Mardi, lors d’un sommet en Argentine, les douze chefs d’Etat de l’Union des nations d’Amérique du Sud (Unasur) ont rejeté dans une déclaration commune, la « criminalisation » des immigrés en Arizona, une loi permettant « d’arrêter les personnes, de façon discrétionnaire, sur des considérations raciales, ethniques, de phénotype, de langage ou de statut migratoire, par le biais du concept discutable de doute raisonnable ». « Cette législation instaure la criminalisation des personnes migrantes et ses effets pourraient être la légitimation des comportements racistes dans la société d’accueil et le risque latent de violence par haine raciale ».
Mercredi, Barack Obama a renouvelé à son tour ses critiques contre cette loi. La lutte contre l’immigration clandestine ne peut pas consister à « saper les fondements démocratiques qui nous définissent en tant que nation ». « On ne peut pas commencer à stigmatiser des gens en fonction de leur apparence physique, leur façon de parler ou de s’habiller » ; « on ne peut transformer des citoyens américains et des immigrés respectueux des lois en sujets de soupçons et d’abus, on ne peut diviser les Américains de cette façon, ce n’est pas la réponse » a déclaré M. Obama à la Maison Blanche, lors d’une réception à l’occasion de la fête mexicaine du Cinco de Mayo. M. Obama n’oublie pas que les citoyens américains d’origine latinos, et notamment les Mexicains, ont fortement contribué à son élection…
Comme le relevait très justement Ivan Blot dans un article publié sur le site Polemia, évoquant l’internationalisation de la polémique sur la loi promulguée en Arizona, « la présence massive d’immigrés d’un pays donne souvent l’occasion aux pays d’origine de ces immigrés de se mêler de la vie intérieure du pays d’accueil ».
« Parmi les difficiles questions engendrées par l’immigration massive dans beaucoup de pays, un sujet est complètement passé sous silence : l’ingérence étrangère qui se sert de l’immigration pour intervenir dans la vie intérieure d’un pays tiers. Autrement dit, l’immigration, lorsqu’elle est massive, peut nuire gravement à la souveraineté nationale. Tous ceux qui sont soucieux de l’indépendance de notre pays se doivent de considérer ce sujet.
« Dans le débat de la loi sur le voile intégral islamiste en France, note-t-il, certaines personnalités hostiles à la loi ont trouvé comme argument que cela risquait de rendre plus difficile nos relations internationales avec les Etats de civilisation musulmane » –argument notamment avancé par Bernard Kouchner, voir notre article en date du 4 mai, NDLR. « Ceux qui utilisent cet argument n’ont pas totalement tort et cela montre bien le danger pour l’indépendance nationale représenté par des communautés étrangères non intégrées ou mal intégrées dans un pays quel qu’il soit dès lors que les pays d’origine les instrumentalisent ».
« Cela ne veut pas dire qu’aucune minorité ethnique ne doit être tolérée comme telle dans un Etat encore que ce soit notre tradition républicaine jacobine que de soutenir ce point de vue. Mais c’est une question de proportion. Si une minorité ethnique devient très nombreuse, elle devient un atout pour l’Etat d’origine de celle-ci et un prétexte pour intervenir dans les affaires intérieures du voisin (…). Le fait est qu’un pays étranger peut toujours intervenir dans les affaires d’un autre pays sous le prétexte de défendre ses ressortissants dès lors que ceux-ci sont nombreux et mal intégrés dans la communauté nationale du pays d’accueil ».
« L’immigration conclut-il, devient donc un problème pour l’indépendance nationale lorsque des communautés étrangères non intégrées se forment sur le territoire et peuvent servir de relais à des menées d’Etats étrangers sur le territoire national. L’histoire montre qu’il ne s’agit pas là d’un danger fictif ! »