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Zone euro : Après la Grèce…

« Les négociations engagées à Bruxelles entre Etats membres et députés européens sur le budget 2011 de l’Union européenne ont échoué hier soir, menaçant de plonger les finances communautaires dans la crise et d’entraver le fonctionnement du nouveau Service d’action extérieure de l’UE » s’alarmait aujourd’hui une dépêche de l’Afp.  La presse y consacre également   nombre d’articles et d’analyses ce mardi :  l’éclatement de la bulle immobilière en Irlande  a engendré une très  grande fragilisation  de son secteur bancaire. Le gouvernement irlandais est donc  sommé de   faire appel à l’aide européenne pour ne pas entraîner dans sa chute les autres pays européens.

Le Figaro rapporte la « substance » du  «  message envoyé à Dublin par le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos » : «  attrapez la bouée, sinon vous allez entraîner vos camarades dans la noyade ».   Il y a encore quelques mois, le dynamisme économique et le  taux de croissance du  « tigre celtique » faisaient rêver. Désormais,  « la situation en Irlande suscite des «tensions» et des inquiétudes pour la stabilité financière dans l’ensemble de la zone euro, a estimé lundi un porte-parole de la Commission européenne ».

«Le gouvernement irlandais relève encore Le Figaro  tenterait de repousser au maximum le recours au Fonds européen de stabilité financière, mécanisme doté de 440 milliards d’euros pour financer d’éventuels États en difficultés. Dublin veut conserver son indépendance budgétaire. Selon des analystes, il ne voudrait pas avoir à augmenter son impôt sur les sociétés très compétitif (12,5% contre 20% à 30% dans le reste de la zone euro), en contrepartie d’une aide ».

Un Fonds européen de stabilité financière, rapportait l’Ambassadeur de France Gabriel Robin le 2 novembre –propos repris sur le site Polemia-dont il  était fortement question lors  du récent  Sommet européen de Bruxelles, lequel a  abordé la question centrale de la révision du traité de Lisbonne exigée par l’Allemagne.

Les juristes allemands en effet, « ont lu dans le traité que les Etats membres s’interdisaient de se porter secours en cas de crise financière ; ils constatent que les Etats membres ont créé un Fonds considérable précisément dans le but de se porter secours ; ils ont la simplicité de signaler la contradiction et le mauvais goût d’insister pour qu’on y mette fin (…).

Comme il se trouve que le Fonds ne peut être pérennisé qu’avec le concours de l’Allemagne, il faut en passer par ses conditions. Voilà pourquoi 26 Etats membres ont brusquement découvert une évidence qui leur avait échappé jusque là : il faut réviser le traité de Lisbonne ».

En effet, ajouterons-nous, si   la politique de « mutualisation des risques » décidées par les dirigeants de l’UE le 8 mai dernier  dans la foulée de la crise grecque, a donné naissance à   la création  de ce   Fonds monétaire européen ,   le traité de Maastricht,  posait comme principe  dans son article 125 le principe du non-sauvetage d’un membre du club par les autres. « Un pays membre de l’euro est seul responsable de ses dettes».

C’est d’ailleurs pourquoi il était indiqué qu’il fallait que les Etats  respectent  des critères de bonne gestion. Mais, comme ces critères n’ont été respectés par personne, l’ensemble de la zone est menacé par le poids de ses dettes .  La « solution » trouvée a donc été  dans la mise en place de ladite « mutualisation des risques »…

« L’Allemagne note M. Robin  à bien compris que la crédibilité du Fonds repose en dernière analyse, sur un unique postulat : l’Allemagne paiera ; le contribuable allemand soldera les dettes des Etats prodigues. Comme on peut l’imaginer, cette vérité, quand il l’a découverte n’a pas plu à l’électeur allemand qui a aussitôt sommé son gouvernement d’y mettre bon ordre. Puisqu’il faut de toute façon, réviser le traité de Lisbonne », Berlin entend  «  durcir la discipline financière de la zone euro à coup de sanctions aussi lourdes et aussi automatiques que possible, et de retraits de leurs droits de vote aux Etats en faute » ; Mais aussi «  faire comprendre aux créanciers que les dettes des pays en déficit ne seront pas nécessairement remboursées à l’échéance dans leur intégralité. Tels sont les deux enjeux réels de la révision du traité et donc les deux problèmes à résoudre dont aucun n’est simple ».

Autre problème, « un créancier trouve naturel de retrouver à l’échéance le montant exact de sa créance. Remettre en cause le montant ou l’échéance ne peut que l’inquiéter et il ne faut pas trop compter endormir sa vigilance en baptisant cette remise en cause au nom rassurant de restructuration. Le réflexe immédiat d’un créancier inquiet est d’augmenter ses taux d’intérêt, si bien que le risque est grand de précipiter la crise sous couleur de l’éviter (…) ».

Au final,  « l’enjeu est politique : il s’agit de savoir si l’Allemagne parviendra à façonner à sa guise la zone euro en n’y gardant que des Etats décidés à se comporter comme elle et en jetant par dessus bord ceux qui sont décidément incapables de se défaire de leurs mauvaises habitudes ». Bref c’est une nouvelle fois la question de  pérennité et de la viabilité  même de la zone euro qui est ici posée.   

Question plus urgente que jamais  puisque comme nous l’avons vu, depuis le 8 mai,  chaque pays de l’UE  devient solidaire de la mauvaise gestion des autres. Cette garantie va coûter à la France – déjà endettée jusqu’au cou – 111 milliards d’euros .

 Cette mutualisation notait alors Alain Dumait  est une véritable «  révolution »  « parfaitement contraire aux traités européens. C’est pourquoi on peut parler de  coup d’État . Il faudra donc  légaliser après coup. Modifier les traités. En particulier celui dit de Lisbonne, qui reprend Maastricht. On ne voit pas qu’un référendum général puisse être évité…

 Gabriel Robin prédit  de son côté que ladite révision se fera « en cachette et sans bruit, sans déballage médiatique, sans procédure référendaire en tous cas, et même s’il se peut sans débat public et par conséquent sans ratification parlementaire. C’est le petit problème auquel M. Van Rompuy (Président du Conseil européen)  est chargé de chercher une solution ».

Un homme affirme  Christian Darlot du  Comité Valmy qui « a été choisi à dessein, non  pas par les citoyens des différents peuples de la très diverse Europe, évidemment, mais par une oligarchie mondiale qui n’est pas le cercle des Présidents et des Premiers ministres des pays de l’Union »…

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