François Fillon n’a pas été entendu. Le bureau politique de l’UMP sous l’égide de son secrétaire général, Xavier Bertrand, a tranché mercredi dernier en faveur d’un « scrutin majoritaire à deux tours secs ». Une mission a été confiée au sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et au député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti pour « déterminer s’il y a ou non nécessité d’une harmonisation entre toutes les différentes autres élections, municipales, législatives ou autres ».
Le même jour paraissait dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles une tribune du président des députés UMP, Jean-François Copé, en faveur de l’interdiction des triangulaires aux législatives. Les arguments utilisés n’ont pas surpris, ils sont toujours les mêmes : les triangulaires « viennent juste créer une confusion dont la gauche sait habilement profiter », elles « brouillent le principe du scrutin uninominal à deux tours sans apporter la moindre avancée en termes de pluralisme », et « n’ont donc aucun intérêt pour notre démocratie ». « L’intérêt » de « notre démocratie » consistant donc dans les faits à empêcher des millions d’électeurs d’avoir des représentants à l’Assemblée…
M. Copé rappelle l’échec cuisant de la droite aux législatives anticipées de 1997, concoctées alors pour prendre par surprise le FN. la manœuvre avait fait long feu, la dissolution ratée ramenant la gauche à Matignon. Ces législatives a rappelé M. Copé avaient débouché sur « 79 triangulaires », avec « dans 95% des cas (un) troisième candidat issu du Front National. Résultat: pas un seul député FN élu mais des victoires supplémentaires pour la gauche » souligne habilement M Copé qui avait à cette occasion été battu dans son fief seine-et-marnais… Bien évidemment il ne viendrait pas à l’idée de l’UMP, toujours selon la même logique anti-FN, de permettre aux différentes formations de se battre à armes égales en réintroduisant la proportionnelle.
Pour autant et le rapport des forces évoluant très vite, les instances sarkozystes savent pertinemment que l’on ne saurait se baser sur la situation politique d’il y a treize ans pour la projeter sur celle de 2012. L’UMP depuis huit ans ayant largement démontré son incapacité à casser la spirale du déclin, des seconds tours opposant dans deux ans un FN ragaillardi d’un côté et des représentants des deux principales formations euromondialistes de l’autre, pourraient révéler des surprises…
Sur son blog vendredi, Jean-Marie Le Pen a relevé que « chaque fois que les pouvoirs aux abois ont voulu changer les systèmes électoraux dans l’espoir d’échapper » à une déculotté électorale, la « manœuvre s’est retournée contre eux ». Le président du FN a affirmé que la suppression des triangulaires « sera ressenti par le corps électoral et les citoyens français évidemment comme une manoeuvre anti-démocratique. Ils s’en vengeront et ça coûtera très cher à l’UMP ! ». « C’est très joli de prévoir une élection où il n’y a que deux candidats au deuxième tour, encore faut-il, M. Bertrand, être au deuxième tour. Et ce n’est pas sûr que vous y serez ».