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Retraites : réforme ou recul ?

Le gouvernement a beau tenter, c’est la loi du genre, de minorer l’importance de la mobilisation, 2 millions de personnes selon les syndicats, 800 000 selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, ont manifesté hier  pour protester contre l’actuel projet de réforme des retraites. Au-delà de cette « traditionnelle » querelle des chiffres, tous les observateurs s’accordent  à penser que la montée en puissance des protestations contre le projet gouvernemental est bien  réelle, sentiment renforcé par les taux important de grévistes dans la fonction publique -un agent de la Fonction publique d’Etat sur cinq en grève,   quatre sur dix à la SNCF , le plus fort « débrayage » des cheminots depuis 2003.

Si de nombreux cortèges se sont ébranlés au son des vuvuzelas, les déboires de l’équipe de France ont servi de supports aux critiques syndicales sur l’intransigeance gouvernementale. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibaut,  a relevé que « si 23 grévistes footballeurs permettent de changer l’agenda du chef de l’Etat, une telle mobilisation devrait faire de même.(…) J’ai déjà entendu une dizaine de gouvernements dire qu’ils ne reculeraient pas. Cela fera un de plus ».

D’autres se sont offusqués de ce que Nicolas Sarkozy, qui a reçu le même jour Thierry Henry,  « passe son temps à écouter les états d’âmes d’un footballeur qui gagne 15 millions par an »…

Sur son blog, Jean-Gilles Malliarakis a relevé que cette réforme des retraites,  « ce projet de sauvetage de la répartition », « ne laisse aucune place ni à aucune forme de libre choix, ni à aucune considération pour les syndicats. « On » avait seulement fait mine de les écouter. Verrouillage total, comme d’habitude. Technocratie sans référence aux débats du parlement, comme depuis un demi- siècle. Tout cela pour aboutir à un replâtrage provisoire, comme par le passé. La belle réforme que voilà. Et « on » nous parlait de rupture en 2006 ».« Mais la vacuité de la prétendue majorité rejoint les carences de l’opposition. On finira par s’entendre – entre nuls ».

Si la France paye désormais  au prix fort, nous l’avons souligné sur ce blog, la volonté idéologique des différents  gouvernements  depuis trente ans de refuser toute mise en place d’une politique nataliste nationale digne de ce nom, si le chômage persistant qui a atteint un nouveau record en mai depuis octobre 2009,  avec  4 millions de demandeurs d’emploi,   pèse bien  évidemment sur le financement des retraites, la réforme  voulue par le gouvernement n’en est pas moins globalement inacceptable.

 

Le FN le rappelait dernièrement, la réforme annoncée ne permettra pas d’atteindre l’équilibre financier du régime des retraites. Ce que le gouvernement concède d’ores et déjà puisqu’il  va puiser dans le Fonds de Réserve pour les retraites, normalement constitué pour l’après 2020…

De plus, on fait porter l’intégralité de l’effort à fournir  sur les salariés, déjà pressurés de tous les côtés, et  le report de l’âge légal de départ à 62 ans,  à l’horizon  2018,  pénalisera encore davantage des séniors déjà largement exclus du marché du travail.  Quant à l’alignement vers le haut   des cotisations des fonctionnaires sur celles du privé, il se fera au détriment du pouvoir d’achat.

Enfin,   la « participation des plus hauts revenus » mise en avant par le gouvernement, censée introduire dans cette réforme les  notions de justice sociale et de solidarité nationale, apparaît bien floue. Dans les faits, ce sont bien les plus modestes, et des classes moyennes en voie de paupérisation accélérée,  qui seront  les premières victimes du projet gouvernemental.

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