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Euro 2016 : le stade ultime du Système …

Un concert de louanges assez général a accueilli l’annonce de  l’attribution  de l’organisation de l’Euro-2016  à la France vendredi à Genève par le comité exécutif de l’UEFA. Certes, Martine Aubry s’est attirée les foudres de l’UMP en pointant samedi   la « récupération » politicienne de cette décision par Nicolas Sarkozy, Christian Estrosi ou encore Jean-Claude Gaudin, lesquels ont expliqué  aux Français  que c’est « grâce à eux » que cette décision a été prise. Si  les socialistes avaient été au pouvoir, leur « triomphe » aurait-il été plus modeste ? Posez la  question c’est y répondre et cela ne change rien  au montant de la facture de cet évènement   qui nécessitera un gros effort pour le contribuable français, environ 1,7 milliard d’euros d’investissements…

« Du pain et des jeux » ? Faute du premier  en quantité suffisante, les éditorialistes ont insisté sur les seconds  qui seront bénéfiques pour le moral du bon  peuple : « l’occasion de se redonner un futur, d’avoir à se projeter sur un événement festif (…). L’Euro 2016, c’est   événement sportif majeur, c’est d’abord une France qui se rassemble pour réussir, qui reprend goût au succès, qui veut que la fête soit belle. Organiser l’Euro 2016, c’est (…)  faire un grand plein de vitamines »  explique Jean Levallois dans  La Presse de la Manche. « C’est bon pour le moral ! Le choix de la France pour organiser l’Euro de football en 2016 vient éclairer un horizon particulièrement obscurci par la crise et ses effets collatéraux (en témoignent les dernières statistiques du chômage) explique Patrice Chabanet dans  Le Journal de la Haute-Marne. Dans La République du Centre Jacques Camus  souligne que  « ce qui a été décisif, dit-on, c’est la présence de Nicolas Sarkozy en Suisse. Notre Président a choisi de shooter le moral des Français au ballon rond. Histoire de leur faire oublier tout le reste. Gare, cependant, à ne entraîner la France dans une consternante foot-dépendance »…

Sur son blog, Claude Reichman s’interroge sur l’opportunité en cette période de crise aigüe d’entreprendre les dépenses annoncées, là ou d’autres font remarquer   que les infrastructures françaises avaient permis l’organisation sans coup férir de la coupe du monde de football en  1998 et de la coupe du monde de Rugby en 2007. Il estime en effet que cette Euro 2016 «  va encore aggraver l’intolérable charge qui pèse sur les citoyens de notre pays et les empêche de consommer et d’investir comme ils le voudraient. Vous vouliez vous acheter un meuble, ou des vêtements, ou épargner pour votre retraite ? Terminé ! Vous allez vous payer un stade, où des footballeurs milliardaires viendront s’enrichir encore sous les yeux du bon peuple à qui on laisse plus que ce spectacle pour se réjouir un peu ».

 Claude Reichman  dénonce  « la folie des dirigeants sportifs, soutenus par le président de la République, qui, pour le prestige de leur sport et le leur propre, poussent notre pays à des dépenses dont on peut et doit se passer dans la situation dramatique où se trouvent les finances publiques (…). C’est un jugement très sévère qu’il faut porter sur de tels comportements. Ils témoignent d’un égoïsme et d’une inconscience qui sont caractéristiques des fins de régime et des périodes prérévolutionnaires. En de tels moments, on constate que les prétendues élites, ivres de leurs privilèges, ont perdu jusqu’au plus élémentaire bon sens ».

Plus encore affirme-t-il, «  c’est l’inculture économique du président de la République et de l’ensemble de la classe politique qu’il faut stigmatiser. Dans son célèbre pamphlet  Ce qu’on voit, ce qu’on ne voit pas ou l’économie politique en une leçon , Frédéric Bastiat (1801-1850), le plus grand économiste français de tous les temps, célèbre dans le monde entier et ignoré en France, arrive à cette conclusion :  La société perd la valeur des objets inutilement détruits.  Et il donne l’exemple fameux de la vitre cassée qui va certes enrichir le vitrier – c’est ce qu’on voit – mais va priver le propriétaire de la vitre de l’achat qu’il projetait d’une paire de souliers et donc appauvrir le cordonnier – c’est ce qu’on en voit pas ».

Or, « ce qui vaut pour une vitre cassée, vaut pour un stade édifié quand un pays n’est plus prospère et doit réduire ses dépenses à l’essentiel.  La société perd la valeur des objets inutilement construits  : tel est l’aphorisme que, s’inspirant de Bastiat, on devrait inscrire au fronton des ministères et des mairies. Les 500 000 élus français ne sont pas sur le point de décorer ainsi les édifices où ils règnent. Bien au contraire, ils n’ont que dépense en tête et croiraient déchoir s’ils ne laissaient pas quelque trace de béton derrière eux. Et dire que ces personnages représentent un peuple connu pour son goût de l’épargne. En somme, les Français sont punis de leurs qualités. S’ils n’épargnaient pas, leurs politiciens auraient moins à gaspiller ! ».

 

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