Dans un entretien publié mercredi par le journal Corriere della Sera, Franco Frattini (photo), le ministre italien des Affaires étrangères relève qu’il est « impossible d’imaginer ce qui pourrait arriver en Libye après la chute de Kadhafi ». « Le problème de la Libye est qu’à part Kadhafi, nous ne connaissons rien d’autre. Aucun autre homme politique ou parti. Et actuellement, il est impossible d’imaginer un avenir après lui. »
La « nature énigmatique » de la Libye empêche tout le monde, et même les pays frères de la Libye comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal, Malte et Chypre, de faire le même type de raisonnement que pour les autres pays d’Afrique du Nord en proie aux révoltes, estime-t-il.
Si le régime de Mouammar Kadhafi est balayé poursuit M. Frattini, ce sera « un exode biblique, un problème que tout Italien ne peut pas, ne doit pas sous-évaluer ». « Nous savons à quoi nous attendre quand le régime libyen tombera: une vague de 200 000 à 300 000 immigrés. Soit dix fois plus que le phénomène des Albanais dans les années 1990 » estimant que ce sont des estimations basses. Rappelons que l’Italie avait alors envoyé des navires de guerre au large de l’Albanie pour stopper l’afflux de clandestins, avec succès…
Le ministre italien, précise encore que les migrants susceptibles de débarquer en Europe ne sont pas des Libyens mais plutôt des personnes originaires d’Afrique subsaharienne, qui constituent un tiers de la population de la Libye.
Le gouvernement Kadhafi avait accepté de signer avec l’Italie un accord de coopération, qui s’est révélé plutôt efficace, dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine. Sera-t-il renouvelé ?