Pas de quoi « troubler » cependant l’inénarrable Georges Frêche qui, prenant un malin plaisir à se rappeler au bon souvenir de son ennemie intime Martine Aubry, qui l’a exclu du PS, a déclaré le même jour sur BFM qu’il soutiendrait DSK, affirmant que le directeur du FMI « (annoncera) sa candidature en janvier ».
Le Président de l’agglomération de Montpellier a donc trouvé le moyen de faire reparler de lui, son dernier coup de génie médiatique consistant à annoncer qu’il entend faire installer dans cette ville, entre autres, les statues en bronze de Mao, Joseph Staline, et Lénine. Pour justifier son souhait de statufier les trois criminels en question , le citoyen Frêche a avancé qu’il ne fallait pas confondre « la politique et la morale » (sic).
Pour ce qui est du camarade Staline, le président de la région Languedoc-Roussillon a précisé qu’il sait gré à ce monstre d’avoir fait mordre la poussière à l’Allemagne hitlérienne. On admirera la profondeur du raisonnement qui permettrait demain à n’importe quel halluciné de réclamer une statue du Führer dans sa ville au motif, pourquoi pas, qu’il a résorbé le chômage. On nage en plein délire et cette nouvelle lubie frêchiste s’apparente à un crachat lancé au visage des dizaines de millions de suppliciés du totalitarisme communiste.
Il est cependant possible que M. Strauss-Kahn accueille avec une certaine satisfaction ce soutien affiché par le « populiste » Georges Frêche, comme le qualifie aimablement les medias, ladite dimension « populiste » étant pour le moins le point faible d’un DSK qui pâtit à gauche même de son image de libéral-mondialiste.
Mais ce soutien est aussi handicapant pour le directeur du FMI auquel de nombreux électeurs socialistes d’origine arabo-musulmane reprochent son penchant pro-israélien. De nombreux sites communautaires font de ce dernier leur bête noire et ont ainsi relayé la déclaration du mari d’Anne Sinclair dans le journal Passage, (février-mars 1991) dans lequel il « (considèrait) que tout Juif dans la diaspora, et donc c’est vrai en France, doit partout où il le peut apporter son aide à Israël. C’est pour ça d’ailleurs qu’il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. (…) Car, on ne peut pas à la fois se plaindre qu’un pays comme la France, par exemple, ait dans le passé et peut-être encore aujourd’hui, une politique par trop pro-arabe et ne pas essayer de l’infléchir par des individus qui pensent différemment en leur permettant de prendre le plus grand nombre de responsabilités. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l’ensemble de mes actions, j’essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d’Israël. »
Or, Georges Frêche est aussi peu aimé dans sa région par l’extrême gauche « antisioniste » et les associations musulmanes qui contestent ses sympathies pro-israéliennes. Pour preuve la levée de bouclier qui a salué l’annonce en mai 2009 que « son » exécutif régional allait investir 200 millions d’euros pour l’installation dans le port de Sète de l’entreprise israélienne d’import-export de fruits et légumes, AGREXCO. Directement rattachée au ministère israélien de l’Agriculture AGREXCO est un des instruments de l’Etat hébreu dans sa politique de colonisation des terres arabes. Pour être juste, cette décision fut aussi fortement contestée par les agriculteurs et primeurs de la région, déjà confrontés à la concurrence des autres pays du sud.
Deux ans auparavant, le discours de M. Frêche prononcé le 24 juin 2007 au Parc Gramont, à Montpellier, à l’occasion de la « Journée de Jérusalem », avait déjà déclenché une belle polémique. « Nicolas Sarkozy déclarait-il, est devenu un ami lors de la guerre des Six jours où nous nous sommes retrouvés ensemble à Tibériade. Pour Israël on est du même bord. La France a élu (en 2007) un juste président de la république. On avait vu Léon Blum et Mendes-France Premiers ministres, mais on avait jamais eu un juif élu au suffrage universel et avec Kouchner comme ministre des Affaires étrangères que voulez vous de plus ? ». Un enthousiasme difficilement audible dans les « banlieues »…
On le voit, l’équation ne sera pas simple à résoudre pour le PS, coincé entre sa volonté de manger à tous les râteliers, de ratisser large, de donner des gages à la France « des quartiers » et à la gauche extrême tout en rassurant le monde de la finance ; une direction socialiste condamnée à accumuler les clins d’œil aux communautés visibles et à leurs représentants, mêmes les plus antagonistes, dans l’espoir de coiffer au poteau une UMP du même tonneau en 2012.
A moins que nos compatriotes qui ne se reconnaissent pas dans cette définition d’une France ghettoïsée et éclatée, ne viennent déjouer leur plan.