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Le cas Molex : les limites du discours UMP

Définitivement votée par le parlement dimanche,   les modalités de  la réforme des retraites  sont  toujours fortement contestées  par les Français si l’on en croit des sondages récurrents, tandis que les syndicats poursuivent aujourd’hui les grèves et  investissent  la rue pour une septième « journée de mobilisation » depuis la rentrée. Le  sentiment d’injustice qui prévaut chez une majorité de nos compatriotes  quand ils jugent de cette réforme n’est bien évidemment pas sans fondements. A juste titre Rivarol relève que dans le même temps, les sacrifices exigés des Français s’inscrivent dans un contexte d’augmentation des impôts, des taxes, de restriction du remboursement des médicaments, alors que nos dirigeants  « (s’octroient) parallèlement les privilèges les plus exorbitants ». « Car c’est quand même bien Sarkozy qui a fait augmenter de 170% son salaire de président de la République à peine avait-il franchi les portes de l’Elysée tandis que les rémunérations mensuelles des membres du gouvernement étaient doublées. Or, ce comportement est un vrai scandale civique ».

 Autre scandale, révélateur d’une économie mondialisée qui impose à notre gouvernement tous les vices et les dérives du capitalisme financier, spéculatif et apatride, le sort réservé aux ouvriers français de l’équipementier automobile américain Molex à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne).

 Ce groupe basé dans l’Illinois refuse en effet  de financer le plan social  des 283 salariés cette usine, fermée en 2009, lequel se retrouve donc à la charge du gouvernement français.  Et ce, de manière d’autant plus scandaleuse que Molex, vient d’engranger de juteux bénéficies, avec  un  chiffre d’affaires en hausse  de 33%,  pour s’établir à 649 millions d’euros (898 millions de dollars), soit un bénéfice net  de 54 millions d’euros sur le troisième trimestre.

 Mais dans la logique du capitalisme dévoyé que nous dénoncions plus haut, ce sont les actionnaires du groupe qui seront privilégiés au détriment des justes droits des travailleurs français, lesdits actionnaires enregistrant une augmentation de leur dividende   de 14,8%.

 Le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, s’est immédiatement livré à son grand numéro de pseudo « patriote économique » en appelant les constructeurs automobiles français Renault et PSA à cesser de travailler avec Molex et a agité  la menace d’une plainte contre Molex «qui méprise les institutions de notre pays».

Ce souci des deniers publics et de justice sociale qui serait celui de M. Estrosi n’était pas apparu aussi clairement lorsqu’il avait  loué le 23 janvier 2008  à la société Dassault un jet privé pour se rendre à Washington (coût de la facture 138 000 euros), plutôt que d’utiliser   un vol régulier  Air France comme cela était prévu, afin de ne pas rater une petite sauterie programmée à l’Elysée

 Quant au « mépris » affiché par Molex pour  nos institutions nationales, justement souligné par le ministre de l’Industrie, il fait écho  à l’inféodation de notre pays à l’Europe de Bruxelles et à son idéologie ultra libre échangiste et antiprotectionniste, très largement responsable de sa  désindustrialisation.  Nous rappelions le 4 mars dernier,  qu’entre 1980 et 2007,  la contribution de l’industrie à la richesse nationale est passée de 24% à 14% et, sur cette période, ses effectifs ont fondu comme peau de chagrin, passant de 5,32 millions à 3,41 millions –soit une baisse de 36% de ses effectifs, selon les estimations de la direction du Trésor.

C’est d’un changement rapide de logiciel social et  économique dont notre pays a besoin, pas de l’agitation démagogique et vaine  des responsables des partis du système,  incapables de protéger notre pays des effets de la mondialisation.

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