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Communautarisme et clientélisme…

A trop vouloir ratisser large, à se complaire  dans les discours   à géométrie variable en fonction de la clientèle  électorale visée,  il est fatal que l’UMP se prenne les pieds dans le tapis. François Fillon  en a fait les frais samedi lors de la fête départementale de l’UMP des Bouches-du-Rhône, organisée près des Saintes-Maries-de-la-Mer. L’allocution  du Premier ministre, centrée sur le dossier des retraites, a été sérieusement  parasitée par une centaine de manifestants musulmans, dont plusieurs militants du parti sarkozyste. Ils  entendaient protester contre  un discours  gouvernemental discriminant à l’encontre des mahométans. « Les musulmans de France ne sont pas responsables de l’insécurité comme on le laisse dire au sein du gouvernement», a ainsi déclaré au micro de RTL une manifestante. M. Fillon a refusé leur demande  d’une rencontrer  pour évoquer  « la politique sécuritaire » et a dû s’éclipser de cette réunion par « une porte dérobée ». Les ténors de l’aile « droite » de l’UMP ont choisi courageusement de ne pas  commenter cet épisode qui fait tout de même « un peu désordre »…

Coincée entre le désir de montrer  à son électorat qu’il prend en compte la réalité, à savoir le lien entre immigration et insécurité –deux thèmes qui seront encore au cœur, n’en doutons pas, de la prochaine campagne présidentielle- et la poursuite, mezzo voce, d’une politique migratoire soutenue relayée par la mise  en place accélérée de la discrimination positive, l’UMP se doit de résoudre la quadrature du cercle.

Ce double langage du parti au pouvoir s’est encore vérifié pleinement à l’occasion du dîner de clôture du jeûne du ramadan au Pavillon Dauphine mardi dernier, organisé sous la tutelle de Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). parmi les personnalités présentes, « que du beau linge » :  Brice Hortefeux, Eric Besson, Fadela Amara et Nadine Morano, les socialistes  Jean-Paul Huchon, et Claude Bartolone, de nombreux préfets,  le cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris, président de la Conférence épiscopale,  le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France,  les Grands Rabbins de France et de Paris, les présidents des Consistoires central et de Paris, le président du Fonds social juif unifié, en encore Richard Prasquier,   président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

Sur le site Polémia, Guillaume Bénec’h a parfaitement analysé la posture victimaire qui a été  celle de M Moussaoui dans son discours. Surtout, il a relevé que derrière la condamnation rituelle du communautarisme et les invocations sacrées de la « République » et de la « laïcité » par M. Hortefeux, la volonté  de céder aux exigences religieuses du CFCM.

Il est encore  relevé  que le CRIF, son « organisation » et ses « méthodes », « servent de référence et de modèle pour le CFCM ». M.  Moussaoui a ainsi  « remercié Brice Hortefeux de la signature, le 17 juin dernier, d’une Convention-cadre entre le ministère de l’Intérieur et le CFCM, convention qui porte sur la mise en œuvre d’un suivi opérationnel et statistique des  actes antimusulmans  à l’instar de ce qui existe déjà pour les  actes antisémites  (…). Pour l’alimentation halal, Mohammed Moussaoui a tenu à réaffirmer que  le soutien des pouvoirs publics et l’action concertée avec le Consistoire central (juif) nous ont permis, après de longues batailles, de défendre au niveau européen l’abattage rituel» – «le gouvernement français s’est opposé à la norme halal autrichienne qui prévoit l’étourdissement de l’animal avant égorgement ».

La question qui mérite aussi   d’être  posée est celle de  la légitimité du  CFCM à parler au nom des musulmans français et étrangers présents en France. L’important étant d’être capable,  par une opération de sidération des esprits dont les medias se rendent plus ou moins volontairement complices,  d’être appréhendé comme le porte-parole incontournable d’une « communauté ». 

Un électeur frontiste d’origine musulmane, qui conteste totalement le droit du CFCM à parler en son nom,  nous a rappelés ce  jugement sur le  Crif d’Esther Benbassa, titulaire de la chaire d’histoire du judaïsme moderne à l’Ecole pratique des hautes Etudes. Un jugement qui s’applique pleinement au CFCM créé par Sarkozy ; une critique du Crif formulée pareillement par un grand nombre d’électeurs frontistes de confession ou d’origine juive.  

« Mais qui représente véritablement le Crif et combien sont-ils en son sein ? s’interroge Mme Benbassa.  On ne le saura jamais. Ce qui compte, c’est qu’il est perçu comme un lobby (mot horripilant en France) par les politiciens. Et considéré comme tel, il l’est bien, un lobby, en fait. Ceux qui s’agglutinent à son dîner croient vraiment qu’il joue un rôle important dans la machine électorale. On y vient à la pêche aux voix juives, et pour être adoubé par des juifs dont l’influence serait déterminante, en raison de la place qu’ils occupent, ou sont censés occuper, dans la société française ».

C’est bien  au même calcul indigne auquel les partis du système se livrent vis-à-vis des électeurs musulmans dont le poids électoral grandissant excite bien des appétits, au risque de tomber de haut…

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