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Le dimanche c’est has been…

Un an après son adoption, le JDD a publié le 7 août un article sur le premier bilan à tirer de la loi Mallié –du nom du député UMP qui en était le rapporteur,  sur  la libéralisation du travail du dimanche,  hors  les traditionnels commerces de bouche ouvert en général le dimanche matin. Il s’agissait est-il rappelé,  d’une promesse de campagne du candidat Sarkozy en 2007, confiée ultérieurement après son élection à trois ministres du Travail, Xavier Bertrand, Brice Hortefeux et Xavier Darcos. Lors des débats qui ont précédé l’adoption de cette loi, beaucoup de spécialistes du monde économique n’avaient  pas manqué d’affirmer que l’ouverture sept jours sur sept des magasins était l’archétype de la fausse bonne idée puisqu’elle  ne saurait avoir un impact sur la relance de la consommation, sachant que le salaire des consommateurs reste le même et que la somme d’argent qui est dépensée sur six jours  le  sera désormais simplement sur sept…

 « Aujourd’hui, indique le JDD,  la loi permet le lèche-vitrines le dimanche dans les zones à intérêt touristique et dans les zones urbaines, les périmètres urbains d’usage de consommation exceptionnelle (PUCE). Dans les deux cas, commerçants, syndicats, maires et préfets doivent se coordonner sur les autorisations. Richard Mallié dispose de données éparses: quinze communes ont obtenu leur classement en zone d’intérêt touristique. Beaucoup d’autres, comme Nice, attendent depuis des mois le précieux arrêté préfectoral ».

 Cet article  rapporte le témoignage d’un « porte-parole d’une enseigne nationale », qui explique que « Tout va très lentement, car élus et commerçants sont divisés. Les petits patrons redoutent la concurrence des grands, les maires craignent de perdre des voix, les syndicalistes menacent de saisir les tribunaux. Dans certaines agglomérations, la situation est inextricable ». Or «  Ces blocages irritent les groupes de distribution qui ont décroché l’accord des salariés. Decathlon, Galeries Lafayette, Boulanger ou encore Fnac, ont tous bouclé les négociations avec les syndicats sur le travail dominical ». Bref, « non seulement la loi ne clarifie pas la situation mais elle crée de nouveaux litiges, notamment dans le cadre des PUCE ».

Cette question du travail dominical, ou plus exactement de la généralisation de son extension,  est à envisager sous ses divers aspects, sachant que la position de principe du FN consiste à laisser la liberté de choix aux Français.  Une liberté qui ne doit pas être cependant celle du renard dans le poulailler, en ce qu’il s’agit de concilier cette liberté de travail avec les droits des salariés et la  défense du petit commerce menacée par la grande distribution.

 Car derrière l’opération consistant paraît-il  à offrir « le choix » de leur mode de consommation aux Français, le FN a noté depuis longtemps que l’extension du travail le dimanche  procède de cette  complaisance dont jouit la « grande distribution » dans les allées du pouvoir et  au sein de nombreuses municipalités UMPS.  

 Une prime offerte aux grandes chaînes  qui a déjà  surtout  pour effet de  détruire des dizaines de milliers  emplois dans le petit commerce. Petits commerçants et artisans   déjà victimes  des ouvertures illégales, des promotions mirobolantes des hypermarchés, et comme le notait encore la CFTC,   du « désintérêt d’une grande partie de la classe politique »,  de « l’insécurité juridique dans les banlieues où l’on ne pratique pas la tolérance zéro pour les délits économiques comme les ouvertures illégales le dimanche »…

Une offensive contre les commerçants et artisans  d’autant plus criminelle que les commerces de proximité, au-delà du rôle économique qui est le leur, ont des vertus qui n’échappent plus à personne. Chacun sait qu’ils contribuent  notamment à maintenir de la vie, des échanges, une animation dans les villages comme dans les quartiers des grandes villes.

 Rappelons encore que Pierre Blanc, auteur d’un rapport favorable à l’ouverture des magasins le dimanche,  et fort du soutien de la Chambre de commerce de Paris,    avançait début juillet 2003 un  argument bien dans l’air du temps: « la légitimité du repos dominical se base sur la tradition chrétienne. Or pour les musulmans, c’est le vendredi et pour les juifs, le samedi. Pourquoi ne pas  laisser le choix au commerçant ? »… Le maire de Paris Bertrand Delanoë, dans le même ordre d’idée, s’est prononcé  dernièrement pour la suppression  de  deux fêtes chrétiennes du calendrier pour les  remplacer par une fête mahométane  et une fête  juive, au nom du « vivre ensemble »…

 On l’aura compris,   au-delà de toute considération matérielle, c’est le symbole même du dimanche, sa résonance au sein de notre civilisation,  qui est menacé par  des personnes qui voient dans les traditions, les us et coutumes français, un frein insupportable à l’avènement  d’une société où les individus seraient réduits au simple rôle de consommateur déraciné et interchangeable. 

 

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