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«Tous derrière l’euro »…monnaie d’occupation allemande ?

La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré hier   que les dirigeants européens sont « tous derrière l’euro » à l’issue d’un accord de principe de l’UE sur la création d’un mécanisme permanent de secours pour les pays en difficulté, comme la Grèce et l’Irlande aujourd’hui, et probablement très vite le Portugal et l’Espagne –voir notre article en date du 2 décembre.  Il a été procédé  lors de ce sommet es 27 dirigeants de l’UE à une révision du  traité européen pour pérenniser le fonds de sauvetage de l’euro – le «Mécanisme européen de stabilité» (MES), déclinaison  européenne du Fonds monétaire international (FMI).

Comme nous l’annoncions, les dirigeants européens ont entériné  un amendement au traité de Lisbonne qui précise que l’aide financière  sera accordée «si cela s’avère indispensable pour assurer la stabilité de la zone euro dans son ensemble».

 «Qui peut croire que la Grèce pourra un jour rembourser ses dettes?», s’interroge en privé un ministre européen » rapporte  Le Figaro aujourd’hui  qui indique encore que « L’augmentation des moyens du fonds de sauvetage paraît moins difficile à court terme, bien qu’elle se heurte toujours aux réserves allemandes. »

« Réserves allemandes » sur lesquelles   Marie-France Garaud, invitée de l’émission Ce soir ou jamais, sur France 3, le 13 décembre dernier –propos repris sur le site mécanopolis- , a donné un éclairage intéressant.

 Elle a de prime abord rappelé, cette vérité, à savoir  que «  c’est l’Allemagne qui a demandé la monnaie unique. On nous serine le contraire, mais c’est faux. C’est le Chancelier Kohl qui, au moment de la réunification, a d’ailleurs écrit une lettre à François Mitterrand, qui était alors président du Conseil européen, pour lui demander de le voir avant le sommet de Dublin parce qu’il avait besoin de l’union politique et monétaire le plus rapidement possible pour des raisons de politique intérieure. On est donc amené à se demander quelles étaient ces raisons. »

Euro dont  la création  fut   jugée nécessaire  en tant qu’ « élément structurant » d’une « Allemagne plurielle »  longtemps privée d’Etat. Aussi les dirigeants allemands  « ont fait tout ça pour une Europe qui comporte les pays qui correspondent, en gros, à l’espace historique de la Germanie (…). Au moment où l’euro a été créé, ils abandonnaient le mark, mais ça valait bien un petit sacrifice, c’est-à-dire de créer une monnaie qui s’appliquait à cette Europe-là. »

« Le ministre des Finances allemand d’alors avait d’ailleurs dit, a rappelé Mme Garaud :  Ah non, pas les pays du club Med !  Signe que l’euro était construit pour une Allemagne comportant la France, les pays du Benelux et les pays d’Europe centrale bien sûr. »

« C’est Monsieur Romano Prodi, qui a été un détestable président de la Commission mais un excellent président du Conseil à l’époque, qui a fait rentrer l’Italie à coups de pieds dans le derrière dans l’euro, car il savait pertinemment que si l’Italie n’entrait pas dans l’euro, elle se couperait en deux, comme elle l’avait fait aux temps très anciens des partages de l’Empire de Charlemagne. Et c’est ainsi que les pays du Club Med sont entrés dans l’euro, mais cette monnaie unique n’était pas conçue pour eux. »

Marie France Garaud estime encore que « l’Allemagne n’a pas l’intention de soutenir les pays avec lesquels elle ne partage aucune solidarité politique, économique ou régionale. D’autant que ceci se passe à un moment où le basculement vers l’Asie est véritablement patent, visible, criant, massif, et où, par conséquent, l’Allemagne retrouve son tropisme historique vers l’Est (…).  Ce n’est là qu’une politique germanique classique. Ça ne veut pas dire qu’elle ne veut pas que la France soit dans cette Europe-là, mais l’Allemagne n’a pas du tout envie des pays du Club Med. »

« Le projet de l’Allemagne pourrait être de garder les pays qui l’intéressent et de trouver les mécanismes, sans être trop sauvage, qui amènent à terme à des limitations de capacité pour les pays du sud, de sanctions, de privation des droits, etc. »

« Nous sommes devant une opération gigantesque, massive (…) Ce qui gêne la France, dans cette situation, c’est un problème juridique. L’Allemagne est restée souveraine. La cour de Karlsruhe est garante de la souveraineté allemande. Elle le dit expressément dans toute une série d’arrêts. »

«  Et pendant ce temps-là, nous, comme des imbéciles, il n’y a pas d’autres mots, nous avons aliéné notre souveraineté dans les traités européens. Mais pourquoi ? C’est véritablement incompréhensible. Comment prétendre être le pays le plus intelligent du monde et se conduire d’une manière aussi stupide ? ».

A moins que cette « stupidité » là ait sa logique dans l’esprit d’une classe politicienne française au fort tropisme mondialiste et  qui a renoncé depuis bien longtemps à défendre les intérêts d’une France réellement souveraine.

Comme le notait Gustave Le Bon,  ce n’est jamais d’un  déficit d’intelligence dont meurent les nations mais toujours  d’un étiolement  de leur  volonté de survivre.

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