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« L’avenir de l’euro sera peut-être très bref ».

Après les fonctionnaires hier,  les salariés grecs  du privé se joignent aujourd’hui aux manifestations  et à l’appel à la grève générale  pour protester contre les  « mesures d’austérités ». Victimes des tromperies  et des magouilles successives du libéral Karamanlis et du socialiste Papandréou –ce dernier ayant été élu en promettant une revalorisation des retraites et une augmentations des salaires dans la fonction publique alors qu’il connaissait  parfaitement la situation financière de la Grèce !- le peuple Grec se voit soumis à un traitement de cheval pour remettre le pays sur les rails.  Les « potions » prescrites, par  leur violence,  sont    d’ailleurs susceptibles de tuer le malade, alors que les pays de la zone euro redoutent la contagion des attaques spéculatives sur « les maillons faibles » de l’Euroland.  L’Espagne était  hier, la cible privilégiée de cette offensive, à la suite  de la rumeur  annonçant  que Madrid allait être dégradée par les  agences de notation, des « bruits » faisant état que  les Espagnols auraient besoin de près de  280 milliards d’euros et qu’elle pourrait les demander au FMI, comme un « vulgaire » pays africain…

C’est un véritable vent de panique qui souffle sur les marchés qui  estiment inévitable « l’effet domino » et doutent de la capacité du traitement infligé à la Grèce à la sortir du marasme. La forte plongée des bourses européennes mardi est un indicateur de la fragilité de la zone euro, fragilité désormais patente auprès des opinions publiques.

A l’exception notable des députés communistes et du Front de gauche, ou encore de Nicolas Dupont-Aignan et d’Amédée de Courson (NC), socialistes et sarkozystes ont voté d’un même élan dans la nuit de lundi à mardi  le  plan français « d’aide d’urgence » à la Grèce, soit 16,8 milliards d’euros de prêts bilatéraux sur trois ans.

M. Dupont-Aignan a relevé que « lorsque la Grèce dans un, deux, ou trois ans s’avèrera incapable de rembourser, surtout après la cure d’austérité imposée, ce seront les autres Etats européens qui devront digérer le rééchelonnement de la dette grecque, ce pour épargner aux banques les conséquences de leur imprévoyance! ». « Argent  a relevé le Front National par la voix de Marine Le Pen, que nous ne reverrons probablement jamais en totalité (…) Et demain, combien de milliards seront distribués au Portugal, à l’Espagne et à l’Italie bientôt en cessation de paiement? ».

« Il faut programmer une sortie groupée de la zone euro, il faut que le même jour plusieurs pays dont la France annoncent leur départ de l’euro et la reprise en main de leur souveraineté économique ».

La vice-présidente du FN s’est faite l’écho  de la proposition de l’opposition nationale de   « proposer une alternative économique responsable », telle que formulée notamment par  le Professeur Wyplosz  consistant «  à laisser la Grèce suspendre le remboursement de sa dette aux investisseurs institutionnels usuriers. La Grèce doit faire défaut sur les créances des banques et reprendre des marges de manœuvre économiques et sociales grâce à sa souveraineté monétaire. Ces banques en subiront les conséquences et le gouvernement français pourra ainsi organiser un règlement judiciaire de son système bancaire (voir à ce sujet le plan anticrise du  FN), mis sous tutelle de la Banque de France, et utiliser l’argent qu’il donne à l’heure actuelle à la Grèce à fonds perdus, pour protéger l’épargne populaire des déposants dans les banques françaises ainsi que les contribuables français ».

Un autre économiste, Jacques Sapir relève de son côté que  « sur le fond, c’est bien le principe même de la zone Euro qui est en cause, soit la tentative d’imposer une règle monétaire unique à des pays dont les économies sont profondément différentes et le tout sans mécanisme institutionnel de solidarité (…) ».

«  Tant que l’on ne décrètera pas un contrôle sur les mouvements des capitaux à court terme, les capacités à résister (aux attaques spéculatives)  à de telles attaques sont des plus limitées. La crise va donc empirer, et connaîtra une accélération brutale avec soit la sortie de la Grèce de la zone Euro, soit l’annonce d’un défaut sur sa dette, soit les deux (…). Une sortie de la zone Euro accompagnée d’une forte dévaluation (30% au minimum) ET d’un défaut partiel sur sa dette publique sont très certainement les conditions d’un retour de la Grèce à la croissance ».

Au-delà même du cas grec, c’est celui de la viabilité de la monnaie unique qui  été remise en cause hier sur la BBC par le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz.

« Les conditions apparemment excessivement dures imposées à la Grèce  seront en réalité contre-productives pour prévenir une contagion a-t-il affirmé. Quand on aura vu à quel point il a été difficile à l’Europe d’adopter une position commune pour aider un des plus petits pays, on réalisera que si un pays un peu plus grand a des difficultés, il est probable que l’Europe aura encore plus de mal ».

« Donc a-t-il ajouté,  je pense que l’espoir que (cette aide) nuira aux pressions spéculatives est probablement infondé : ça peut marcher pendant quelque temps, mais à long terme, tant que les problèmes institutionnels fondamentaux seront là, les spéculateurs sauront qu’ils existent, et au fur et à mesure que les faiblesses de l’Europe s’aggraveront je pense qu’ils s’en donneront à coeur joie (…). C’est peut-être la fin de l’euro. (Si l’Europe) ne règle pas ses problèmes institutionnels fondamentaux, l’avenir de l’euro sera peut-être très bref ».

 

 

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