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Marine Le Pen : une « seconde équipe » et un (futur) programme qui font (déjà) parler d’eux !

Sous le titre énorme en  Une « La double tragédie », en l’occurrence    une double bonne nouvelle annoncée,  « le séisme Marine Le Pen (qui) menace d’écroulement la droite et la gauche »,  l’hebdomadaire Marianne (numéro du 12 au 18 mars)  a consacré 26 ( !) pages, deux de ses éditoriaux, ceux de MM. Julliard et Szafran, et rameuté Jean-François Kahn, pour évoquer la montée en puissance de la présidente du FN.  On retrouve dans ce dossier aux côtés  de papiers  classiques  sur le parcours de Marine, une gauche et une droite larguée face au « phénomène »,  un article « exclusif » sur « les réunions du cabinet secret de Marine Le Pen ». Soit et c’est  relativement nouveau, la mise en lumière par un « grand média » que la présidente du FN dispose dans son entourage d’une « seconde équipe » solide. En l’occurrence  des  « hauts fonctionnaires, des énarques, des polytechniciens et des économistes  dont certains viennent de la gauche et du gaullisme social» pour élaborer une alternative crédible aux politiques sociales et économiques de l’UMPS.

 Un projet  que Marianne, sous la plume de Philippe Cohen et de Laureline Dupont,  analyse comme en  rupture avec le programme « traditionnel » du FN, rupture  annoncée par le discours d’investiture de la nouvelle présidente du FN lors du congrès de Tours -voir notre article en date du 21 janvier, « l’Etat, la France, le peuple, la justice sociale :Jean-Marie et Bruno dans le texte… ».

Cet article affirme que cette équipe forme autour de Marine un « cabinet secret » de « personnalités de toutes obédiences(…) sauf celle du Front National ». « Ces nouvelles recrues sont à l’origine du ravalement accéléré  de façade médiatique de Marine ». Notamment de sa proclamation  dans les colonnes du Point, « de son rejet absolu de la barbarie nazie ; comme pour  mieux exorciser le fantôme de son père (…). Une déclaration immédiatement relayée par Alain Minc qui a précisé sur France Inter : Peut-on traiter de la même façon quelqu’un qui considère les camps de concentration comme un détail de l’histoire et quelqu’un pour lequel c’est le summum de la barbarie ? C’était l’effet recherché relève Marianne, Opération réussie. »

D’autant  que « les nouveaux habits de Marine Le Pen  imposent plus d’efforts qu’hier pour la combattre. A sa manière, Bernard-Henry Lévy, partisan de toujours du fameux cordon sanitaire entre le FN et les autres partis, l’a dit lui-même : il convient désormais de changer de stratégie : On ne va pas lui interdire (à Marine , NDLR), de se réclamer de la République, avait annoncé prémonitoire (sic) le philosophe ».

Au nombre de cette «  nouvelle génération, de nouveaux experts, de nouveau chercheurs », « une trentaine d’experts et  d’intellectuels gérés » par « l’avocat Louis Aliot »,   Marianne cite le sociologue  Laurent Ozon, nouveau membre du Bureau politique du FN,  ancien des Verts ayant fait un bout de chemin avec le  Bloc Identitaire ;  David Mascré, lui aussi entré au BP du FN, brillant intellectuel, professeur de géopolitique à HEC, « ultra diplômé » qui travaille au ministère des affaires étrangères ;  les  économiste Jean Roux (ancien du PS, ex du RIF de Paul-Marie Coûteaux, « énarque souverainiste, ex séguiniste, ex-chevénementiste » de la Caisse des dépôts et consignations, et  Nicolas Pavillon qui officie à l’université Paris-Dauphine.

Plus mystérieux, Marianne évoque aussi « LP » et « ML », deux hauts fonctionnaires travaillant dans des ministères régaliens « qui préfèrent agir masqués », ou encore « Bernard » qui lui aussi « travaille dans un ministère régalien ».  Séduit par Jean-Pierre Chevènement, « Bernard » a aujourd’hui rallié Marine Le Pen et  l’a « convaincu d’inscrire la révolution fiscale inventée par l’économiste de gauche Thomas Piketty dans son futur programme et de sortir de l’incantation anti-immigration »

Un professeur Piketty,  proche du Parti socialiste, certainement embarrassé  par  cet hommage lepéniste  à sa pensée, ce qui l’a sans doute conduit, dans les colonnes du Monde en date du 14 mars,  à  dénoncer violemment   les idées « folles et destructrices » d’un   FN qui voudrait  sortir de l’euro.

Autre preuve de l’attraction provoquée par la candidate du FN, l’avocat « médiatique » Gilbert Collard « devrait dit-on, dans l’entourage de Marine Le Pen, rallier le FN avec une dizaine  d’autres notables du Parti radical de Jean-Louis Borloo, dont il vient de prendre congé » -c’est Rama Yade qui va être contente ! « En revanche un ancien conseiller de Philippe Séguin attend depuis des mois qu’elle (la présidente du FN, NDLR), exécute sa promesse de changer le nom du Front National. Il souhaite  en effet que la rupture avec son père soit plus nette. Mais ce dernier a refusé, prétextant notamment le manque de moyens. »

Enfin Marianne croit savoir que la présidente du FN doit arbitrer entre « deux tendances » : celle qui s’incarne chez les nouvelles recrues, les  « républicains » d’un côté  (les hauts fonctionnaires cités plus haut, les centraliens, énarques, polytechniciens  déçus par les partis traditionnels),  et les « hénoisiens » de l’autre (ceux d’Hénin-Beaumont, « souvent d’anciens mégrétistes », comme  Steeve Briois, Philippe Ollivier, Nicolas Bay, Bruno Bilde…

Les « républicains » estiment en effet  que « Marine Le Pen doit achever sa mue », « oublier la peine de mort », « finaliser ses propositions très a gauche en matière d’économie », « faire évoluer le discours sur l’immigration (…). Sur cette question éminemment symbolique , ils proposent à Marine Le Pen de rompre avec l’idée frontiste de l’immigration zéro. »

Il faudra attendre la publication  du programme présidentiel, très attendu,  de la présidente et  candidate du FN pour avoir une idée de la synthèse réalisée par celle-ci. Nous ne nous avançons pas  beaucoup en prédisant que ce projet présidentiel  fera couler beaucoup d’encre !

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