit « qu’  il importe que les pays occidentaux évitent d’empêcher les musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, par exemple en dictant ce qu’une musulmane devrait porter ».

Un appel au respect de la liberté religieuse qui a conduit dernièrement rapportait Daoudal Hebdo,  le clergé espagnol, à se prononcer en faveur de l’élève portant un foulard islamique qui avait été exclue de son lycée. « Un porte-parole de la conférence épiscopale espagnole  a déclaré que les gens ont le droit de manifester leur religion tant qu’ils ne perturbent pas l’ordre public selon les termes de la constitution espagnole ». Et que ce principe « est également applicable aux crucifix dans les salles de classe ». Le clergé est en effet actuellement en  but à une offensive de la gauche espagnole, « une initiative parlementaire  demandant au gouvernement de faire respecter la jurisprudence de la cour européenne des droits de l’homme interdisant les crucifix dans les écoles ».

Le 26 avril,  cette polémique sur le crucifix faisait les gros titres  en Allemagne suite aux propos d’Aygül Özkan, future ministre des Affaires sociales de l’Etat régional de Basse-Saxe (centre) et membre du principal  parti conservateur, la  CDU. Dans un entretien paru dans l’hebdomadaire Focus, cette  «  première femme d’origine turque à un tel poste » a déclaré que  « les symboles chrétiens n’ont pas leur place dans les écoles publiques ». Recadrée sévèrement par les dirigeants de la CDU, Mme Ozkan  a présenté ses excuses lors d’une conférence de presse expliquant « ne pas bien connaître la politique de son parti en la  matière »…Dans ce même entretien au magazine Focus, la « conservatrice » Aygül Özkan se prononçait également pour l’entrée de la Turquie dans l’UE en contradiction avec la position officielle de son parti…

  Yves Daoudal  estime pour sa part que derrière l’offensive anti burqa c’est la religion chrétienne qui est visée par les « laïcs ». Car  « la burqa n’est pas un problème en soi », « le problème c’est l’islamisation et l’interdiction de la burqa ne changera rien strictement rien à l’islamisation. Au contraire elle ne fera que radicaliser les plus radicaux ».

Un  sondage réalisé par le service d’études de la banque BBVA dans  12 pays de l’Union européenne (UE),  en Suisse et en Turquie,  rendu public la semaine dernière, tend à démonter cependant que les personnes interrogées font une nette différence entre une religion « autochtone » et l’islam « d’importation ».

 Au total, rapporte l’Afp,  « 52,6% d’Européens sont opposés ou totalement opposés au port du voile islamique à l’école, selon cette enquête réalisée en novembre et décembre 2009 auprès de 1 500 personnes par pays.  Cette moyenne de 52,6% ne prend pas en compte les réponses turques et suisses. Les pays où l’opposition est la plus forte sont la Bulgarie (84,3%), la France (68,7%) et l’Allemagne (66,3%). En Espagne (…)  moins de la moitié des habitants (49,6%) sont opposés au port du voile. Les pays où l’opposition est la moins prononcée sont la Pologne (25,6%) et le Danemark (28,1%) ».

D’autre part, toujours  selon cette étude, « 44,2% d’Européens sont contre le port de la kippa juive à l’école, avec une opposition particulièrement significative en Bulgarie (82,4%) et en France (64,1%), suivis par la Grèce (59,2%) et l’Allemagne (58,6%).Les Européens sont en revanche favorables à 54,4% à la présence de crucifix dans les salles de classe. En Italie et en Espagne, deux pays à forte tradition catholique, les sondés y sont favorables à 69,9% et 49,3%. Ce chiffre grimpe à 77% au Royaume Uni et à 78,8% au Danemark ».

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